Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 13,

la seconde victoire de la Marne,

la contre offensive Française du 15 au 31 juillet 1918.

La conception Française. Voir aussi la référence «http://blogs.histoire-et-secrets.com/1918/»

L’État-major Allemand ayant depuis le 21 mars obtenu des succès incontestables, rejeté les armées alliées jusqu’aux portes d’Hazebrouck, Nord-Pas-de-Calais, d’Amiens, de Compiègne et de Meaux, et les croyant très affaiblies, obligées de se masser autour de Paris en coupant, à Châlons-sur-Marne, le centre de leur armée. Il paraissait ainsi possible à Ludendorff de manœuvrer en vue d’un vaste Tannenberg, voir aussi ici, par l’Est et l’Ouest de la capitale. Mais, avec sa science approfondie de la stratégie, Foch avait prévu cette faiblesse, c’est-à-dire le flanc découvert du Valois, et conçut immédiatement un plan général.

image011.1291918137.jpgGénéral Degoutte qui sera chargé de rédiger les clauses du traité de Versailles.

Gouraud et Berthelot tiendraient à coup sûr en Champagne, une troupe d’attaque avec Mangin, Degoutte attaquerait le flanc face à l’Est la poche Allemande de Tardenois. En réalité, l’État-major allié attendait son heure depuis le printemps. Pour Foch, l’appoint décisif Américain constituait l’évènement. Mais il convenait d’attendre l’occasion favorable, une partie de nos forces, revenaient d’Italie. L’armée Anglaise se reconstitua complètement, et notre programme de matériel se réalisa avec des projectiles à gaz, des chars d’assaut légers et des avions de bombardement. Brusquement, à la mi-juillet, le flanc Allemand découvert se présenta.

fwwludendorffp.1292085531.JPGErich Ludendorff

Foch, grand stratège, et Pétain, grand tacticien, prudent, froid et juste, allaient se servir de la faute de Ludendorff, renverser la situation et s’emparer de l’initiative. Si l’on se rappelle de la direction de toutes les batailles Françaises, on remarquera que depuis 1914, elles sont toutes engagées face à l’Est. L’erreur capitale de l’Allemagne en violant la neutralité belge et en marchant sur Paris, lui vaudra sa défaite finale. L’Angleterre entrée en ligne pour venger la Belgique et sauver sa propre liberté ne peut attaquer l’Allemagne que face à l’Est. Ludendorff, que l’on croyait homme de guerre n’a, lui aussi, rien compris, il a été arrêté sur l’Avre par Debeney en avril, avant d’être paralysé en juin sur le plateau de Mery

Mais, il continua à faire croire à la presse Allemande et à croire lui-même que Foch n’avait plus de réserves. Or c’est à ce moment même que derrière la place d’Armes du Valois, à l’abri des forêts, nos réserves et troupes se massent, les divisions Américaines arrivent, notre nouveau matériel de tanks se rassemble, Mangin va bondir comme un lion sur l’ennemi en sommeil.

A cette date mémorable la situation de l’armée Française se présente ainsi. Le chef d’État-major est le général Buat qui a remplacé le général Antoine. Trois groupes d’armées, à l’Ouest, Fayolle, au centre Maistre, à l’Est Castelnau, sont prêts au combat. Dans le secteur où va préluder la victoire Française, nos armées enserrent une large et profonde poche Allemande dont le fond est sur la Marne. Cette poche est occupée par les deux armées de van Mudra et de Boehm. C’est là, qu’au Nord la 10ème armée de Mangin tient un secteur de 25 kms entre l’Aisne et l’Ourcq, tandis que la 6ème armée de Degoutte tient au sud le secteur d’entre Ourcq et Marne. De plus, ardentes et l’arme au pied, quatre divisions Américaines sont partagées entre ces deux armées.

La contre offensive Française sur la Marne.

Après plusieurs victoires importantes, les Allemands sont finalement stoppé par une contre offensive Française dirigée par le général Mangin le 28 juin. Mais les Allemands n’ont pas dits leurs derniers mots. Ils lancent l’offensive de la paix, «le Friedenstrum» ou bataille pour la paix, voir la suite 11, heureusement les Français écrasent les Allemands le 15 juillet 1918 dans la bataille défensive de Champagne. Près de 40000 Allemands sont tués, blessés ou prisonniers. Pas moins de 5000 Français seulement sont hors de combat. Cette victoire qui sauve notre armée est l’œuvre des bonnes dispositions défensives et offensives du général Pétain, devenu alors général en chef de l‘armée Française.

Trois jours après cette victoire défensive de la 4ème Armée Française, Foch, Général en chef des Armées Alliés, décide de réduire la poche de Château-Thierry pour mettre fin à tous les espoirs Allemands de marcher sur Paris.

Le 18 juillet, à 4h30, depuis Bouresches jusqu’à Pernant, sur le front de 55 kilomètres des armées Mangin et Degoutte, 10ème et 6ème, notre artillerie déclenche un formidable tir. C’est un barrage roulant derrière lequel cahotent 470 chars d’assaut, dont 320 chars devant Mangin et 150 devant Degoutte. Une nuée d’avions Français et Anglais obscurcit le ciel et le nettoie d’ennemis. Ils s’attendaient bien à une offensive Française, mais malgré l’expérience du 28 juin, ils ne la concevaient pas autrement que précédée d’une préparation d’artillerie de trois où quatre heures.

char_renault_ft_17.1291903945.jpgChar Renault FT-17. Source : www.chars-francais.net.

Or, rien n’avait annoncé cette charge des monstres d’acier, les chars Renault FT 17. Ce sont les 9ème armée Allemande du général Von Einem et la droite de la 7ème armée Allemande du général Von Boëhm qui supporteront le choc. Elles ont 8 divisions en première ligne et 10 divisions en soutien immédiat. En un instant, tout est englobé dans la bataille, et il faut se hâter d’appeler des renforts de l’arrière.

29 régiments d’infanterie 4 zouaves, 3 tirailleurs, deux mixtes, 5 bataillons de Chasseurs à pied, les régiments Marocains, Malgaches et Russes, ainsi que plusieurs bataillons Américains, se ruent à l’assaut, pour plus de détails voir la référence, ici.

Les Poilus ne se laissent pas décourager par les nombreuses mitrailleuses Allemandes qui les empêchent de passer, ils passent quand même en écrasant de grenades les mitrailleurs Allemands, les tirs de batteries Allemandes ne les impressionnent pas plus, ils les capturent au corps à corps, baïonnette au canon, comme les zouaves qui capturèrent 4 canons à l’arme blanche.

img065.1293472914.jpgA midi, les villages de Dammard, Belleau, Troesnes, Villers-Hélon sont enlevés par les troupes Françaises. A gauche, la division Marocaine, Zouaves, Tirailleurs, Légion, a dépassé Chaudun, et les Américains s’emparent de Vierzy. Le soir, les deux Armées Françaises dénombrent 12000 prisonniers Allemands, un chiffre record pour une seule journée de bataille. Sur 55 kilomètres de front d’attaque, nos lignes ont progressé vers l’est d’une dizaine de kilomètres. La gauche de Mangin tient déjà les plateaux à 3 kilomètres de Soissons. En enlevant le plateau de Pernant, la 11ème division a déjà fait 2000 prisonniers Allemands.

Le 19 juillet, à 4 heures du matin, nouvelle ruée suivant la même méthode à laquelle l’ennemi n’a pas eu le temps de s’accoutumer. Même succès. Cependant vers Chaudun où deux divisions Allemandes fraîches, la 9ème et la 20ème ont été transportées en auto-camions, nos colonnes sont un instant arrêtées. Partout ailleurs, la progression Française continue, des compagnies entières de soldats Allemands se rendent à nos chars d’assaut, et seules, les divisions Allemandes nouvellement intervenues se battent avec énergie. La 10ème armée Française dépasse le Plessis-Huleu, et la 6ème armée enlève Neuilly-Saint-Front et conquiert le plateau de Priez. Cet important succès rend la situation des Allemands extrêmement difficile. Du Plessis-Huleu, nos mitrailleuses interdissent la route de Soissons à Château-Thierry, et nos canons la voie ferrée. Ce sont là les seules artères dont l’Armée Allemande de Von Boëhm dispose pour alimenter ses forces qui combattent sur la Marne. Or, voici que l’Armée de Mitry attaque à son tour entre Saint-Aignan et Boursault. Il faut reculer. Von Boëhm le fait fort habilement, et dans la nuit du 19 au 20, il évacue la rive sud de la Marne.

Le 20 juillet, pour éviter l’étranglement de la poche de Château-Thierry et la perte des troupes qui y sont engagées, Ludendorff envoie cinq divisions fraîches de renfort contre notre 10ème Armée.

image010.1291917099.jpgLe Général Mangin progresse tout de même vers Hartennes et maintient sur tout son front les gains de la veille, mais les efforts de notre 41ème division se brisent contre la résistance d’Oulchy-le-Château. Le Général Degoutte, lui, pousse vigoureusement de l’avant, et c’est maintenant de ce côté, la lutte pour Château-Thierry, déjà débordée par le Nord, cependant que de Mitry continue sa pression au sud, et que la 5ème Armée de Berthelot attaque la poche par l’Est.

Le 21 juillet, pour maintenir son pivot de manœuvre, l’ennemi contre attaque furieusement Mangin, en accumulant contre lui des effectifs sans cesse renouvelés. Les héroïques régiments de Mangin tiennent bon et repoussent les Allemands. Degoutte entre dans Château-Thierry, refoulant à travers le Tardenois les divisions de Von Boëhm, dont la résistance devient décidément molle. Le soir, la 6ème Armée Française a progressé d’une dizaine de kilomètres et la ligne de nos avant-gardes qui passe près d’Hartennes et d’Oulchy-le-Château tient toujours, au delà de Grisolles, de Bézu-saint-Germain et d’Epieds.

La deuxième victoire de la Marne, prélude d’opérations de plus grande envergure, est gagnée. Elle est complète. Elle forme un ensemble magnifique d’une perfection classique, portant la brillante empreinte de la valeur et du génie Français.

image012.1291917399.jpgGénéral Berthelot commandant la 5ème armée lors seconde de la bataille de la Marne.

A droite et au centre, Gouraud et Berthelot, grâce au sublime esprit de sacrifice des poilus des îlots de résistance, ont constitué le mur contre lequel l’assaut des Allemands s’est brisé. C’était le 15 juillet 1918. A gauche, De Mitry, Degoutte et Mangin ont foncé concentriquement sur l’aile droite Allemande. Et, grâce à une admirable préparation et à une foudroyante rapidité d’exécution, l’ont écrasée.

Les résultats sont, la capture de 20 000 prisonniers Allemands, de plus de 400 canons Allemands, 3300 mitrailleuses capturées, et l’usure irréparable de soixante divisions Allemandes, la délivrance de Château-Thierry et l’obligation pour Ludendorff d’abandonner très vite la poche de Fère-en-Tardenois où il ne peut plus ravitailler ses troupes, puisqu’il n’est maître ni de Reims, ni de la voie ferrée au sud de Soissons. La victoire Française est acquise, mais la lutte continue avec acharnement, car il faut exploiter le succès, et depuis le généralissime jusqu’au plus humble soldat, tout le monde s’y emploie avec la dernière énergie.

Le 24 juillet, la division du général Roig-Bourdeville enlève Oulchy-la-ville aux Allemands, et ses régiments d’infanterie, ils capturent 600 prisonniers Allemands. Le 25 juillet, Oulchy-le-Château tombe, attaqué de front par le 23ème régiment d’infanterie Française et à revers par le 128ème régiment d’infanterie, de la division Bablon. De l’autre côté, l’armée Française du général Berthelot est aux abords de Ville-en-Tardenois, et dans un magnifique assaut, le 103ème régiment d’infanterie, qui, depuis le 15 juillet, a perdu presque tous ses officiers et 75 pour cent de ses effectifs, enlève le village de Romigny aux Allemands.

Le 26 juillet, Von Boëhm lâche la Marne et fait sauter les ponts de l’Ourcq. Le soir, notre infanterie Française est à Bruyères, à Villeneuve-sur-Fère et à Courmont. La nuit, on se bat à Ronchères, où l’ennemi résiste, grâce à une puissante artillerie. Le 27 juillet, Mangin attaque Buzancy, Degoutte traverse Fère-en-Tardenois, Berthelot dépasse Ville-en-Tardenois, l’ennemi tient âprement. Ailleurs, il cède et notre cavalerie cueille des trophées ou parvient difficilement à conserver le contact.

Le 1er août, nos régiments ont forcé la résistance acharnée des Allemands dans le village d’Hartennes, où ils avaient accumulé de puissants moyens, et le soir, les 206ème, 234ème et 244ème régiments d’infanterie de la division Menvielle enlèvent brillamment les villages de Cramaille et Servenay. Le front de la 10ème Armée Française atteint le soir la ligne de Grand-Rozoy-Cramaille. Dès lors, Von Boëhm, menacé sur ses derrières, va précipiter sa retraite, la couvrant par de petits détachements armés de mitrailleuses, qui ont l’ordre de se sacrifier pour arrêter nos colonnes.

Le 3 août, les Allemands bordent la Vesle, poursuivis par nos tirailleurs. Les résultats de la victoire sont acquis, la poche de Château-Thierry est réduite, la voie ferrée de Paris à Strasbourg est libre. Cette brillante victoire, éclatante comme un coup de foudre, au lendemain des succès les plus décisifs de l’Allemagne, eut dans le monde entier un immense retentissement.

Personne ne s’y trompa, cette fois c’était la fin. L’Empire Allemand avait joué et perdu dans les grandes batailles sur le front Français occidental, et il venait de perdre celle-ci. Le 6 août, Clemenceau proposait au Président de la République de faire du général Foch, dont la victoire commençait à couronner l’énergie et les calculs, un Maréchal de France,

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Ferdinand FOCH maréchal

de France, de Grande-Bretagne et de Pologne

«la dignité de maréchal de France, disait son rapport, ne sera pas seulement une récompense pour les services passés, elle consacrera mieux encore dans l’avenir l’autorité du grand homme de guerre appelé à conduire les armées de l’entente à la victoire définitive».

Le décret du 7 août, nommant le général Foch Maréchal de France, il motivait cette nomination par le simple résumé des résultats obtenus dans la deuxième victoire de la Marne.

«Paris dégagé, Soissons et Château-Thierry reconquis de haute lutte, plus de 200 villages délivrés, 35 000 prisonniers Allemands, 700 canons Allemands capturés, 3300 mitrailleuses Allemandes capturées, les espoirs hautement proclamés par l’ennemi avant son attaque écroulés, les glorieuses armées alliés jetées dans un seul élan victorieux des bords de la Marne aux rives de l’Aisne, tels sont les résultats d’une manœuvre aussi admirablement conçue par le haut commandement Français que superbement exécutée par des chefs et des soldats incomparables»

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le maréchal Foch saluant le monument du général Kléber à Strasbourg, le 27 novembre 1918.

La suite 14 portera sur la bataille de Picardie.



 

Une réflexion sur « Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 13, »

  1. je vais maintenant lire la suite de cette grande fresque historique… De ce fait, je vais rattraper mon retard !

    Anido, toute mon amitié,

    Dominique

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