les réponses du général de gaulle, du général Héring, controverses et analyses.

 

Charles de Gaulle.

«Toute la carrière de cet homme d’exception avait été un long effort de refoulement. Trop fier pour l’intrigue, trop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris qu’il avait des autres. La gloire militaire lui avait, jadis, prodigué ses caresses amères. Mais elle ne l’avait pas comblé, faute de l’avoir aimé seul. Et voici que, tout à coup, dans l’extrême hiver de sa vie, les événements offraient à ses dons et à son orgueil l’occasion tant attendue de s’épanouir sans limites, à une condition, toutefois, c’est qu’il acceptât le désastre comme pavois de son élévation et le décorât de sa gloire […] Malgré tout, je suis convaincu qu’en d’autres temps, le maréchal Pétain n’aurait pas consenti à revêtir la pourpre dans l’abandon national. Je suis sûr, en tout cas, qu’aussi longtemps qu’il fut lui-même, il eût repris la route de la guerre dès qu’il put voir qu’il s’était trompé, que la victoire demeurait possible, que la France y aurait sa part. Mais, hélas ! Les années, par-dessous l’enveloppe, avaient rongé son caractère. L’âge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France».

— Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, l’Appel, 1940-1942 .

«Le testament de Pétain,

Je ne laisse pas de mémoires personnels car j’ai toujours constaté que leurs auteurs trop enclins à se justifier de leurs erreurs, ont, avec la vérité des accomodements qui les rendent pleins d’indulgence pour eux mêmes et très sévères pour les autres».

Réponse à de Gaulle.

Le général Héring.

En ma qualité d’ancien commandant de l’Armée de Paris et président de l’Association pour la défense de la mémoire de Pétain, je crois de mon devoir et de mon droit de redresser un certain nombre d’erreurs d’appréciation commises au préjudice de deux grands chefs, le Maréchal et le général Weygand, voire même d’entorses à la vérité historique qui m’ont douloureusement frappées à la lecture des extraits des mémoires du général de Gaulle parus dans le n°289 de la revue de Paris-Match.

Lorsque le gouvernement a pris la décision en 1940 de faire appel au général Weygand, il s’est souvenu d’une des dernières recomandations du Maréchal Foch,

«si la france se trouvait dans une telle situation je ne vois que Weygand qui pourrait l’en tirer».

Cette décision arrivait malheureusement trop tard. Dès sa prise de commandement le général Weygand se rendit compte de l’extrême gravité de la situation. Vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que j’ai vu et de ce que je souffre m’a-t-il dit en revenant de sa reconnaissance dans le nord.

Loin de se laisser abattre par l’adversité, le nouveau commandant en chef n’en conservait pas moins la ferme intention de lutter jusqu’à l’épuisement de ses forces, ses ordres en font foi,. Les les évènements ne tardèrent pas à le dépasser. Après la capitulation de l’armée Belge et le replit des forces Britanniques, la retraite du groupe des armées du nord s’imposait. C’est alors que le général Weygand prit la décision de jouer la carte de la Somme et de l’Aisne. Entre temps de Gaulle nommé sous-secrétaire d’État à la guerre était venu apporter au commandant en chef le secours de ses conseils l’engageant à retirer l’armée Française d’Afrique du Nord pour continuer la guerre en partant de cette nouvelle base. Le général Weygand accueillit cette proposition par un éclat de rire que l’orgueulleux conseilleur ne devait jamais lui pardonner. La manoeuvre stratégique imaginée par de Gaulle n’était en effet qu’une vue de l’esprit.

  1. Le repli improvisé des Forces Françaises en Afrique du Nord était irréalisable. Les Allemands opérant avec des avants gardes motorisées auraient atteint la Méditerranée avant nous.
  2. Grâce à leur aviation ils auraient coulé la flotte de transport avant même l’embarquement des troupes.

En supposant qu’une partie des Forces Françaises échappant à l’étreinte Allemande, eut réussit à gagner l’Afrique du nord, elle aurait été incapable de faire tête à une attaque Allemande par l’Espagne, attendu que l’Afrique du nord se trouvait démunie de troupes et de moyens de ravitaillement.

En accordant à la France un armistice qui n’était nullement une capitulation, puisqu’il laissait à la France non seulement sa flotte mais une Armée, Hitler a laissé passer l’occasion de porter à la coalision le coup décisif, ses lieutenants pour la plupart le lui ont amèrement reproché. A vrai dire le maréchal Pétain et le général Weygand n’ont jamais douté du caractère mondial que pouvait prendre le conflit. C’est une des raisons pour lesquelles ils n’ont pas hésité à demander un armistice qui, seul, pouvait leur donner la possibilité de reconstituer une armée prête à rependre la lutte dans des conditions nouvelles. Le général de Gaulle en arrivant en Afrique du nord à la suite du débarquement des Forces Anglo-américaines a été trop heureux de pouvoir disposer de l’armée d’Afrique reconstituée par les généraux Weygand et Juin sur l’ordre de Pétain. Dans l’armistice quel eut été le sort des 40 millions de Français livrés à l’envahisseur ? De Gaulle n’a pas partagé les souffrances du peuple Français pendant l’occupation ne peut pas s’en rendre compte. Pour lui les Français n’avaient qu’à faire de la résistance. C’eut été du joli alors que ni les Anglais, ni les Américains ne se trouvaient en mesure de leur venir en aide.

Pour répondre à l’accusation d’ambition sénile portée par de Gaulle contre son ancien chef le maréchal Pétain, qu’il me suffise de rappeler le passage suivant de ma déposition au procès du maréchal devant la Haute cour:

quand je me suis présenté à la villa Sévigné, le lendemain du jour ou l’Assemblée nationale venait de conférer à celui qu’elle considérait comme le sauveur de la France, le titre de chef de l’Etat avec les pleins pouvoirs, j’ai demandé au maréchal, «peut-on vous féliciter ?» – «A titre de martyr seulement» m’a-t-il répondu sans me cacher son émotion.

A sa place un ambitieux se fut contenter de me serrer la main, avec un sourir satisfait. Les mémoires, sont en général écrits pour la plus grande gloire de leur auteur. C’est humain. Encore que l’auteur mette une certaine discrétion dans les louanges qu’il se décerne, et surtout qu’il ne travestisse pas la réalité historique pour appuyer sa thèse. Malgré les bons souvenirs que je conserve de mon ancien collaborateur et ami de l’État-major du maréchal Pétain, il ne m’est pas possible de suivre dans une voie que je réprouve.

«Amicus Plato, sed magis amica veritas»

Le général Héring,

texte paru dans le numéro 292 de Paris-Match le 30 octobre-6 novembre 1954. Tiré de la référence réponse à de Gaulle.

Controverses et analyses.

Au procès Pétain, l’avocat Jacques Isorni avec ses confrères Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen lance la légende du «détournement de vieillard», Pétain aurait été abusé par Pierre Laval qui aurait profité de son grand âge. Sous la IVème République, le RPF gaulliste emploie la fameuse phrase de Charles de Gaulle dans ses mémoires,; «la vieillesse est un naufrage», «la tragédie est que le Maréchal est mort en 1925 et que personne ne s’en est aperçu». L’historien Éric Roussel, entre autres, a montré que ce jugement gaullien n’explique en rien les choix du chef de l’État français, et qu’il n’a en réalité qu’une finalité électorale, pour rallier le plus possible de voix contre le «régime des partis» honni, les gaullistes doivent rallier les ex-pétainistes sans se déjuger de leur action dans la Résistance, d’où cette excuse commode de Pétain par l’âge de l’intéressé. En réalité, comme le montrent Marc Ferro, Jean-Pierre Azéma ou François Bédarida, les choix de Pétain étaient parfaitement cohérents et bénéficiaient d’appuis dans les milieux les plus divers de la société. Yves Durand souligne qu’il bâtissait son régime comme s’il avait du temps devant lui, sans se soucier de la possibilité de sa disparition prochaine. Quant aux fameuses «absences du Maréchal» rapportées par Jean-Raymond Tournoux, Marc Ferro ou Jean-Paul Brunet, il se mettait à disserter soudain sur le menu du jour ou le temps dehors face à des visiteurs, il s’agissait surtout d’une tactique pour éluder les questions gênantes en jouant du respect qu’inspirait sa qualité d’octogénaire. Le journaliste Robert Aron, aurait contribué, selon Robert Paxton, à lancer la légende parallèle de «l’épée et du bouclier», voir l‘article 230 suite 38 Pétain aurait tenté de résister pied à pied aux demandes Allemandes, et secrètement cherché à aider les Alliés, pendant que de Gaulle préparait la revanche, d’autre part, il y aurait un «Vichy de Pétain» opposé au «Vichy de Laval».

Mon analyse eu égard à celle des historiens n’a qu’un poids insignifiant, mais au fil de cette fresque et ayant vécu cette période de la collaboration bien qu’adolescent, et n’étant pas informé, il est évident que Pétain à collaboré, en fait personne ne le nie. Les gesticulations tendant à montrer qu’il y avait deux Vichy ne tiennent pas la route. Ce qui apparaît le plus grave c’est qu’il a laissé faire la persécution des juifs, la solution finale article 240 suite 48 le montre, même son gouvernement a devancé par l’action de Laval ce que souhaitaient les Allemands. Hitler n’en attendait pas tant, mieux même, il n’a rien fait contre la milice qui assassina comme au meilleur temps du régime nazi. Avoir couvert de tels actes, est de la part du maréchal impardonnable. Pourquoi, tout simplement parce qu’il avait la confiance des Français pleine et entière, il les a trompés. On aurait pu espérer qu’il fut le bouclier, qu’il fasse obstacle aux exigences nazies, il put le faire que pouvaient faire les Allemands contre cette volonté, l’emprisonner, ils auraient été bien embarrassés aux yeux de tous les Français qui l’avaient plébiscité.

Il est évident que Pétain était antisémite comme beaucoup à l’époque et que de plus il préférait le régime national socialiste à celui des communistes, il n’était pas le seul, beaucoup n’ont collaborés que sur ce motif.

J’ai eu de la peine lorsque Pétain fut condamné à mort par ce que j’ai toujours pensé qu’il s’était sacrifié par ce que les parlementaires qui lui ont donné les pleins pouvoirs comme les 80 qui les lui ont refusés sont encore plus coupables que lui de s’être défilé devant leurs responsabilités, ce furent malheureusement des lâches.

On ne peut dissocier Pétain de Verdun c’est pour cela que je n’ai pas admis sa condamnation à mort et il faut bien reconnaître que la Haute cour ne lui était pas favorable et que dans le contexte de vengeance l’époque, le jugement ne pouvait être autre chose que ce qu’il fut. En outre, mais cela fait parti de la collaboration dès lors qu’elle est acceptée, la France à non seulement été purgée pas sa dette d’armistice mais aussi par sa main d’œuvre déportée dans le STO et pour le mur de l’Atlantique qui par ailleurs a enrichi les entreprises collaborationnistes. En fait Pétain n’est qu’une victime de ses opinons mais aussi des Français qui lamentablement n’ont pu résister à l’invasion Allemande en 1940, Pétain fut en 1940 une erreur des Français.

Références ,

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichebiblio.php?idPage=7946&idBiblio=1410&idLang=fr

Index général.

C’est avec le plus vif regret, pour les lecteurs de C4N, que l’index général fait, à l’enregistrement, que le texte déborde le coté droit du cadre, cet index est très important, il permet de choisir l’article que l’on souhaite lire, il peut être consulté sur mon blog au Monde.fr.
Fin le 11 mars 2011.