A l’occasion de l’annonce du projet de loi Fioraso sur les universités, l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a accordé une interview au Monde, où elle dévoile sa conception des besoins de la Faculté française. En désaccord avec l’actuel gouvernement, la députée des Yvelines annonce qu’elle prônera un retour à l’autonomie, si l’opposition revient au pouvoir en 2017.

Selon Valérie Pécresse, le projet Fioraso risque de diminuer l’autonomie de l’université en subtilisant le pouvoir des directeurs au profit des syndicats. Elle considère que le futur gouvernement de 2017 devra revenir sur cette loi :

 

« Le gouvernement est contradictoire. Il prétend défendre l’autonomie des universités, alors qu’en réalité il donne le pouvoir aux syndicats. C’est un retour en arrière ! Donc, oui, en 2017, il faudra refaire une loi pour repartir en avant vers plus d’autonomie. C’est évidemment malheureux que le gouvernement détricote ce qui a été fait précédemment. Cette politique du yo-yo est préjudiciable à l’université. »

 

L’ancienne ministre souhaite également mettre en avant le Think Tank qu’elle a lancé, le Labo des idées, et présenter les premières idées qui en sont issues, comme l’orientation sélective, une nouvelle manière de déterminer l’orientation post bac des élèves :

 

« Tout bachelier est assuré d’avoir une place à l’université. Mais pas n’importe où.
L’orientation sélective va avec l’obligation pour les universités, de mettre en place des parcours différenciés adaptés pour les bacheliers les plus fragiles. Il devra leur être proposé de faire une licence renforcée, par exemple en quatre ans comprenant une année de consolidation des acquis, avec bien sûr la possibilité de rejoindre la licence rapide en cours de route. Quant au bachelier professionnel sans aucune chance de réussite, il ne doit pas être admis mais réorienté vers une STS [section de technicien supérieur, NDLR] par exemple. Au recteur de garantir à tout bachelier de l’académie son inscription dans une filière de l’enseignement supérieur. Grâce au « plan licence », certaines universités ont déjà mis cela en place. L’université Assas, par exemple, reçoit chaque année 300 lycéens dont on sait, à leur inscription, qu’ils ne passeront pas la première année. L’université a donc mis en place un dispositif renforcé : la licence de la réussite. Grâce à lui, Assas en récupère 100 sur 300. »

 

Enfin, Valérie Pécresse a présenté le « chèque étudiant », une nouvelle forme de financement des facultés, également  proposé par le Labo des idées :

 

« L’idée est de mettre en place un financement de l’université à la performance. En matière de recherche on sait faire, car il existe des évaluations. En matière pédagogique et d’insertion professionnelle, c’est plus difficile. Cela produit des situations aberrantes : des universités anciennes qui perdent des étudiants depuis des années voient leur dotation inchangée, quand des établissements plus jeunes, procurant une bonne insertion professionnelle et gagnant des étudiants chaque année, n’obtiennent pas un budget en proportion. »