François Fillon vient  de trancher de façon définitive : il n’y aura pas de « salles de shoot », mot délicieux pour désigner les centres d’injection de drogue supervisés. Roselyne Bachelot et Nadine Morano y étaient favorables. La ministre de la santé voulait lancer l’expérimentation en déclarant que c’est un « enjeu sanitaire crucial » car elle y voit un moyen de lutter contre la propagation du VIH et de l’hépatite C. Cela permettrait aussi de limiter les risques d’overdoses.

Le maire de Marseille se disait prêt à une expérimentation dans sa ville.

Quels sont les arguments contre l’ouverture de ces centres ? Pour les opposants, cela ne ferait qu’encourager les drogués dans leur « vice ».

François Fillon a déclaré : « Les salles de consommations de drogues ne sont ni utiles, ni souhaitables. La priorité de Matignon est de réduire la consommation de drogue, pas de l’accompagner, voire de l’organiser ».

Xavier Bertrand est sans doute l’un des plus farouches opposants à cette expérimentation.

Pourtant les Suisses ont ouvert leur premier centre en 1986. L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, la Norvège et depuis peu le Luxembourg ont suivi.

Pour l’instant, il ne semble pas que ça ait encouragé la toxicomanie dans ces pays : l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies trouve l’expérience positive et ajoute que l’usage de drogue dans les lieux publics est en net recul dans les quartiers disposant de ces salles.

Par contre, il semble que les drogués qui fréquentent ce genre de centre sont moins tentés par la désintoxication, à cause du confort qu’ils y trouvent.

Une fois de plus, c’est l’aile la plus réactionnaire de notre échiquier politique qui va l’emporter. Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la santé publique : en plein débat sur l’insécurité, on ne va pas faciliter la vie des drogués !

Le Président du Sénat propose l’ouverture d’une mission parlementaire. Il est effectivement important d’en discuter, de peser le pour ou le contre plutôt que de rayer cette initiative d’un trait de plume.