Plaidoyer contre le journalisme citoyen et contre Internet

Plaidoyer contre le journalisme citoyen et contre Internet … Ou comment un entrepreneur investi sur la toile crache dans la soupière!
Andrew Keen est un américain né à Londres entrepreneur et un auteur connu pour un livre connu contre le Web 2.0, il a créé tout une série d'outils et il dispose d'un blog http://andrewkeen.typepad.com/
voilà un extrait de l'article qui est consacré aujourd'hui dans Libération
Andrew Keen, baptisé «l’Antéchrist de la Silicon Valley», a publié début juin un brûlot, The Cult of the Amateur. Le sous-titre s’avère on ne peut plus clair : Comment Internet tue notre culture. Andrew Keen n’a pourtant rien d’un ­allergique à la technologie : ce Britannique devenu entrepreneur californien avant la bulle, tient un blog – thegreatseduction.com – et produit un programme de ­podcast sur AfterTV.
Dans un article publié en février 2006 dans The Weekly Standard, il partait en guerre contre le Web 2.0 en écrivant que le «grand mouvement utopique de notre ère contemporaine a son siège dans la Silicon Valley» et n’hésitant pas à rapprocher ce «cauchemar de Socrate» à l’idéologie communiste. Il étoffe cette thèse dans son dernier livre. A-t-il fini par prendre en grippe ce qu’il a adoré ?
Non, répond-il, ce n’est pas la technologie en soi qui lui pose problème, mais plutôt ce qu’Internet est devenu, un marigot où baignent un maximum d’inepties, un tombeau de la culture de qualité, fossoyée par la gratuité. Il n’hésite pas à écrire que des millions de singes derrière leur clavier alimentent une jungle de médiocrité.

Le journalisme citoyen, qui désigne la possibilité de tout un chacun de devenir cyberreporter, participe selon lui de cette idéologie de l’amateurisme. Le livre de Keen a évidemment généré un âpre débat.

Comment en êtes-vous venu à dénoncer l’envers d’Internet ?
Quand je regarde le Web, j’y vois principalement un chaos culturel et éthique. J’observe le vol rampant de la propriété intellectuelle, le plagiat, la pornographie extrême, le spam incessant et l’inanité intellectuelle. Les sociétés du Web 2.0, les Youtube, Google ou autre Facebook, n’utilisent le contenu généré par les internautes que pour augmenter leurs bénéfices.
Tout le monde s’exprime certes, mais «narcissiquement», et la culture est de qualité de plus en plus médiocre. L’éthique de l’amateur est si dominante que l’expertise, le talent et le savoir perdent du terrain. Des analyses politiques superficielles, des vidéos pitoyables, des romans illisibles. Aujourd’hui, Internet ressemble à l’état de nature, plus proche de Hobbes que de Rousseau, où le comportement humain s’épanouit sans ­règles sociales ni lois. L’anarchie. Il suffit d’aller surfer sur la blogosphère ou de lire ce qui se dit sur les forums. Le Web 2.0 est en train de tuer notre culture, prendre d’assaut notre économie et détruire nos codes de conduite. Tout ça à cause de ­cette foi utopique dans l’information technologique.
Internet ne permet-il pas justement une démocratisation de la culture ?
Au XXe siècle, ce sont les médias qui ont démocratisé l’accès à la culture. La démocratisation portée par le Web, la soi-disant sagesse du public, est un leurre. ­Wikipédia, l’encyclopédie en ligne collaborative en tête des recherches mondiales, n’a pas plus de valeur qu’un Trivial Pursuit, avec plein d’erreurs et de demi-vérités. La sacro-sainte communauté peut en arriver à décider, de manière consensuelle, que deux plus deux équivaut à cinq. Le pire, je crois, c’est l’anonymat qui règne en ligne. On devrait être obligé de donner sa véritable identité. Cette supposée démocratie m’apparaît en réalité comme une oligarchie, le ­résultat d’une alliance entre les anciens de la contre-culture et les fondamentalistes libéraux. C’est la nouvelle élite de la Silicon Valley, héritière de la culture hippie.
Etes-vous antitechno ?
Ce livre n’est pas contre la technologie. Il dit simplement que nous sommes responsables de cette invention collective et que nous nous devons de la contrôler. Quand nous regardons Internet, nous regardons dans un miroir. Je n’ai pas de problème avec le Web. Je ne suis pas un luddite [un opposant à toute nouvelle technologie, ndlr]. J’adore me servir du courrier électronique. Je souhaite seulement plus de contrôle. Je suis contre cette culture de l’amateurisme élevée en idéologie. Aujourd’hui, on l’idéalise, au risque d’entraver et de censurer la vraie créativité.
Nous avons besoin de culture de qualité, de hiérarchie. Les journaux citoyens sont idéalisés. Les médias traditionnels sont considérés comme corrompus, paresseux et peureux, alors que les amateurs du Web 2.0 sont dynamiques, honnêtes et sages. Mais les médias institutionnels sont indispensables dans leur rôle de médiateurs.
Que pensez-vous du journalisme citoyen ?
Qu’est-ce que veut dire «journalisme citoyen» ? Est-ce qu’on dit des «politiques ­citoyens» ou des «docteurs ­citoyens» ? Un journaliste n’est pas un amateur. Il existe une véritable incompréhension de ce qu’est un journaliste. Aux Etats-Unis, nous avons d’excellents journaux comme le New York Times, le Washington Post ou USA Today. Et cela ne s’improvise pas, c’est un job qui ­demande du temps, des compétences et de l’énergie.
Le propriétaire d’un ordinateur ne se transforme pas en un journaliste crédible, comme un livre de recettes ne fait pas pour autant le bon ­cuisinier.

10 réflexions sur « Plaidoyer contre le journalisme citoyen et contre Internet »

  1. Eh bien, je vais choquer, mais je suis en partie d’accord avec cet homme! Lorsque moi-même j’écris mes articles, il m’arrive de renoncer par manque d’information ou de temps, après une journée chargée… et de regretter, la fatigue passée, d’avoir écrit un article un peu trop vite aussi…

    Pour écrire un article il faut du temps! Il faut se renseigner, et pas seulement sur wikipedia, qui peut contenir des erreurs. Ensuite il faut mettre en forme…

    Mais le journalisme dit « citoyen » existe pour de bonnes raisons: bien souvent les journalistes sont si convenus dans les informations qu’ils passent, qu’ils en perdent un intéret considérable, en outre, en sélectionnant les dépèches AFP, ils nous cachent une partie de l’information, pensant surement que cela ne fera pas vendre…

  2. @ libertus et @ Blaise
    Excellent article, Libertus… Vous avez le mérite de soulever, à la fois, les limites des médias dits « traditionnels » et les limites des nouveaux médias que sont les webzines…

    En effet, les webzines n’ont pas toujours la possibilité de vérifier les informations qui leur sont fournies dans les articles qu’ils publient… Mais, les médias dits « traditionnels », eux, le font très souvent…

    Cependant, la pratique du métier de journaliste suppose qu’on vérifie les informations qui nous sont livrées : on ne peut pas se permettre d’écrire n’importe quoi sous le prétexte d’être publié…

    Blaise, dans « JOURNALISME CITOYEN », ce qui me gêne c’est le mot « CITOYEN »…

    1°). Ne sommes-nous pas, nous journalistes, tous des citoyens à part entière, tout comme une personne lambda ?

    2°). Ce terme « CITOYEN », ne risque-t-il pas de banaliser le terme « JOURNALISTE » en permettant une banalisation de notre métier ?

  3. journalisme citoyen?
    Le terme de blogueur citoyen conviendrait peut être mieux, mais notre égo en prendrait un coup!
    Tout comme Blaise il m’arrive de renoncer à écrire un billet par manque de doc sérieuse et manque de temps pour la chercher dans la jungle d’internet.
    D’un autre coté pour durer dans le « journalisme citoyen » il faut une bonne dose de persévérance, quasiment maladive une sorte de blog-addict et apprendre à respecter les autre sinon on se fait vite jeter ou on n’est pas lu, ce qui revient au même..
    C’est en celà que je ne suis pas d’accord avec l’article d’Andrew Keen: Bien sur que « des millions de singes derrière leur clavier alimentent une jungle de médiocrité » mais, au final, ne perdure que le meilleur et, j’en suis persuadé, une sorte de conscience…
    collective
    Internet et le « journalisme citoyen » sont peut être en train de faire pour l’humanité bien plus que n’auront fait l’ONU et autres SDN

  4. citoyens ou amateurs?
    Eh bien Dominique, il me semble parfois qu’il faudrait même dire, journaliste « amateur ». Convenons-en: il existe de très bons journalistes professionnels, mais aussi de très mauvais. La presse tourne parfois en rond sur certains sujets, et se laisse parfois aller à désinformer malgré elle. De plus elle est parfois proche du pouvoir. Le journalisme citoyen comporte aussi de très bon éléments, mais pas toujours aussi bien informés, par manque de support d’un coté, ou tout simplement par paresse. Son avantage est de développer des articles sur des sujets que la grande presse n’évoque pas toujours parce qu’il lui semblera que ces sujets ne trouveront pas l’intéret du public. Mais il faudra parfois sur ces sujets, rechercher par soi-même des informations complémentaires. Ce qui perd le journalisme professionnel? Trop parler de sujets soi « pipeules », ou d’insister sur les mêmes choses, parfois à mauvais escient… Et puis les journalistes professionnels n’interviennent pas sous leurs articles et sont bien souvent orientés politiquement, sous de faux airs de neutralité, et cela les décridibilise…

  5. Oui Gergovia
    Oui, je suis d’accord avec Gergovia, il me semble que le journalisme dit « citoyen » a un avenir plutôt prometteur, et qu’il n’en est qu’à ses débuts…

  6. terminologie…
    Il faudrait peut être inventer un nouveau terme car il est logique que les « vrais » journalistes défendent la spécifité de leur profession et donc de sa dénomination. Par ailleurs j’avoue que le terme de citoyen me hérisse le poil car trop galvaudé par les politiques..Alors la juxtaposition des deux …
    Qui s’y jette…?

  7. @ gergovia et @ Blaise
    J’ignore si un nouveau terme devrait être inventé…
    En effet, le « vrai » journaliste peut, tout comme moi, avoit été formé sur le terrain sans passer par une école de formation : il suffit de savoir bien rédiger, de savoir vérifier ses informations, de ne pas pratiquer la diffamation ou l’insulte…
    Notre profession de Journaliste est réglementée et suppose qu’on puisse obtenir une carte d’identité de journaliste professionnel…

    Donc, Blaise et Gergovia, je pense, pour remettre les pendules à l’heure, qu’il faut admettre qu’un journaliste écrivant de façon très régulière sur les blogs ou sur les webzines soit autant considéré qu’un journaliste évoluant dans les médias professionnels ! Mais, encore faudrait-il que les webzines ou les blogs importants disposent d’un(e) secrétaire de rédaction [qui est obligatoirement journaliste] chargé(e) de vérifier la véracité des informations rédigées !

    Le terme « Journaliste » convient tout à fait, d’autant que Come4news rémunère ses rédacteurs…

    Puis, c’est vrai que nos politiques banalisent trop souvent le terme « citoyen »…

    Mais, face à la presse « papier » qui est en crise, les webzines ont un réel avenir devant eux ! Encore faut-il qu’il y ait, non pas de la censure, mais un contrôle de la véracité des informations publiées !

    A ce sujet, Gergovia et Blaise, je vous invite à consulter le site de l’ASSOCIATION DE PREFIGURATION D’UN CONSEIL DE PRESSE EN FRANCE en cliquant sur ses liens suivants :

    http://apcp.unblog.fr/

    http://apcp.unblog.fr/statuts-de-lassociation/

    http://apcp.unblog.fr/un-conseil-de-presse-en-france/

    http://apcp.unblog.fr/pourquoi-un-conseil-de-presse/

    http://apcp.unblog.fr/qui-sommes-nous/

  8. @ Libertus, Blaise et Gergovia…. UN INCIDENT A FAIT QUE MON COMMENTAIRE N’APPARAIT PAS ! Donc, j’installe un nouveau commentaire amélioré !
    Gergovia, j’ignore si un nouveau terme devrait être inventé…

    Cependant, Blaise, Gergovia, il convient de considérer que le web est entrain de se développer à une vitesse infinitésimale, tout comme se sont développées les radios locales privées… D’aucun prétendent que le web n’a aucun avenir : ils avaient, par le passé, la même opinion des radios locales privées dites « radios libres »…

    Nous étions, nous, journalistes de radio –bien souvent cantonnés dans le bénévolat du fait de l’interdiction de tous messages publicitaires sur les radios libres- démunis face aux radios dites « officielles » comme RTL, RMC, EUROPE 1, France INTER… Pourtant, les radios « libres » se sont développées… Elles sont mêmes devenues des radios « officielles », même si elles sont sous la coupe du C.S.A.

    Avec le Web, dont Come4news, qui rémunère tous ses rédacteurs, un nouveau concept de journalisme est apparu : il est différent, puisqu’il suppose que des personnes rédigent, non pas des brèves ou des interviewes, des articles plus ou moins longs sur des sujets qui ne leur sont pas imposés ! Puis, dès le départ, les publicités n’ont pas été interdites comme sur les radios « libres » !

    Comme je le disais, il convient de pouvoir contrôler la véracité des informations qui sont divulguées dans les articles publiés par les webzines : pour cela, un(e) secrétaire de rédaction (qui est également journaliste) s’impose.

    Ceci étant, qu’il soit « citoyen » ou « officiel », le journaliste reste journaliste… Donc, il ne convient pas d’inventer un autre terme !
    Il convient d’installer certaines règles, non pas pour censurer, mais pour discipliner cette forme de journalisme qui est entrain de se développer et de se démocratiser…

    Pour vous en convaincre, Blaise, Gergovia, je vous invite à vous rendre sur le site de l’Association de Préfiguration d’un Conseil de Presse en France (APCP) en vous rendant sur ses liens suivants :

    -http://apcp.unblog.fr/

    -http://apcp.unblog.fr/qui-sommes-nous/

    -http://apcp.unblog.fr/pourquoi-un-conseil-de-presse/

    -http://apcp.unblog.fr/un-conseil-de-presse-en-france/

    -http://apcp.unblog.fr/statuts-de-lassociation/

  9. Journaliste Citoyen ? Blogger Amateur ?! Peu importe !! L’ interêt du web n’ est-il pas de pouvoir trouver tout et son contraire ?! Et du coup, de « choisir » ses positions en fonction d’ une masse d’ infos, contradictoires, mais accessible à tous ? Et le contrôle tant espéré par Mr Andrew Keen, ne tuerait-il pas l »indépendance » du web ? Croyez-vous que des docs comme « Loose Change » ( sur le 11 septembre ) aurait passé la « censure ».
    Un jour il y a aura deux web: l’ un contrôlé et l’ autre indépendant. Et l’ on regrettera les grillages du politiquement correct…et peut-être j’ aurais une amende pour avoir dévoilé l’ infâme recette d’ une  » tarte aux cerises de Supermarché « …
    La liberté n’ est-elle pas de pouvoir dire tout est n’ importe quoi ?
    Si demain Come4news s’ invente une censure, que restera-t’ il d’ intéressant à lire à par les peoples et le foot ?!

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