Dans l’affaire Nafissatou Diallo contre Dominique Strauss-Khan, aux 7 chefs d’accusation(1), les propos tenus, « avoir dissuadé plusieurs femmes voulant porter plainte contre Dominique Strauss-Khan suite à une drague lourde », et développés, « parce qu’il est trop bien protégé…et que l’opprobre aurait été jeté sur elles par une presse bobo parisienne de gauche aux ordres… », par l’avocat parisien, Emmanuel Pierrat(2) donnent froid dans le dos.

En effet, les propos tenus, en 2008, par l’avocat français et parus sur le « Courrier International », démontrent, sans fard, le torrent d’escobarderies sycophantes, insidieuses, sournoises et pernicieuses qui déferle sur la personne de Nafissatou Diallo et qui la couvre, – elle une insignifiante Négresse, simple femme de chambre guinéenne ayant demandé l’asile politique osant s’attaquer à un Homme Blanc riche, puissant et mondialement connu et reconnu par ses pairs -, d’une chape d’abjections, d’affronts, d’anathèmes, d’avanies, d’avilissements, de flétrissures, d’humiliations… et de turpitudes l’offrant aux enfers d’un jury populaire, pièce centrale du procès pénal aux États-Unis, si Dominique Strauss-khan, – si les charges pesant contre lui n’étaient pas abandonnées et s’il n’était pas « lavé de tout soupçon », et innocenté de tout délit, comme le réclament ses défenseurs -, est finalement trainé devant cette juridiction…

En outre, qui mieux placé qu’Emmanuel Pierrat aurait pu ainsi expliquer « …avoir été approché par une femme gravitant dans le milieu politique, qui avait répondu à une annonce censée améliorer sa situation professionnelle. Confrontée à des avances pressantes du politicien, elle a pris la poudre d’escampette avant que les choses ne dégénèrent. » ou divulguer que « plusieurs femmes ont été dissuadées de porter plainte » contre Dominique Strauss-Khan aux motifs « harcèlement sexuel et tentatives de viol » ? Emmanuel Pierrat, éditeur, romancier, traducteur, essayiste, juriste-enseignant, chroniqueur et homme politique, est un avocat français spécialisé dans le droit de l’édition. En politique(3), « il a été candidat, lors de plusieurs élections, sous les couleurs du Mouvement des citoyens… » fondé, en 1993, par Jean-Pierre Chevènement. « Dans le cadre des municipales de Mars 2006, il a été présenté en troisième position sur la liste Paris, un temps d’avance menée par Romain Lévy, pour la majorité socialiste de Bertrand Delanoë, dans le 6° arrondissement où il a été élu conseiller d’arrondissement… En tant que juriste, Emmanuel Pierrat enseigne le droit à l’université Paris-Nord, – université Paris 13 –. Comme avocat, il a notamment défendu Michel Houellebecq, en 2002, pour ses propos sur l’Islam parus dans Lire en 2001, ou encore le propriétaire du nom de domaine jeboycottedanone.com dans la procédure lancée par Danone. Il a organisé les relations publiques et médiatiques autour du mariage homosexuel célébré à Bègles en 2004 par Noël Mamère. »

De plus, en 2003, Tristane Banon qui avait envisagé de déposer plainte, avait rencontré, en ce sens, l’avocat Emmanuel Pierrat. D’après Patricia Tourancheau, journaliste à Libération.fr « Maître Pierrat confirme ce rendez-vous, mais ne peut trahir la confidentialité de cet entretien. Il dit juste qu’il l’a affranchie sur les aléas procéduraux, sur le poids de la parole de l’un contre celle de l’autre, dans ces dossiers de mœurs où les preuves ne sont pas irréfragables, mais aussi sur les risques de fuites sur son identité. » Suite aux conseils qu’il aurait donné à sa cliente, – n’a-t-il pas avoué avoir « dissuadé plusieurs femmes de porter plainte » contre Dominique Strauss-Khan aux motifs « harcèlement sexuel et tentatives de viol » -, Tristane Banon n’avait pas donné suite. Et si fuites se sont produites, il ne peut faire aucun doute que l’avocat lui-même en soit l’un des initiateurs par le fait qu’Aurélie Filippetti(4), alors chez les Verts et actuellement député de la 8° circonscription de Moselle depuis juin 2007 et porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a déclaré, le 19 juillet 2011, au journal Le Monde.fr : « J’ai effectivement entendu parler de cette affaire à l’époque par l’intermédiaire de l’avocat Emmanuel Pierrat, mais je n’ai jamais eu de contact direct avec Tristane Banon. » Et si elle en a été avisée, combien d’autres membres du Parti Socialiste l’ont été de-même ? De fait, « l’Affaire Tristane Banon » n’a jamais été et n’est toujours pas, pour les instances socialistes et, au moins pour les éléphants de ce parti politique, une « tentative de viol » totalement ignorée.

Trois questions en résultent : Comment un avocat peut-il faire état de « la confidentialité » pour ne pas répondre à certaines questions embarrassantes, d’une part, et, d’autre part, peut-il en aviser ses pairs politiciens ? Et cet avocat peu scrupuleux serait-il un rouage, – n’a-t-il point déclaré que Dominique Strauss-Khan « est trop bien protégé… » ? -, dans cette protection rapprochée de l’ex président du Front Monétaire International ? Et, de plus, ayant avoué avoir « dissuadé plusieurs femmes de porter plainte » contre le dit Dominique Strauss-Khan aux motifs « harcèlement sexuel et tentatives de viol », s’étant fourvoyé, – « J’ai effectivement entendu parler de cette affaire à l’époque par l’intermédiaire de l’avocat Emmanuel Pierrat » aux dires d’Aurélie Filippetti -, à l’encontre de Tristane Banon, combien de communications de même acabit a-t-il pu relayer près les élus et les membres du Parti Socialiste dont tous affectent d’ignorer ? Et tous, sans exception, suivant « l’annuaire des think thank et des lobbies » publié en 2009, étant membres de think thanks, – parmi ceux-ci, le Club DSK -, et de sociétés secrètes, combien de leurs membres ont-ils pu, aussi, être avisés par les indiscrétions, – révélées par Aurélie Filippetti -, de l’avocat Emmanuel Pierrat ?

Le 29 octobre 2008, sous la signature de Sylvain Besson, le quotidien suisse « Le Temps » a publié un portrait de Dominique Strauss-Kahn ressemblant fâcheusement au Dominique Strauss-Khan de la suite 2806 de l’hôtel Sofitel de Times Square, à New York : « Le tout-Paris médiatique connaissait l’insatiable appétit sexuel de l’ancien ministre socialiste… » ; « …l’affaire, – Piroska Nagy –, a aussi délié les langues, à la fois sur le rapport aux femmes des politiciens français et sur le tempérament singulier de Dominique Strauss-Kahn… » ; « …un comportement pesant, presque obsessionnel envers les femmes, que le contexte permissif du milieu politique français a sans doute encouragé… » ; « J’ai déjà croisé des dragueurs un peu lourds. Mais là, c’était effrayant. Il n’était plus lui-même. » ; « …l’avocat parisien Emmanuel Pierrat explique avoir été approché par une femme gravitant dans le milieu politique, qui avait répondu à une annonce censée améliorer sa situation professionnelle. Confrontée à des avances pressantes du politicien, elle a pris la poudre d’escampette avant que les choses ne dégénèrent.. » ; « Aurélie Filippetti, aujourd’hui porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a gardé un mauvais souvenir d’une tentative de drague très lourde, très appuyée de son camarade de parti… » ; « D’autres témoignages décrivent toujours le même comportement : une sollicitation immédiate, insistante et directe, suivie de coups de téléphone et d’envois de SMS qui peuvent durer des jours… » ; et encore : « Dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, le problème semble aller au-delà d’un manque de maîtrise vis-à-vis des femmes Il a un comportement transgressif, il considère que les règles ne s’appliquent pas à lui, confie une personne qui a travaillé à ses côtés… » Ainsi tous les microcosmes de la politique, du journalisme, de la justice, de la finance… savaient, ne pouvaient que savoir et ne peuvent que savoir… et tout ce petit monde se complaît dans le mensonge, l’hypocrisie ou le déni de réalité.

Mais en France, l’omerta règne et la loi obligeant, « les journalistes se doivent de respecter la vie privée des hommes et des femmes politiques. » Alors laissons s’interroger Alain Duhamel : « Est-il souhaitable, est-il légitime de se transformer en colporteur de ragots ou en voyeur d’alcôves ? Est-ce la vocation du commentaire politique ? » Et laissons Nicolas Demorand, en faire de même : « À quel moment la sexualité devient un sujet politique ? » Pourtant Jean Quatremer a dit et écrit « trop pressant… il frôle souvent le harcèlement » ce que « tout le monde savait de Dominique Strauss-Khan qui risquait de déraper aux États-Unis mais personne n’a enquêté… Les journalistes américains étaient sidérés en dénonçant les tabous et la frilosité des journalistes français qui n’ont pas osé en parler de peur de déplaire et qui ont utilisé la vie privée comme cache-sexe de leur lâcheté. » Et ne serait-il pas urgent d’appliquer les principes énoncés par Pierre Haski, co-fondateur du site Rue 89, d’une part, « La protection de la vie privée ne doit pas servir de prétexte à cacher des pans entiers de la personnalité de politiciens qui sont candidats à diriger le pays. Cela doit être la leçon de l’affaire Dominique Strauss-Khan » et d’autre part Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du journal Le Monde et fondateur du site d’informations Médiapart, « La presse française est très en retard dans sa lucidité sur sa société à dominante masculine et blanche qui sacralise le monde du pouvoir, ses préjugés dominants minimisent les violences faites aux femmes. Si chacun a droit au respect de sa vie privée, il y a une nécessité absolue de révéler des faits d’intérêt public. C’est une question de culture démocratique. »

Quant à la justice, – l’ensemble des personnes chargées de prévenir, d’anticiper et de faire appliquer la loi -, son rôle est celui d’appliquer la loi. Elle a le devoir et le pouvoir de faire respecter des règles et de juger. Son organisation repose sur le respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, – 1789 -, et la Convention européenne des droits de l’homme, – 1950 -. La justice est indépendante car séparée des pouvoirs, – est-elle pour cela indépendante des idées, des objectifs et des directives politiciennes émanant des partis politiques, des think tanks et des sociétés secrètes dont nombre de ses membres appartiennent ? -, gratuite, égale et ouverte à tous sans aucune discrimination. Sans nul doute, l’affaire Tristane Banon contre Dominique Strauss-Khan saura nous en convaincre ou, si un non lieu, – un parmi des centaines d’autres ayant déjà été prononcés en faveur des politiques justiciables -, ou un abandon des charges en résulte, nous en dissuader.

 

Notes.

 

(1) Rappel des 7 chefs d’accusation :« Acte sexuel criminel au premier degré » désignant un viol par fellation ou sodomie en ayant recours à la force ou menaçant d’y recourir et compté deux fois au motif que « le pénis est entré en contact avec la bouche de la victime à deux reprises » ; « Tentative de viol au premier degré » ne recouvrant que le rapport sexuel vaginal non consenti ; « Agression sexuelle au premier degré » recouvrant tout « contact sexuel » non consenti avec usage de la violence ou menace d’y recourir ; « Emprisonnement illégal au second degré » par le fait que Dominique Strauss-Kahn est soupçonné d’avoir fermé la porte de la suite du Sofitel, empêchant ainsi la femme de chambre de sortir ; « Attouchements non consentis » concernant le fait de « toucher les parties intimes d’une personne dans un but dégradant et afin d’abuser d’elle » et, en l’espèce, la victime présumée accusant le patron du Front Monétaire International de lui avoir « attrapé la poitrine » et de lui avoir « touché son entrejambe »

(2) Rappel des propos parus dans le « Courrier international du 7 novembre 2008  » : Emmanuel Pierrat a avoué « avoir dissuadé plusieurs femmes voulant porter plainte contre Dominique Strauss-Khan suite à une drague lourde… », le harcèlement sexuel et les tentatives de viol devenant soudainement de la drague lourde. « parce qu’il est trop bien protégé…et que l’opprobre aurait été jeté sur elles par une presse bobo parisienne de gauche aux ordres...  »

(3) Suivant l’article de Wikipédia « Emmanuel Pierrat : Biographie »

(4) D’après le quotidien suisse « Le Temps » du 29 Octobre 2008, « Aurélie Filippetti, aujourd’hui porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a gardé un mauvais souvenir d’une tentative de drague très lourde, très appuyée de », la part de Dominique Strauss-Khan, « son camarade de parti. »

 

Suite de l’article : « Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VI : Femmes, vieilles affaires et communicants 1

 

Précédents articles concernant le même sujet :

« Plus pourri que moi, je meurs… »

« Plus pourri que moi, je meurs… » Acte II : Les politiques, la justice et les think thanks 1.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte III : Les politiques, la justice et les think thanks 2.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IV : Les politiques, la justice et les think thanks 3.