Voila trente ans que Paul Biya, 80 ans, est à la tête du Cameroun. Lui, qui dès ses premières heures au pouvoir s’était présenté aux Camerounais comme ce messie qui allait en un temps record  faire de ce pays d’Afrique centrale un paradis terrestre.

C’est ainsi qu’il a choisi pour slogan politique «  rigueur et moralisation » ; une façon pour lui de rompre totalement avec « l’anarchie » qui a régné tout au long du règne de son prédécesseur et parrain Ahmadou Ahidjo.  Mais alors, trente ans plus tard, peut-on dire que Paul Biya a tenu promesse ? Non !  Bien évidement …

Bien au contraire, le Cameroun qui dans les années 80 n’avait rien à envier à certains pays occidentaux n’est devenu que l’ombre de lui-même : avec une jeunesse vouée au chômage, une administration gangrénée par le népotisme, la corruption, le tribalisme et l’inertie totale.

Un état de choses que Paul Biya  a lui-même mainte fois reconnu et décrié dans ses discours. Egalement, bien que le valeureux fils de Mvoméka’a ait pu instaurer la démocratie dans son pays à l’aube des années 90, celle-ci  reste très superficielle et même apparente.

Au moment où son parti s’apprête à fêter le 06 novembre prochain son accession au pouvoir, il convient pour lui de savoir qu’il a carrément échoué à la tête du Cameroun. D’ailleurs, la trentaine de ses plus proches collaborateurs qui séjournent  à ce jour derrière les barreaux pour corruption et crimes économiques en est la parfaite illustration.

Il est certes vrai qu’il tente depuis quelques temps de se montrer  très attentif aux problèmes des camerounais ; mais, ne serait-il pas un réveil trop tardif ? Sinon, à 80 ans, comment réussirait-il à faire ce qu’il n’a pas pu faire en trente années de pouvoir sans crise institutionnelle majeur ?

Le moment est donc venu pour les militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais son parti de comprendre que leur leader est passé à coté de sa mission. Aussi, devraient-ils dès à présent étudier comment ils peuvent faire pour pousser leur mentor à une retraite méritée. Car il y’a un temps pour tout ; et après l’heure il n’est plus l’heure. Bon anniversaire monsieur le président !