Depuis la signature de l’accord russo-américain sur les armes chimiques syriennes, Bachar el Assad a comme repris du poil de la bête. De sa posture « de paria à celle de partenaire » (Lakhdar Brahimi) le président Assad a pu rebondir, ce qui s‘est traduit sur le terrain par un regain de tensions entre les belligérants. 

Se réapproprier les régions situées à la frontière avec le Liban semble être devenu la priorité  et de ce fait se profile à l‘horizon la bataille de Qalamoun, censée déloger les ultimes poches de résistance. Une stratégie destinée à couper l’herbe sous les pieds de la Coalition de l’opposition et de ses arrières libanais et du coup Tripoli s’est embrasé. 

Entre les sunnites de Bab el Tebbaneh et les alaouites de Jabal Mohsen, s’est réenclenché pour la énième fois le combat de la dernière chance. Il faut dire que si l’un des deux protagonistes venait à perdre la région d’Ersal, le Nord du Liban, il serait totalement asphyxié d‘où le durcissement infernal des positions. Après des atermoiements au cours desquels le nombre des victimes au nord Liban n’a fait que grossir, les autorités ont décidé encore une fois de déployer des unités de l’armée entre les deux quartiers rivaux. 

La conférence de Genève 2 prévue pour les 23 et 24 novembre aura du mal à faire des miracles dans un tel contexte où président reboosté et opposition affaiblie, tous deux dans le déni, s’emploient à fanfaronner à qui mieux mieux. 

En effet malgré le fiasco qui règne au sein de la Coalition du fait des divergences internes, l’opposition continue de poser des conditions à son éventuelle participation à Genève 2. Déficitaires en terme de crédibilité, le CNS, conseil national syrien et ses partenaires rechignent aussi à réajuster leur position par rapport aux nouvelles données sur le terrain ; ils vont jusqu‘à réclamer le départ du président et cette exigence stérile sera prochainement soumise aux chefs de la diplomatie de la Ligue arabe. 

En plus de son affligeant morcellement, l’opposition est affublée d’un soutien qui semble prendre de plus en plus du plomb dans l’aile : le temps où Ryad croyait pouvoir imposer ses quatre volontés à son allié de prédilection semble révolu et en témoigne son caprice de snober le siège au Conseil de sécurité, en réaction à l‘échec cuisant de son projet régional. Tergiverser encore sur le droit de conduire des femmes et se vouloir dépositaire d’une pensée constructive extra-muros ! 

L’émissaire de l’ONU présent aujourd’hui à Damas se démène pour  tenter de dégager de l’opposition récalcitrante une délégation représentative afin de mettre sur pied cette réunion. Aussi pour assouplir la position du chef de l’Etat qui à cor et à cri répète ne pas vouloir parler de certaines ingérences pour redonner à la Syrie ses lettres de noblesse, sa souveraineté…

 Il est fort probable qu’à terme l’agitation pour Genève 2 nous laisse sur notre faim, comme d’habitude. D’ailleurs il ressort de l’interview accordée à « Jeune Afrique » par Lakhdar Brahimi, émissaire de l’Onu, un grand scepticisme  quant à sa mission : risque grandissant de somalisation de la Syrie. Selon lui, aucune victoire de l’un sur l’autre des protagonistes n’est possible et seul Israël engrangera les bénéfices de cette tragédie : si Bachar el Assad reste au pouvoir, il sera forcément  affaibli ; s’il s’en va la Syrie mettra beaucoup de temps à se stabiliser ; si la guerre continue, Israël s’en réjouira aussi comme dans les autres options. D’autant que les armes chimiques que redoutait ce dernier ne sont plus de la partie. 

 

http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2754p026.xml0/

http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/280827-la-strat%C3%A9gie-de-guerre-d-assad-%C3%A0-al-qalamoun