La presse reprend depuis hier une information révélée par lepoint.fr, au conditionnel, disant que Patrick Binet, patron de TF1 international, se trouve depuis jeudi matin en garde à vue. Un cadavre aurait été retrouvé à son domicile et les journaux citent régulièrement une source policière.
Cette information ne peut que faire jaser. Ces journaux évoquent aussi une "partie fine", l'on apprend par la même occasion que l'homme aurait recruté deux autres hommes sur internet, pas forcément au conditionnel cette fois-ci, que la victime serait décédée d'une surdose de GHB, la "drogue du violeur" et qu'elle était chef du bureau du cabinet de Christine Albanel, mais aussi que "la piste criminel ne serait pas privilégiée"…

Une telle information ne peut qu'être lue et reprise par tous. Patrick Binet n'est pourtant pas si connu en dehors de son propre milieu et sa vie privée n'a aucune incidence sur celle d'autrui en général, quant à son travail, la presse nous apprend également que l'homme est compétent et reconnu. Nous ne savons pas s'il est personnellement responsable de la mort de la victime, tout ce que nous savons pour le moment, c'est que le corps a été retrouvé à son domicile et dans quelle circonstance elle serait décédée, mais tout provient toujours de cette fameuse source policière dont on ne sait rien.
Pour le lecteur donc, même si tout n'est que suggéré, nous apprenons par la même occasion l'homosexualité (présumée ?) de ce patron de TF1, grâce à cette fameuse source policière. Tout cela fait beaucoup pour un pays dans lequel la vie privée est sensée être protégée et où la présomption d'innocence devrait jouer. C'est toute la vie d'un homme qui défile dans les journaux. A-t-il été mis aux arrêts par la brigade des moeurs?
L'affaire est sans doute fort sérieuse : ce n'est pas tous les jours qu'un cadavre est retrouvé dans un domicile personnel. C'est peut-être Patrick Binet qui a prévenu les services de police, nous n'en savons rien. Mais sérieuse ou pas, que l'homme soit relâché ensuite ou accusé, tout cela le suivra à long terme. On chuchotera derrière lui : "vous savez, c'est le type qui avait "recruté" des hommes sur internet, etc, etc…" tout en rappelant son homosexualité. Après tout, ce chef de cabinet a peut-être simplement fait une crise cardiaque comme cela peut arriver, mais le reste ne nous regarde pas tant.
D'aucun chuchote sans doute derrière tous les hommes dont les affaires ont été mises sur la place publique, la sex-tape habillé en nazi, le harcèlement de call-girl, les amours négociés d'un homme politique américain, etc, etc, toutes ces affaires pas forcément honorables pour les hommes évoqués. La presse pourrait peut-être s'en tenir à l'information générale, même si par ailleurs elle est aujourd'hui en difficulté, il n'est pas dit qu'il est à son honneur de reprendre ce type d'information.