Pourquoi a-t-on saisi tout le matériel du journal « Il Est Midi » ?

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Le journal sénégalais "Il Est Midi" a été vraisemblablement provisoirement fermé à cause d'une saisie quasi-inopinée de "tout son matériel", vendredi. Si l'on connaît, les journaux du pays de la "Téranga" aidant, que c'est la dureté de la ligne rédactionnelle de ce quotidien qui lui a valu une telle difficulté, on doute fort, en revanche, de la pertinence d'un tel acte dans un Etat à la liberté de presse galopante.

Par les temps qui courent, beaucoup de journalistes sont en prison, d’autres sous le poids d’une condamnation assortie d’un sursis, d’autres encore ont été contraints de s’expatrier pour échapper à la séquestration, et d’autres enfin, ont tout simplement été envoyés au chômage par ce biais-ci ou celui-là. A cause de quoi ? Généralement, du fait de la rectitude de leurs écrits par rapport aux forfaits des uns et des autres.

Ou, plutôt, à cause de la dureté de leur ligne rédactionnelle, qui les incline à dénoncer promptement certains travers des autorités avec lesquelles ils partagent la même aire géographique. Si bien que ces journalistes et leurs différentes parutions dérangent sans le vouloir vraiment. A qui la faute alors ? En tout cas, ce ne sont pas eux les inventeurs du travail qu’ils exercent, des genres journalistiques dont ils se servent pour véhiculer leurs idées, encore moins des supports utilisés à cet effet.

En dépit de ces considérations, le quotidien sénégalais « Il Est Midi », qui y ajoute l’originalité de son intitulé, a été carrément dépouillé de son matériel de travail, le 24 Août dernier, rapporte le journal du même pays, « l’Office », dans sa livraison du lendemain. Cette parution reprise par au moins trois autres éditions en ligne, dont « Nettali », ajoute : « c’est entre 10h et 11h qu’un huissier de justice…s’est présenté en compagnie de forces de l’ordre dans les locaux du journal pour saisir tout le matériel ».

Et de poursuivre :  « des ordinateurs (une vingtaine) aux chaises, en passant par les tables, le frigo, le poste téléviseur, tout a été emporté par l’huissier de justice qui s’est présenté au siège du journal ‘’Il est midi’’ sis aux Hlm Nimzatt. Quant au groupe électrogène qui n’a pu être emporté du fait de sa lourdeur, il a été consigné ». No comment !

 

La question qui s’impose, après coup, est de savoir si, quelle que soit la dureté, toutefois non évidente, de la ligne de ce journal, il fallait en arriver à la saisie de « tout le matériel » de travail dont il dispose ? Et puis, quel que puisse être le contentieux l’ayant opposé à celui ou ceux qui ont ordonné une telle saisie dans un pays démocratique comme le Sénégal, n’y avait-il pas d’autres moyens davantage appropriés que de renvoyer une horde de journalistes au chômage ? En attendant de connaître la suite réservée à une telle confiscation, la rédaction de « Il Est Midi » végète.

6 réflexions sur « Pourquoi a-t-on saisi tout le matériel du journal « Il Est Midi » ? »

  1. Na ka nga dëf, Boubacar ?
    Il faudrait que les gouvernants (au SENEGAL, comme dans d’autres pays) comprennent une bonne fois pour toute que la censure est une forme de lâcheté !

    Le cas de ce journal « Il Est Midi » n’est pas particulier au SENEGAL… Il existe partout où règne une « certaine » peur face à des journalistes qui font preuve d’honnêteté, de rectitude…

    Il faudrait que tu envoies cette information à Reporters sans Frontières…

  2. Il Est Midi
    Salut. Suis algérien. Je voudrais témoigner ma profonde indignation contre cet acte qui n’honore pas notre continent l’Afrique. C’est vraiment triste. Merci.

  3. @ Hamid
    Si cela peut vous rassurer, Hamid, l’Afrique n’est pas la seule concernée par cet acte lâche qu’est la censure…

    La censure est pratiquée dans le Monde entier, y compris en Europe !

    Il n’y a vraiment qu’en Scandinavie qu’assiste à une véritable liberté de la Presse…

  4. à Dominique
    Merci de la précision, mais cette fois-ci, je pense que c’est trop. Je ne connais pas le nombre de journalistes de ce journal. Avec la famille élastique qui caractérise l’Afrique subsaharienne,j’imagine dans quel état d’esprit se trouvent les familles des employés de ce journal, aujourd’hui.

  5. @ hamid
    Oui, mais au Sénégal, il y a la solidarité qui joue… Les familles s’entraident… Puis, très certainement, il y aura des organismes de défense des journalistes qui s’agiteront pour faire pression sur le pouvoir en place…

    De plus, beaucoup de journalistes se retrouveront dans d’autres médias…

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