Il y a quelques jours, je m’interrogeais sur le rôle du débat de mercredi dernier entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Ce débat pouvait-il faire basculer les indécis d’un côté ou de l’autre, voire faire changer d’avis certains électeurs plus ou moins convaincus? Alors ce débat, bien évidemment, je l’ai regardé… 

Très vite, j’ai été assommé. Par les chiffres énoncés et avancés par les deux candidats. Pour le commun des mortels dont je fais partie, cette énumération de millions d’euros et de pourcentages en tous genres s’est bien vite révélée imbuvable. Messieurs Hollande et Sarkozy pensent-ils sérieusement que c’est en nous abreuvant de chiffres qu’ils vont nous convaincre de voter pour eux? La guerre des chiffres aura été un vrai enjeu pour les deux hommes, mais pas pour nous. Tout d’abord comme je viens de le dire car ces chiffres sont vite devenus inaudibles mais aussi car ceux de l’un était systématiquement contestés par l’autre. De quoi nous perdre encore davantage s’il en était besoin. Alors j’ai écouté quelques débriefings du débat en question. Tous m’ont juste appris que les chiffres avancés par les deux candidats étaient faux. Tout juste étais-je rassuré lorsque j’ai appris que ceux de François Hollande étaient moins faux que ceux de Nicolas Sarkozy et que le premier avait avancé des chiffres ayant tendance à favoriser le second. Incompréhensible. Comment peut-on en arriver à un tel niveau de médiocrité lors d’un débat aussi sérieux, capital et décisif? Se moque-t-on de nous?

Je me demande en conséquence s’il est utile de passer en revue les propositions (chiffrées, mais comment croire à ces chiffres???) des deux candidats.

Certains thème méritent cependant qu’on s’y attarde. Celui du mensonge par exemple. Ce mot, prononcé à plusieurs reprises par Nicolas Sarkozy, a-t-il été pour lui une sorte de protection, une défense avant attaque contre un thème sur lequel il ne souhaitait pas être attaqué et sur lequel il se savait vulnérable? On peut penser que oui. Je pense que oui.

Le rassemblement ensuite. Comment Nicolas Sarkozy ose-t-il se faire l’apôtre du rassemblement des Français, lui qui a mené sa campagne en 2007 et l’ensemble de son quinquenat en dressant les citoyens du pays les uns contre les autres, en dressant les classes les unes contre les autres, en créant chaque jour un peu plus une société basée sur l’individualisme? Il s’est moqué de nous.

Le véritable enjeu de ce débat s’est en fait révélé être l’affrontement des deux personnalités. On craignait que François Hollande ne résiste pas aux attaques de Nicolas Sarkozy, bien connu pour son arrogance et se petites phrases assassines bien senties. De ce point de vue aussi, je trouve que le candidat socialiste s’en est bien tiré. Qu’il a su répondre aux attaques. Certains lui reprocheront son "impolitesse" lorsqu’à plusieurs reprises, il a coupé la parole au candidat de l’UMP. Mais il se devait d’exister, de se montrer. Certains lui reprocheront aussi le côté théatral de son "Moi, Président…". Certes. Mais même à ce moment du débat, nous n’avons jamais atteint les niveaux de suffisance et d’arrogance auquel nous avons été confrontés pendant cinq ans.

Y a-t-il eu un vainqueur à ce débat? Difficile à dire. Les "spécialistes" accordent un léger avantage à Hollande. Même s’ils se trompent et qu’aucun des deux hommes n’en est sorti vainqueur, aucun des deux n’en est sorti perdant. Et surtout pas François Hollande.