Les bactéries ont bon dos dans les « cantines » des magasins Coop en Suisse. Aux lendemains des fêtes de fin d’année, les restaurants de cette chaîne de grands magasins ne mettent plus à disposition de carafes et les fontaines à eau ont disparu de tous les établissements… La direction de la chaîne fait état d’un principe de précaution. Or, c’est bien connu des services municipaux ou des grands distributeurs d’eau (Suez-Lyonnaise par exemple), l’eau du robinet est souvent bien plus exempte de bactéries que les eaux dites minérales… et « commerciales ».

 

 

 

L’info fait la une de l’édition du 7 janvier 2009 du Matin, le quotidien suisse. Les clients des restaurants de la chaîne de magasins Coop (très présente en Suisse romande) devront payer des bouteilles d’eau, faute d’avoir à disposition des carafes et des fontaines en accès libre… et gratuit !

L’anecdote est déjà fort ancienne. Vers la fin des années 1960, Monsieur Merle, alors directeur du service municipal des eaux de Paris, attablé au restaurant Les Balkans (alors dans le quartier de La Huchette, à Paris), se voit proposer par le serveur un choix d’eau minérales. Demandant une carafe, il se voit rétorquer qu’il doit être provincial car l’eau de Paris laisse à désirer. « Apportez-moi de l’eau municipale, elle est parfaitement saine et de bon goût, d’ailleurs, c’est moi qui la contrôle… » répliqua-t-il, péremptoire. Et Monsieur Merle d’informer son invitée que, chaque jour, il testait la salubrité de l’eau courante parisienne, la comparant, tests et réactifs à l’appui, à des eaux de très grandes sources réputées. Lesquelles contenaient beaucoup plus de bactéries et de particules peu désirables que « son » eau municipale… Les laboratoires des grandes sociétés privées de distribution d’eau, ceux des agences de bassin, ceux des régies municipales, se livrent souvent à de telles comparaisons. Et pour Paris au moins, la saveur ne laisse pas à désirer, supportant la comparaison gustative bien plus souvent qu’imaginé par les profanes.

Jusqu’à la réouverture des restaurants Coop helvètes le 2 janvier dernier, leurs clients ne se plaignaient nullement de la sapidité de l’eau obtenue gratuitement en allant remplir des carafes. Interrogé par Le Matin, Daniel Rey, porte-parole de Coop pour la Suisse romande., a rétorqué que le service assurance-qualité de la chaîne avait constaté « qu’il pouvait y avoir un peu de bactéries dans les carafes ou les fontaines à eau. Personne ne s’est retrouvé malade, mais la direction de l’entreprise a décidé de supprimer les fontaines et les carafes dans tous nos restaurants à titre préventif. En Suisse romande, 25 établissements sont concernés. ».

L’eau dite minérale, de source, ou simplement l’eau municipale conditionnée en bouteilles par des marques (ce qui est légal) revient en général plus cher que du parfum bas de gamme, y compris quand on l’achete en packs. dans un super ou hypermarché. Quant aux bouteilles servies en restauration, souvent différentes, proposées ou non en volumes restreints (25 ou 33 cl), leur coût pour les convives est… salé. Si une eau Badoit peut revenir à 1.12 euros du litre en supermarché (prix constaté début janvier 2009), la même, conditionnée en bouteille de verre, servie par un restaurateur, triple facilement ce prix, même dans un restaurant populaire de quartier ou un bar en zone rurale. L’eau plate, dans un restaurant Coop, est vendue à plus de trois francs suisses (2,23 euros). Cela fait cher, très cher du litre.

La France, second consommateur mondial d’eaux minérales ou de source (après l’Italie), forte de 70 marques présentées sur son marché,« abuse » de ces produits. En effet, une surconsommation peut provoquer, pour certaines eaux, une hypercalcémie « débouchant sur l’apparition de calculs rénaux ou biliaires, » rappelle l’Académie de médecine. Certaines, selon le corps médical, ne devraient pas être consommées couramment, tant leur teneur est forte. De plus, certains consommateurs ne font pas la différence entre les eaux de table et les eaux minérales supposées apporter des bénéfices sanitaires… parfois insoupçonnables.

En France, les restaurateurs doivent fournir gratuitement une carafe d’eau et du pain (mais ils peuven en inclure le coût, réparti sur prix des menus ou de la carte). En revanche, un cafetier-limonadier n’est absolument pas tenu de fournir un verre d’eau ordinaire en sus d’une consommation. Mais un restaurateur de Metz, considérant qu’il réfrigerait ses carafes, avait considéré, en septembre 2009, qu’il pouvait en facturer le service un euro. Ce qui est légal en Suisse et à Genève en particulier, divers restaurants refusent de fournir une carafe ou la facturent. C’est ce qui a motivé la création du site http://payetacarafe.blogspot.com

À la bonne vôtre, y compris à Vichy, Plombières ou ailleurs !