Une campagne présidentielle qui prend des allures de querelles de cour d’école entre bambins. Les candidats démocrates sans substances et plus vides les uns que les autres, jouent à présent la carte de la diabolisation de l’adversaire, question de gagner quelques points dans les sondages.

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Maintenant, au tour de Bob Kerrey, partisan du clan Hillary Clinton, d’y aller de propos mal intentionnés sur le patrimoine musulman du sénateur Barack Hussein Obama. A peine voilé, dans un compliment qui n’en était pas un, Kerrey laissa entendre à un journaliste du Washington Post, que des membres de la famille du candidat Obama sont musulmans. L’art d’exploiter les préjugés qui caractérisent trop bien la paranoïa américaine de tout ce qui vient du Moyen-Orient, depuis le 11 septembre 2001. Kerrey a présenté ses excuses ce jeudi pour son incartade, mais à quoi bon ? Le mal était déjà fait ; à présent que le ver est dans la pomme, l’esprit des américains est obnubilé à l’idée d’élire un président qui aurait, qui sait, un lien de parenté avec Saddam…

 

Une campagne présidentielle sans saveur où les débats de société sont oblitérés pour ne faire place qu’à l’image, seulement l’image ; les apparitions répétées de Obama au Oprah Show, ou encore Barbara Streisand annonçant publiquement son appui à Hillary. «L’entertainment» d’un public de plus en plus déconnecté de la réalité de la guerre en Irak, de la crise du subprime ou de l’assurance-santé pour les enfants prend toute la place. Après tout, n’est-ce pas ce que les américains recherchent : des détails croustillants sur des vies privées, des déclarations vitrioliques entre les candidats et puis quoi encore ? Un affrontement à la Jerry Springer sur un plateau de débat entre Obama et Clinton… Ce serait bien l’apothéose de la félicité. Après tout «The show must go on, we’re in the States Baby !!!»

 

hilary2.jpgMais la hantise de l’image peut aider un candidat sans arguments, comme elle peut lui nuire. Madame Clinton l’a appris à ses dépens, pas plus tard qu’en début de semaine, lorsque son visage de sexagénaire d'une exquise beauté retouché au photoshop, sur toutes ses affiches, fut dévoilé sous son vrai jour; provoquant une commotion dans les médias américains. L’animateur de radio Rush Limbaugh s’interrogeait à la vue de cette image peu flatteuse : «Notre société axée sur la culture de l’image veut-elle voir une femme vieillir sous ses yeux jour après jour ? » Certains peuvent voir dans ces déclarations une attaque gratuite contre une femme dont le maquillage ne fait plus effet, mais cela a plutôt l’air d’un reproche de l’animateur à des millions de gens qui ne sont vraisemblablement pas prêts à élire quelqu’un pour ses idées, mais plutôt pour son look.

 

Sommes toutes, à quand une vraie prise de conscience, de la part des Américains, des enjeux que représenteront les prochaines élections de 2008? Ce n’est pas tant leur avenir qui se joue que celui de la planète entière, à la remorque de celui qui siégera à Washington. Mais hélas, la bêtise de ceux qui s’adonnent à de la basse politique nuit aux vraies questions, aux vrais débats et au choix que sera appelé à faire le peuple américain. Un choix rigoureux, plusieurs autres pays l’espèrent. Mais peut-être est-ce là trop demander à un peuple qui se croit toujours le centre du monde ?