Je ne veux pas juger qui que ce soit et certainement pas un journaliste du talent de Mr Joseph Macé-Scaron, dont j’apprécie le ton incisif et précis. Je ne veux pas non plus juger d’un journal à travers son cas, j’ai nommé Marianne, que j’ai pourtant lu avec le plus grand plaisir durant des années. Je me souviens de l’agitation qui m’envahissait les samedi matin, lorsque j’ouvrais ma boîte aux lettres et y découvrais ce journal.
Mais bon, comme je l’ai déjà souligné, cela faisait déjà quelques temps que je n’arrivais plus à lire ce journal. Je ne saurais trop dire pourquoi, lassitude causée par le côté politique politicienne qui consistait à ne plus évoquer les projets, ni les programmes, mais les histoires personnelles, mélange des genres, contre-pied permanent entre la dénonciation et la flatterie. Je suis certain que tout cela s’est fait insidieusement, sans véritablement que la rédaction ne se rendent compte qu’à baigner dans le psychodrame politique français, on finit par se faire absorber par tous les à-côtés, ne plus "voir la lune mais le doigt qui la pointe" et à faire comme nos hommes politiques, à savoir oublier de traiter l’essentiel.
Trop de polémiques, de polémistes, d’éditos au style déclamatoire et ce, malgré, tout de même, d’excellents articles et d’excellents journalistes. Il y a peut-être aussi un peu de cette manière de partir dans tous les sens qui faisait son charme à mes yeux, je dois le reconnaître, jusqu’à que cela devienne agaçant.
J’ai appris donc que Joseph-Macé Scaron avait été suspecté de plagiat. Plus que suspecté, puisqu’il s’est fendu d’un mea culpa sur le site de Marianne, mea culpa accompagné d’une reconnaissance de l’acte par la rédaction du Journal. Je suis profondément désolé, car j’ai le plus grand respect pour ses qualités de journaliste. Il semblerait qu’il se soit fait happé par la « machine à produire » sans voir qu’il ne faisait plus le distinguo entre ce qu’il produisait et ce qu’il empruntait. C’est le risque, lorsque l’on commente une actualité, notamment politique, déjà très… commentée. On a beau avoir du style, une histoire telle que celle de Mr DSK (par exemple, mais il y en a d’autres …) ne tourne jamais qu’autour de pas grand-chose et les gens qui rédigent et commentent cette actualité se télescopent assez facilement dans leurs analyses. C’est toute la différence entre le journalisme d’investigation et la polémique qui consiste à traiter à chaud de sujets brûlants pour rester dans l’air du temps.
Espérons que cela servira de leçons (et il semble, puisque le journaliste déclare vouloir retourner à l’enquête de terrain). Espérons aussi que la revue Marianne (et d’autres !!) saura, elle aussi, en tirer toutes les conclusions nécessaires pour quitter le commentaire de salon et revenir à des fondamentaux dont on a, nous citoyens, plus que jamais besoin devant le désert médiatique et politique ambiant.