Réalisateur : Jamel Debouzze

Date de sortie : 8 avril 2015

Pays: France

Genre : Comédie, Drame, Animation

Durée : 1h35

Budget : 23 millions d’euros

Récompense : aucune

 

Casting : Jamel Debouzze (Edouard), Mélissa Theuriau (Lucy), Arié Elmaleh (Ian)

 

Un acteur passant derrière la caméra et revêtant la casquette de réalisateur cela fait toujours jaser. Double défi pour Jamel Debouzze car en plus de mettre en scène son premier film, il s’attaque à l’animation en images de synthèse. Ceci n’est pas une mince affaire ! 


Tout commence dans une contrée lointaine, il y a fort fort longtemps, une tribu de singes était gouvernée par un roi aussi viril que bête. Un jour la reine accoucha de deux enfants, deux jumeaux complètement différents. Le premier était fébrile et de petite taille tandis que le second était robuste et d’un fort gabarit. Selon le protocole, l’avorton devait succéder à son père. Refusant cette réalité, le roi jeta son aîné dans une fosse hors du royaume tout en proclamant le cadet en tant que prince. Le fils rejeté survit miraculeusement à sa chute et fut élevé par une être simplet et exclu lui aussi, Yann. Les années passèrent et les deux compères passaient leur temps à épier la vie de la cour royale à travers les branches et les feuillages. Une chute malencontreuse bouscula cet équilibre. 

 

Voilà pour le scénario. Toutes références avec d’autres histoires bien connues du cinéma et de la culture populaire serait fortuite. Ce film est une création originale comme le confirme le réalisateur, admettons. Malgré certains aspects de déjà vu, ce premier essai est une réussite. D’un point technique, ce "petit film" français n’a rien à envier aux grosses productions américaines. C’est beau, c’est fluide, la motion capture est bien rendue et la 3D donne une profondeur aux décors qui parfois frôlent le sublime. On notera le travail remarquable effectué sur les paysages de plaines ou célestes. Sur le fond, le film fait sourire à de nombreuses reprises, pas d’esclaffe à gogo. Encore faut-il être en phase avec l’humour de Jamel car nous sommes en présence de son film et cela s’en ressent. Il ne perd pas une occasion de se mettre en avant. Cet aspect mégalo a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre assassine. Donc, si vous n’aimez pas son humour, vous ne serez pas réceptif.

 

Derrière le vernis se cache un film abordant des thèmes graves. L’exclusion et le rejet sont traités avec humour mais leur présence est manifeste. Elles donnent un point de  départ au film avec Edouard, manchot et chétif, et Yann, arriéré mais allégorie de la candeur et de la gentillesse par son pelage blanc. La solitude qui touche le roi, lors d’une très belle scène où la caméra tournoie autour de la figure royale voyant ses sujets l’abandonner chargés de désillusions. Le fanatisme et la crédulité, la société simiesque est figée par des superstitions, fruits d’une sorcière effrayante manipulant dans l’ombre le gouvernement. Pourquoi je n’ai pas mangé mon père est également un hommage à Louis de Funès, Jamel le fait revivre sous les traits du grand chambellan grâce à la technologie.