Petit espionnage entre amis

 L’esprit Canal, on l’a ou on ne l’a pas. C’est une philosophie de vie. La déconnade, l’anti conformisme, l’esprit rebelle, bref, ne pas rester dans les sentiers battus. Enfin ça, c’était avant.


Avant que l’on voit débarquer dans les couloirs de la chaîne, des cadres coincés, la raie sur le côté, tous proprets et ne pensant qu’à faire de l’argent. Des personnes austères instaurant un climat à leur image.


Jeudi, ces mêmes personnes ont été mises en discrédit par la justice. L’affaire Bruno Gaccio, un des pères des « Guignols de l’info », a repris son cours. Un journaliste un peu trop audacieux, ça gène, ça fait peur, faut s’en débarrasser.


C’est apparemment ce que s’est dit Pierre Martinet, ancien chef de la sécurité de la chaîne. Bien sûr, les ordres, il le recevait d’en haut, de Gilles Kaehkin et de Gilbert Borelli, des cadres de Canal.


Dans la sentence qui est tombée, ils ont été respectivement condamnés à 10.000 euros et 1 an de prison avec sursis et la même amende suivie de 15 mois avec sursis. La chaîne, ignorant tout de cette histoire, échappe à une quelconque punition.


Faut dire qu’ils n’y sont pas allés de main morte afin de lui mettre des bâtons dans les roues. Les techniques discriminatoires dignes de l’ancienne Allemagne de l’Est ont encore des beaux jours.


S’asseyant sur la vie privée de Bruno Gaccio, ils ont mené une vaste enquête à son sujet au début des années 2000. Collectes des « fadettes », des mails, des appels téléphoniques, filatures de la femme et des enfants et même, visite inopinée au domicile du journaliste.


L’affaire était rondement bien menée car il n’y a vu que du feu. Il a fallu le livre de Pierre Martinet pour qu’il sache la vérité. Un livre en guise de repentir. L’ancien agent avoue même qu’il avait reçu l’ordre de lui « casser les jambes » afin de l’empêcher d’exercer son métier. Voire pire encore, monter de fausses accusations de trafic de drogue, notamment de la cocaïne.


Accusation facile, à croire que tous les journalistes sont comme Delarue, le nez dans la poudreuse. Alors pourquoi une telle haine envers M.Gaccio ? Tout simplement pour avoir été trop subversif. Bruno le Frondeur menait une révolte interne pour protester contre le licenciement abusif de Pierre Lescure, l’un des créateurs de l’esprit Canal. Bruno le rouge critiquait également, de façon très ouverte, la gestion calamiteuse de Jean Marie Messier.


Heureusement, la fin de l’histoire se termine bien. La liberté d’expression a été respecté. La bavure faite à Bruno le poil à gratter, a été enfin réparée.