pouvait-on éviter la Première Guerre mondiale ? Suite,
L’Empire de Russie, de 1721 sous le règne de Pierre le Grand jusqu’à 1917 à la déposition de Nicolas II, le dernier tsar, au début de la Révolution de 1917, avait pour capitale Saint-Pétersbourg, devenu Petrograd au début de la Première Guerre mondiale. À la fin du XIXème siècle, la taille de l’Empire était d’environ 21 800 000 kilomètres carrés, et seul l’Empire Britannique pouvait rivaliser avec cette surface. En plus des territoires la Fédération de Russie comptait les États de la Baltique, la majeure partie de l’Ukraine, la Biélorussie, une partie de la Pologne, la Bessarabie actuelle République de Moldavie, le Caucase, le Grand-duché de Finlande et une partie importante de l’Asie centrale, sans compter la colonisation Russe des Amériques essentiellement l’Alaska, vendue aux États-Unis en 1867, et la ville fortifiée de Port-Arthur, cédée par la Chine en 1894.
En 1914, l’Empire russe se subdivisait en 81 goubernias, «gouvernements ou gouvernorats» et 20 régions, «oblasts». Les vassaux et les protectorats de la Russie comptait les khanats de Boukhara, Khiva et après 1914 Touva. En supplément de la Russie elle-même, l’Empire comprenait les monarchies constitutionnelles du Royaume de Pologne, 1815-1863, placé sous le patronage de la Russie par le Congrès de Vienne et le Grand-Duché de Finlande, 1809-1917. Si l’on se réfère au recensement de 1897, l’Empire comptait à cette date environ 128,2 millions d’habitants, dont les neuf dixièmes, 93,4 millions vivaient en Russie d’Europe.
Un Empire est par définition un État répondant aux caractéristiques suivantes,
* une volonté expansionniste
* une organisation centralisée
* des peuples encadrés par une armature politique et fiscale commune
* la croyance en une supériorité d’essence
* un début et une fin clairement identifiés.
D’après Jean Tulard.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les Empires Britanique, de Prusse, Austro-hongrois, Français, Ottoman, et Perse aient des volontés expansionnistes et dans ce cas s’affrontent.
Dans la première moitié du XIXème siècle, l’Empire Russe joue un rôle décisif durant les guerres napoléoniennes qui vont le transformer en puissance politique. Mû comme tous les souverains Européens par une idéologie conservatrice et donc hostile aux idées de la Révolution Française, le tsar participe à deux coalitions contre Napoléon et essuie des défaites coûteuses. Alexandre Ier choisit alors, par renversement d’alliance, le camp du Premier Empire imposé par Napoléon le 7 juillet 1807 lors du traité de paix de Tilsitt, mais la paix ne durera que 5 ans, 1807-1812. Il profite de cette pause pour attaquer la Suède et annexer la Finlande.
En 1812, les hostilités reprennent. Lors de la campagne de Russie, la Grande Armée de Napoléon parvient au prix de combats acharnés à s’emparer de Moscou mais doit en repartir chassée par l’incendie de la ville. Les armées Russes harcèlent alors un ennemi décimé par la faim et le froid, et en 1814, elles occupent Paris. Alexandre 1er joue un rôle majeur dans la Sainte-Alliance qui veut gérer le destin de l’Europe postnapoléonienne, il s’oppose à la reconstitution de l’État polonais et participe militairement à la répression des soulèvements contre les monarchies, Hongrie 1849, à l’instar de l’empereur d’Autriche.
L’Empire russe poursuit, sous son règne et celui de ses successeurs, son expansion dans le Caucase et vers les bouches du Danube, au détriment des Empires perse et ottoman. La Géorgie rejoint volontairement l’Empire en 1801. La partie orientale de la Principauté de Moldavie, vassale de l’Empire ottoman est annexée en 1812 et forme la goubernia de Bessarabie . L’Arménie, le Daghestan et une partie de l’Azerbaïdjan sont annexés en 1813 au terme d’un conflit de quatre ans avec l’Empire perse. En 1829 l’Empire russe se fait céder par l’Empire ottoman les Bouches du Danube. Nicolas Ier frère cadet d’Alexandre 1er qui est le fils du tsar Paul 1er écrase violemment un soulèvement armé de la Pologne, 1831.
Le déclin de l’Empire ottoman, qui attise les convoitises des puissances Européennes, est à l’origine d’un conflit entre la Russie et les autres puissances, Grande-Bretagne en tête à la Guerre de Crimée, avec l’Empire ottoman, le second Empire français, et le royaume de Sardaigne. Défait à Sébastopol 1856, Alexandre II, fils de Nicolas 1er, doit céder le sud de la Bessarabie avec les Bouches du Danube, et perd les droits de passage entre la Mer Noire et la Méditerranée. Un dernier conflit victorieux avec l’Empire ottoman, 1878 lui permet de retrouver un accès au Danube et parachève la conquête du Caucase.
La Russie obtient aussi la création dans les Balkans d’un royaume de Bulgarie, et la reconnaissance par les Ottomans de l’indépendance de la Serbie et de la Roumanie. Cet accroissement d’influence ravive l’hostilité de la Grande-Bretagne, c’est «Le Grand Jeu ».
Le Grand Jeu renvoie à la rivalité coloniale entre la Russie et la Grande-Bretagne en Asie au XIXème siècle, qui a amené entre autres à la création de l’actuel Afghanistan comme État tampon. Ce fut une caractéristique stratégique des luttes d’influence entre l’Empire russe et l’Empire britannique, de 1813 à la convention anglo-russe de 1907. La zone de l’Asie mineure était alors un «ventre mou», encore indépendant au début du XIXème siècle de toute métropole coloniale.
Alexandre II tire les conséquences de la défaite de la guerre de Crimée, des réformes structurelles sont mises en train par le tsar, la mesure la plus importante est l’abolition du servage, 1861, qui inclut l’attribution à l’ancien serf d’une terre, souvent trop petite pour le nourrir, au prix d’un endettement à long terme vis-à-vis de l’État. Des conseils locaux élus au suffrage censitaire, les Zemstvos, sont créés à compter de 1864, dotés de pouvoir leur permettant de gérer les affaires locales et de construire routes, écoles et hôpitaux, ils peuvent lever des impôts pour les financer. Ce type de structure est étendu par la suite aux villes, douma urbaine. Enfin le code juridique introduit les procédures d’accusation et de défense et crée une justice théoriquement indépendante du pouvoir jusqu’à l’échelon du district. Le régime conserve malgré tout un caractère autocratique et fortement policier.
Les réformes vont d’ailleurs attiser la violence de groupes d’intellectuels nihilistes et Alexandre II finira par tomber sous leurs coups, 1881. Sous son règne, l’Empire a poursuivi son expansion coloniale en Asie centrale. Cette avancée place les limites de l’Empire russe aux portes de l’Empire britannique aux Indes. La tension, Grand Jeu, entre les deux pays va rester très vive jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé en 1907, convention anglo-russe. La Pologne se soulève sans succès en 1863.
Alexandre III l’avant dernier tsar, lorsqu’il monte sur le trône en 1881, mène en réaction à l’assassinat de son père une politique de contre-réformes. Les dispositions autoritaires sont maintenues ou renforcées, les partis politiques et les syndicats sont interdits, le droit de circulation est limité, la presse est censurée. Sur le plan économique l’industrie se développe rapidement grâce, entre autres, aux investissements étrangers et à la construction d’un réseau ferroviaire qui atteint 30 000 km en 1890. De nouvelles régions s’industrialisent, Ukraine, tandis que certaines renforcent leur caractère industriel comme la région de Saint-Pétersbourg et surtout celle de Moscou.
L’Alliance Franco-russe contribue au financement de l’industrialisation principalement par les emprunts Russes venus surtout de France. La Russie continue d’accroître son aire d’influence : en Chine et en Corée elle se heurte aux intérêts japonais. La guerre Russo-japonaise qui s’ensuit se termine par une défaite complète, 1905 à Tsushima, la modernisation du Japon avait été sous-estimée.
La révolution de 1905 suite à cette défaite déclenche le premier soulèvement généralisé de la population Russe contre le régime. Elle est d’abord un mouvement paysan qui touche essentiellement la région des terres noires, Tchernoziom en Russe terre riche en humus, on les rencontre en Roumanie, au sud de la Hongrie, en Moldavie, au nord-est de l’Ukraine, au Canada, au centre des États-Unis. Les ouvriers se joignent au mouvement par la suite. La loyauté des forces armées va sauver le régime. Nicolas II de Russie est le dernier tsar de toutes les Russies, il est monté sur le trône en 1894, et il est obligé de donner des gages d’ouverture.
Au sein de la Triple Entente l’Empire russe entre en guerre contre la Triplice pourtant il n’était pas préparé. Plusieurs millions d’ouvriers russes vivent dans la misère et sont sensibles à la propagande révolutionnaire. Quant aux paysans, ils réclament le partage des terres. La russification mécontente différents peuples de cet immense Empire, dont les Russes ne représentent que 45 % de la population lors du recensement de 1897. La défaite lors de la guerre Russo-japonaise est une humiliation pour le pays et montre les faiblesses de l’armée impériale russe, qui n’est absolument pas prête à entrer en guerre en 1914.
Même si les effectifs dont elle dispose sont importants, les hommes ne sont ni formés ni armés. Le matériel d’artillerie est insuffisant, le réseau ferroviaire trop peu développé. Or, le programme de modernisation de l’armée lancé fin 1913 ne devait être terminé qu’en 1917. Lors de la révolution Russe de 1905, le tsar a été contraint d’accepter un certain nombre de réformes, dont la création d’une assemblée élue, la douma la chambre basse du parlement de Russie, dont le pouvoir est en réalité très limité. Ainsi, malgré la promesse d’un régime constitutionnel, les lois fondamentales de 1906 maintiennent clairement l’autocratie. Quand Piotr Stolypine arrive au pouvoir en 1906, il tente de moderniser le régime, mais se heurte à l’opposition de la noblesse. Il est assassiné en 1911. En 1912 puis en 1914, de nouvelles grèves ont lieu pour protester contre le régime autoritaire, mais elles sont vite réprimées. Et peu à peu, même les sujets les plus fidèles de Nicolas II l’abandonnent, victime de ses hésitations continuelles entre un retour à l’autocratie «pure et dure» et le respect des nouvelles institutions, il est incapable de mener une ligne politique ferme.
Suite à l’entrée en guerre de l’Empire Austro-hongrois contre la Serbie le 28 juillet 1914. la Russie mobilise afin de soutenir son allié. L’Allemagne riposte et entre en guerre contre la Russie le 1er août 1914. Pour honorer l’alliance défensive qu’elle avait signée en 1907 avec le Royaume-Uni et la Russie, la France se doit alors de décréter la mobilisation générale.
On voit que l’Empire russe ou ce qu’il en reste n’est entré en guerre que par le jeu des alliances. Sans la contribution cruciale de l’effort de guerre Russe, la France eût été dans l’impossibilité de tenir tête à l’Allemagne. Elle aurait certainement été vaincue dès 1914, comme elle l’avait été en 1870. En 1910, les potentiels industriels Français et Russes réunis équivalent celui de l’Allemagne qui est le seul pays d’Europe en 1914 où le nombre d’ouvriers dépasse celui des paysans.
L’infanterie Russe en août 1914
De 1914 à 1917, 1 800 transports alliés ont débarqué 5 475 000 tonnes de matériel destiné aux armées du Tzar.
La guerre était inévitable trop de conflits étaient sous-jacents, l’équilibre en Europe était instable, les Empires ne pouvaient plus maintenir leur expansionnisme sans qu’ils s’affrontent, une nouvelle carte de l’Europe était nécessaire.
La révolution Russe d’octobre 1917 est consécutive à l’ensemble des événements de 1917 ayant conduit en février au renversement spontané du régime tsariste de Russie, puis en octobre à l’installation préparée d’un régime «léniniste». Largement induite par la Grande Guerre, elle est l’événement fondateur et décisif du «court XXème siècle» ouvert par l’éclatement du conflit Européen en 1914 et clos en 1991 par la disparition de l’URSS.
La suite 25 sera sur l’Empire français.
[b]Anido[/b],
très intéressant ce chapitre…
Pourrais-tu me dire si, au cas où la Russie ne se serait pas engagée conte l’Allemagne, est ce que la 1ère Guerre mondiale aurait pu avoir pour vainqueur l’Allemagne/Autriche-Hongrie/Turquie ?
A contrario, Anido, rien me m’interdit de penser que si la Russie avait continué cette guerre contre elle, l’Allemagne aurait perdu la guerre bien plus tôt !
Pour cela,
[i]- il aurait fallu que la Révolution d’octobre 1917,
– il aurait fallu que Lénine n’arrive pas au pouvoir,
– il aurait fallu que ce [b]Traité de Brest-Litovsk[/b][/i] [b][ http://fr.wikipedia.org/wiki/Traité_de_Brest-Litovsk ][/b] [i]ne soit jamais signé…
[/i]
Mais, à moins de remonter le temps, on ne peut pas remonter le cours de l’histoire !!!!
Bien à toi
[b]Dominique[/b]
[b]Anido[/b],
très intéressant ce chapitre…
Pourrais-tu me dire si, au cas où la Russie ne se serait pas engagée conte l’Allemagne, est ce que la 1ère Guerre mondiale aurait pu avoir pour vainqueur l’Allemagne/Autriche-Hongrie/Turquie ?
A contrario, [b]Anido[/b], rien me m’interdit de penser que si la Russie avait continué cette guerre contre elle, l’Allemagne aurait perdu la guerre bien plus tôt !
Pour cela,
[i]- il aurait fallu que la Révolution d’octobre 1917,
– il aurait fallu que Lénine n’arrive pas au pouvoir,
– il aurait fallu que ce Traité de [b]Brest-Litovsk[/b][/i] [b][ [url]http://fr.wikipedia.org/wiki/Traité_de_Brest-Litovsk[/url] ][/b] [i]ne soit jamais signé…[/i]
Mais, à moins de remonter le temps, on ne peut pas changer le cours de l’histoire !!!!
Bien à toi
[b]Dominique[/b]
[b]Dominique[/b] bonsoir,
La Russie a été une bouée de secours pour les Alliés, je l’ai écrit. Le front Russe marchait de paire avec le front Français, l’un ou l’autre attaquait pour soulager l’autre front, c’était réciproque.
Sans la Russie, l’Allemagne gagnait la guerre en France.
En ce qui concerne les autres conflits, les Allemands n’y étaient pas directement impliqués, mais, on peut penser que sans la Russie les armées Austro-hongroise et Ottomane auraient été victorieuses.
C’est vrai que la révolution d’Octobre de 1917 qui a désengagé la Russie de la guerre à permit, par voie de conséquence, de donner aux autres puissances de l’Axe une potentialité accrue.
Mais ceci ne doit pas nous faire oublier que les États-Unis qui sont entrés plus tard dans le conflit auraient permit la victoire par leur potentialité matérielle comme ce fût le cas en 1945. L’invasion de la France par les Allemands aurait été de courte durée, comme en 1945 la puissance Américaine aurait parlé.
Donc, notre raisonnement ne tient que pour un temps, finalement les Allemands auraient été battus ainsi que les autres puissances de l’Axe.
Bien à toi,
Anido