Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 40

la révolution nationale, suite.



La droite se met à rêver. Elle se réveille en juin 1940. Désormais, elle va appliquer sans intermédiaire et à son seul profit sa politique, régler ses comptes avec la république et faire place nette. Dès juillet 1940 la droite commence à imposer son ordre par la force, l’ordre nouveau à l’ombre des baïonnettes Allemandes. Paul Baudouin ministre du maréchal Pétain de juin à décembre 1940 résume dans un entretien accordé au journal de Genève, repris par Le Temps:

«La révolution totale que la France commence à cette heure solennelle a été préparée par vingt d’années d’incertitudes, de mécontentement, de dégoût, et d’insécurité larvée…La guerre a fait éclater l’abcès…Cette possibilité de faire du neuf exalte les hommes de toutes origine. Paul Baudouin juin 1940».

La révolution nationale a été pour nous marquée par un ensemble de réformes autoritaires sous idéologie nationaliste teintée de fascisme ayant pour effet, aux yeux de Pétain, de mettre la France dans le droit chemin basé sur l’autorité et la discipline, en d’autres termes, pouvait-il en être autrement d’un militaire cultivé dans un esprit nationaliste mêlant à la fois une action familiale, et sociale allant jusqu’à préconiser le retour à la terre. Pétain n’avait donc pas évolué, il était resté l’homme de Verdun celui d’une autre époque. Cette période fût donc portée par la collaboration hitlérienne, les déportations de juifs, l’épuration dans l’administration, la dissolution des sociétés secrètes affirmant un pouvoir inconcevable pour un militaire dont l’idéologie s’apparentait avec celle de Pétain, voir mes dossiers sur la Franc-maçonnerie, de la seconde guerre à nos jours, suite 13 et suivantes. Toutes les libertés acquises par les actions syndicales pendant la période de l’entre deux guerres furent interdites sauf celles qui bien entendu plaisaient à ce régime qui venait d’être instauré.

Lire l’excellent document d’histoire économie et société, Vichy la guerre et les entreprises.

La révolution nationale a été portée,

par des réactionnaires, tous ceux qui n’avaient jamais accepté l’après 1936, rêvant d’un retour d’avant même 1870.

Les partisans d’un fascisme à la Française et les réformateurs.

Selon René Raymond le régime de 1940 est plus un contre régime révolutionnaire qu’un régime fasciste. Charles Maurras par le biais de son mouvement l’Action Française construit une nouvelle forme de nationalisme, cette fois de tendance contre-révolutionnaire, en réaction face au catholicisme libéral de Marc Sangnier et au jacobinisme de la IIIème République. C’est ce qu’il appelle le «nationalisme intégral», qui n’est autre que la monarchie qu’il souhaite restaurer.
Marc Sangnier est le pionnier des Auberges de jeunesse en France, il anime un mouvement philosophique «Le Sillon» prêchant un catholicisme démocratique et social en offrant aux ouvriers une alternative à une gauche anticléricale.

Le nationalisme en France dans le jeu démocratique est né en 1870, à l’avènement de la troisième république. À cette époque tous les partis manifestaient ostensiblement des idées nationalistes et anti-allemandes, la Prusse venait de gagner une guerre et avait pris l’Alsace-Lorraine. La version actuelle de l’idéologie nationaliste se mit en place à partir de l’affaire Dreyfus en se teintant de xénophobie et de racisme, elle devint alors d’extrême droite. Le nationalisme d’abord de gauche républicaine patriotique par l’idée d’autodétermination des peuples et des émancipations nationales anti-coloniales et anti-impérialistes devient en 1886 sous un pamphlet antisémite d’Édouard Drumond «La France juive» publié à compte d’auteur devient une revendication d’extrême droite lié à l’antisémitisme et a l’antiparlementarisme et à la critique de la «Gueuse», la république. La droite nationaliste dénonce les quatre états confédérés Juifs, Protestant, Maçon, Métèque, Charles Maurras.

Les partisans d’un fascisme à la Française qui pouvaient être rebutés par certains aspects traditionalistes, cléricalisme, scoutisme naïf, etc….Mais qui pensaient quand même que c’était un premier pas vers un véritable régime fasciste. Ce sont les partisans du Rassemblement national populaire, RNP, de Marcel Déat socialiste, puis néo-socialiste et collaborationniste fondé en février 1941, du Parti Populaire Français , PPF, parti fasciste de Jacques Doriot communiste puis fasciste, et du parti franciste de Marcel Bucard qui fonde le Mouvement franciste.

Les réformateurs, les impatients de la IIIème république et les partisans de solutions politiques et sociales nouvelles, nombreuses à la fin de la IIIème République. On trouve parmi eux des non-conformistes des années 1930, des personnalistes démocrates-chrétiens, des néo-socialistes, des planistes, des jeunes turcs radicaux, des technocrates, etc…. Tous ces milieux ont cependant fourni également à la Résistance de nombreuses recrues, et cela dès juin 1940. Beaucoup ne sont pas anti-démocrates dans l’âme mais veulent juste profiter d’une remise en ordre de la société en juin 1940. Tous ont en commun de penser que la chute de la IIIème République et la disparition de blocages «libéraux» ou «bourgeois» laisse la place à de nouvelles expériences. Leurs solutions sont diverses et parfois contradictoires, vie en petites communautés, coopératives ou corporations, retour à la terre, économie planifiée, pouvoir aux ingénieurs, etc….La révolution nationale est donc un patchwork de ces idéologies, mais il est extraordinaire de constater que beaucoup de nationalistes ont été des socialistes, et certains sont devenus des fascistes.

En politique économique la révolution nationale instaure un régime corporatiste avec la Chartre du travail qui est du paternalisme, elle est fondée le 21 avril 1927 par le Grand conseil du fascisme par la création d’un ministère des Corporations en 1926 sur le rapport entre les travailleurs et les employeurs en Italie. Il faut bien comprendre qu’avant la guerre l’industriel se croyait menacé sur deux fronts, l’ouvrier et la concurrence. Les travailleurs avaient le pouvoir du nombre devant le patronat qui avait le pouvoir de l’État. Les patrons étaient toujours dans la crainte du pire, les grèves géantes de 1936 avaient laissé des traces. Le corporatisme se proposait d’organiser la population active patrons, ingénieurs, techniciens, ouvriers en groupes économiques. Le corporatisme est également un courant politique, apparu au XIXème siècle avec Adam Müller en Allemagne, puis, en France, avec Frédéric Le Play, développé ensuite par le marquis René de la Tour du Pin et le député Albert de Mun, tous deux légitimistes. Pour eux, il s’agissait de rompre avec la liberté de contrat et de subordonner l’organisation du travail, propre à chaque entreprise, à des conseils mixtes composés de représentants patronaux et syndicaux.

La Chartre du travail est promulguée en France le 4 octobre 1941, elle instaure des corporations par branches d’activité dans le but de favoriser l’entente entre patron et ouvriers pour éviter la lutte des classes. Chaque profession doit s’organiser au sein de comités d’organisation qui ont la charge de régler les questions économiques et sociales propres à la profession. En théorie, les comités d’organisation doivent fonctionner de façon tripartite, avec des représentants du patronat, des employés et de l’État. Plusieurs professions réglementées sont organisées ou réformées avec un statut d’ordre professionnel, en particulier l’Ordre des médecins ou celui des architectes créé par une loi préparée par Jean Zay.

Le principe des ordres professionnels est de constituer l’ensemble d’un secteur d’activité national en une société de droit public, appelée ordre, dont les membres sont toutes des personnes physiques qui exercent une profession, c’est à proprement parler la corporation. L’ordre a une mission d’intérêt public qui est de définir une déontologie, des règles de concurrence non commerciale qui sont promulguées par un arrêté du ministre de tutelle, et il est doté d’une juridiction interne qui fait appliquer la déontologie et prend le cas échéant des mesures d’administration provisoire. Elle a un pouvoir disciplinaire sous appel des juridictions administratives. Les corporations ne remplacent ni les syndicats patronaux, ni les syndicats d’employés qui restent chargés de négocier et de faire appliquer la convention collective et de siéger au conseil des prud’hommes.

Un plan de dix ans du régime de 1940 concerne la mise en place des premiers instruments de planification de l’économie par l’État. Le régime de 1940 créé la Délégation Générale à l’Équipement National, DGEN, loi du 23 février 1941, et décide du principe d’un plan, loi du 6 avril 1941. La DGEN présente en mai 1942 un document pour un plan de 10 ans visant un rattrapage industriel et technologique et une urbanisation contrôlée. Ce plan ne prévoit pas de nationalisation, le rôle de l’État étant de stimuler, orienter et financer l’investissement privé, mais non de le remplacer.

Les réalisations issues du régime de 1940 furent limitées. Concernant les grands travaux, mises en valeur de la Sologne et de la Crau, prémisses du pont de Tancarville, tunnel de la Croix-Rousse à Lyon, plusieurs chantiers de barrages hydro-électriques. Au total, seule la «tranche de démarrage» sur deux ans du plan fût lancée mais elle sera reprise par le gouvernement de de Gaulle à l’automne 1944. La DGEN servira pour une part de base au futur Commissariat au plan, avec presque le même personnel.

Pétain va jusqu’à réformer la loi de 1867 sur le fonctionnement des sociétés anonymes en renforçant la responsabilité personnelle du président du conseil d’administration, loi du 18 septembre 1940, et surtout en créant la fonction de président directeur général (P-DG), qui assume l’autorité dans l’entreprise en mêlant les fonctions de contrôle du président et les fonctions de direction générale, remplaçant les anciens président du conseil, au rôle généralement honorifique, lois du 16 novembre 1940 et du 4 mars 1943. Le P-DG doit être une personne physique et est déclaré «commerçant» et donc pécuniairement responsable, loi de novembre 1940. Ces textes resteront en vigueur jusqu’à la loi du 24 juillet 1966.

La suite 41 de la révolution nationale sera sur l’ordre nouveau.

Références,

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C2.A0.C2.BB_du_r.C3.A9gime_de_Vichy
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http://anidom.blog.lemonde.fr/2009/07/16/102-la-franc-maconnerie-dossier-suite-13/
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http://en.wikipedia.org/wiki/Adam_M%C3%BCller
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Commissariat_au_plan
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=EH_057_0111

 

 

 

4 réflexions sur « Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 40 »

  1. [b]Anido[/b],

    n’est-ce pas le [b]Maréchal Pétain[/b], qui a été à l’origine de la création de l'[b]Ordre national des Médecin[/b], ordre qui existe toujours ?

    Puis, grâce à lui, on a également la [b]fête des mères[/b]…

    Bien à toi,

    [b]Dominique[/b]

  2. [b]Dominique[/b] bonjour,

    L’article 44 que je viens de poster évoque les avancées sociales que Pétain à mis en œuvre.

    Bien à toi,

    Anido

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