Kadhafi, « Israël », les mercenaires, et le pot au noir !

J’écris « à chaud ». Je n’ai pas pris le temps de tout vérifier. Mais que l’information selon laquelle Kadhafi se serait rapproché de membres du gouvernement israélien pour obtenir des facilités de ravitaillement (en mercenaires, notamment) soit ou non un bobard, cela mérite quelques mises au point.

C’est notamment sur le site du très respecté quotidien suisse La Tribune de Genève que sont apparues diverses contributions laissant entendre que le fils de Kadhafi aurait approché des autorités israéliennes pour créer une sorte de parti « juif » libyen et que des officines israéliennes faciliteraient (comment au juste ?) le transfert de mercenaires africains vers la Libye.

Lu en réaction : « Cette "info" est HOAX ! je met au défi son auteur de donner des liens vers ce soi-disant article de Yediot Aharonot ou d’un média israélien ou international traitant de ce sujet ! lamentable et pathétique mais tout de même hilarant, j’imagine déjà le tapage que vont faire les escrocs en tous genre sur des blogs ou des forums avec cette dernière mouture de la campagne de calomnie contre Israël, les pauvres, ils sont aux abois ! ».
Effectivement, j’ai fait des recherches d’abord sur le site en langue anglaise de Yediot Aharonot. Rien trouvé, mais c’est « normal » car ce serait un énigmatique journaliste de ce titre qui se serait confié à la chaîne Al Jeezera. Donc, rapides recherches sur le site de la chaîne. Je n’ai rien trouvé. Peut-être n’ai-je pas su assez chercher, on peut l’admettre.

Peu importe (figure de style). Paris n’est pas la France, et si le gouvernement français « est » Nicolas Sarkozy, ce dernier n’est pas l’État de la France, et l’État français actuel n’est pas la nation française. Kadhafi, faut-il le remémorer aujourd’hui ? n’est pas la Libye. Et le gouvernement actuel israélien n’est pas Israël, et il ne représente pas toute la nation israélienne. Point.

J’accrédite le fait que beaucoup de gouvernements veulent que leur main droite ignore ce que fait leur main gauche, et je ne voudrais pas exclure totalement que certains, en Israël, en dépit du passé, en dépit du renvoi de futurs (actuels à présent) Israéliens ou Italiens (majoritairement) de la Libye par Kadhafi, en dépit de la propagande de Kadhafi visant à assimiler des berbères à des agents sionistes stipendiés par Israël, &c. (pour faire vraiment court), puissent estimer qu’un Kadhafi est un moindre mal. C’est même compréhensible. Nous n’avons pas, en France, de leçons à donner : nous avons soutenu (en notre for intérieur ou autrement), pour beaucoup d’entre nous, pas forcément une majorité (la plupart avaient d’autres préoccupations ou pensaient différemment, ou l’inverse),  qu’un Ben Ali était préférable à un ayatollah iranien, par exemple.

On peut s’attendre à tout de la part de nos dirigeants politiques, où que nous soyons. Pas forcément de tous nos dirigeants politiques. Encore moins, espérons-le, de celles et ceux qui veulent les remplacer. Admettons, pour les besoins de l’exposé, qu’une fraction de dirigeants israéliens aient donné leur feu vert à je ne sais quelle facilitation profitant à Kadhafi.
Et alors ? Cela ferait-il de certains dirigeants israéliens, qui ont aussi aidé l’Afrique du Sud d’avant la fin de l’apartheid, des gens pires qu’ils ne le sont ? Au contraire, cela ferait-il des démocrates israéliens des complices objectifs de ce genre de tractations ?

Avons nous toutes et tous été, en France, et sommes-nous restés, des sympathisants des dictateurs des pays du Maghreb ? Celles et ceux d’entre-nous appartenant – de plus près ou de très loin – aux diverses communautés ou organisations juives plus ou moins que d’autres ? Allons donc ! Qui peut répondre à ces questions de manière tranchée ?
Nous vivons des moments qu’un futur Malaparte décrira peut-être en « scribe flamboyant d’une apocalypse » (Igor Capel dans Le Canard enchaîné).

Mohamed Ftelina, qui a fait état de ces informations sur un blogue de La Tribune de Genève, est peut-être sincère, peut-être manipulé. Je ne sais. Autre réaction à ses écrits : « Les services postaux du Libéria, de la Gambie et du Sierra-Léone émettront simultanément un ensemble de trois feuillets postaux mardi, à la mémoire de 12 juifs qui ont combattu l’apartheid et le racisme en Afrique. ». L’Afrique du Sud de Mandela a fait de même. Alors, ne serait-ce que pour la mémoire de ces douze personnes, qui étaient peut-être sionistes (des origines ? selon ce que reflète la perception actuelle dominante du sionisme ?), soyons circonspects et surtout sincères. Et ce n’est pas un bobard, ni même une information vérifiée, qui doit nous détourner d’un examen en conscience.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

6 réflexions sur « Kadhafi, « Israël », les mercenaires, et le pot au noir ! »

  1. Lu sur le site du réseau Voltaire :
    « [i]Le gouvernement israélien ne saurait donner d’autorisation officielle à Global CST pour intervenir en Libye alors que le Conseil de sécurité s’oppose à tout soutien militaire étranger au colonel Khadafi. Global CST se trouve donc chargé d’une mission officieuse qui contrevient à la loi israélienne, ce qui explique la vigueur de son démenti. [/i]».
    Voir aussi le démenti de CST.
    « [i]Le 5 mars 2011, un article ridicule, faux et diffamatoire a été publié sur le site de Voltair [N. d. T. Faute dans le texte original] (http://www.voltairenet.org/article1…) affirmant prétendument que[/i] « Global CST a pour l’instant fourni 50 000 mercenaires africains au régime de Khadafi pour s’opposer aux manifestants anti-gouvernement en Lybie. ».
    Tant bien même (je n’en sais strictement rien), CST aurait agi de la sorte, dire que cette société avait l’aval de l’ensemble du gouvernement israélien est très certainement une exagération, et avancer que la nation israélienne approuve est une contre-vérité.

  2. Rigolo : cette contribution a valu à [i]Come4News[/i] une pub de [url]www.otisrael.com[/url].
    C’est bien la preuve que je suis un agent sioniste ! 😉

  3. En effet, c’est drôle de constater que dès qu’une info dessert le gouvernement d’Israël elle est suspectée d’être une intox! Pourtant dès les premiers crimes sur la population perpétrés par les pro kadhafi, un pilote libyen a témoigné de la présence de mercenaires entraînés par Israël. Puis deux pilotes d’origine syrienne mais citoyens d’israël ont été arrêtés.
    Puis Kadhafi accuse al qaïda, argument suprême employé par certains autres quand la vérité ne peut plus être évitée!
    [url]http://leruisseau.iguane.org/spip.php?article777[/url]
    [url]http://www.planetenonviolence.org/Une-Societe-Israelienne-De-Trafic-D-Armes-et-Mercenaires-Africains-Global-CST-Vole-Au-Secours-De-Kadhafi-Israel-Sur-Le_a2382.html[/url]

  4. Pour Najia Plumett :
    Vous savez, la nationalité israélienne n’est parfois pas trop difficile à acquérir. Si tous les ex-Soviétiques, voire les ex-Roumains aussi, qui ont acquis la nationalité israélienne étaient aussi juifs que des Papous, cela n’en ferait pas moins des Israéliens munis de passeports. Par ailleurs, l’armée, la marine et l’arme de l’air, la police israéliennes forment vraiment beaucoup de monde de par le monde. Peut-être pas les militaires de la Corée du Nord, mais bon.

  5. A propos de nationalité :la police disperse une manifestation d’apatrides au Koweït

    Les forces anti-émeutes au Koweït ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes des centaines d’apatrides arabes qui manifestaient vendredi à Jahra pour réclamer leur naturalisation, ont indiqué des témoins.

    Quelque 500 protestataires s’étaient rassemblés à Jahra, à l’ouest de la ville de Koweït, après la prière du vendredi, en dépit d’une ferme mise en garde du ministère de l’Intérieur la veille.

    [u] »Nous sommes apatrides depuis 50 ans,[/u] nous réclamons la citoyenneté koweïtienne », proclamait une immense banderole, alors que les manifestants répétaient: « nous ne partirons pas sans une solution ».

    D’autres protestataires ont également manifesté à Soulaibiya, au sud-ouest de la ville de Koweït, et dans la cité pétrolière d’al-Ahmadi, au sud de la capitale.

    [b]Les apatrides, appelés Bidoun[/b] (littéralement: sans) avaient protesté pendant trois journées consécutives le mois dernier avant d’obtenir des assurances des autorités que leur cas serait examiné. Mais le Parlement a refusé mardi de débattre d’un projet de loi qui leur accorderait des droits civils.

    Les apatrides, estimés à 100.000 personnes, revendiquent la citoyenneté koweïtienne mais le gouvernement considère qu’ils cachent ou ont détruit leurs documents d’identité qui prouvent qu’ils portent d’autres nationalités.

    Toutefois, la plupart des Bidoun soutiennent que leurs ancêtres bédouins n’ont pas demandé la nationalité en 1959, quand la première loi sur la naturalisation a été adoptée au Koweït.

    Ces personnes ne bénéficient d’aucun droit au Koweït. Elles n’ont pas accès aux services publics, comme l’éducation et la santé, dont les Koweïtiens bénéficient gratuitement. (belga)

    11/03/11 15h31

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