PATHE recadre ses tarifs

Le Cinéma : Art ou Divertissement ? Les scénarios divergent…

Certains aiment à voir le cinéma comme un Art populaire qui enjamberait les barrières des classes… 

95 % des Français sont allés au cinéma au moins une fois dans leur vie. Et la fréquentation des salles obscures est brillante… Si les chiffres de l’année dernière sont en deça de ceux de 2011, ils restent malgré tout très parlants, et « nettement au-dessus du niveau moyen des dix dernières années, avec une quatrième année consécutive au-delà du seuil des 200 millions d’entrées », se réjouit le CNC ! Prix spécial pour le cinoche hexagonal, qui fait bonne figure !

Vu cet effet de masse, comment alors, ne pas considérer le cinéma aussi, comme un divertissement ? Ne jouons pas sur les mots, ne philosophons pas trop, stoppons-là l’analyse, c’est clair : Nous aimons qu’on nous raconte des histoires, de grandes et belles histoires, qui se jouent sur un écran géant tout blanc ! Nous avons besoin de rire, de pleurer, de lâcher prise, d’avoir peur aussi (si l’on sait que c’est « pour de faux »). Alors, le cinéma, comme simple « divertissement », on prend ! Le cinéma est un mélange de tous les arts nés avant lui : théâtre, musique, littérature, peinture… Un art quand même, mais un art « impur »….Qu’importe, nous aimons à nous encanailler, et ne craignons point pour notre réputation…

A l’heure où l’on débat sur le salaire des acteurs français (enfin, là, un peu moins, car l’avenir du mariage généralisé faisait la Une), je m’en vais séance tenante, quémander vos avis : Etes-vous pour un cinéma « à 2 vitesses » ? Il ne s’agit pas bien-sûr de voir le film, soit en accéléré (pour les intelligents) ou en mode ralenti (pour les « lents ») ! Non, la question est de savoir si l’idée de pouvoir « payer plus cher » pour être « mieux assis «, vous dérange.

Bien-sûr, à l’époque des frères Lumière, les premiers spectateurs étaient des bourgeois. Un public aisé, donc, qui ne tarda pas à zapper ce loisir, qui devint finalement, une occupation populaire, universelle. Mais le peuple verrait-il d’un bon œil, que les sièges les mieux placés et les plus confortables, soient réservés à ceux qui donnent deux ou trois pièces de plus ?

Ce service « prémium » est désormais proposé par le Pathé Wepler, place Clichy, à Paris.  Dans cette salle, chaque spectateur (y compris les détenteurs d’abonnements Pathé) doit débourser un euro supplémentaire pour avoir droit à une qualité d’image et de son « extra-ordinaire »…

Ensuite, pour s’asseoir, en couple, à des places « duo », pouvoir laisser traîner ses grandes jambes, et relever les accoudoirs, il faut payer 2 € supplémentaires.  

Pour 3 €, vous avez accès aux sièges « premium » inclinables (donc, vous embêtez les voisins de derrière ?), à l’assise de 65 cm de large (59 cm pour les sièges « normaux »)…

Précisons aussi qu’un film diffusé en 3D ne sera en aucun cas exonéré de la taxe de 2 € exigible partout, pour la location des lunettes…   

Alors, fauteuil gris, VIP, numérotés ? Ou fauteuil rouge par dépit ? Vous avez le cul entre deux chaises ? Il va bien falloir trancher…

Le PDG de Gaumont-Pathé a-t-il lancé un pavé dans la mare ? Une énorme araignée sur la toile ? Il affirme que le supplément exigé couvrira en partie les frais d’investissement, énormes pour une telle salle…   Une « abonnée », elle, se dit « outrée qu’en temps de crise, Pathé puisse prendre une telle décision, qui nuit gravement au cinéma, art populaire, et accessible à tous »…. Ah, zoom arrière… Nous y revoilà ! Le Cinéma, art ou divertissement ? Populaire, ou pas ?

Le PDG de Gaumont-Pathé est, quoiqu’il en soit, fermement décidé et convaincu. Il ne fera pas « relâche ». Ces tarifs premium seront à l’affiche dans deux multiplexes de Caen, et dans le centre commercial Beaugrenelle à Paris. Il parait même qu’une salle hyper moderne de Chambéry, a eu droit à son avant-première tarifaire… Autrefois, les « cinémas théâtres » fonctionnaient ainsi. Retour au temps jadis, donc. Mais, était-ce mieux avant?

Indignée à l’écoute de l’info (je vois le cinéma comme un art « populaire », sans doute, donc, à la portée de chacun, en principe), je suis maintenant plus « mitigée ».  Je me dis qu’il y a des premières et des secondes classes partout….  Sur les rails, dans les airs, dans les théâtres, les salles de concerts, jusque dans les rayons des supermarchés…. Tous les jours, à toute heure, on a les moyens, ou pas.  On a les divertissements qu’on peut. . . Alors, je m’incline…Tant qu’on nous laisse la possibilité de voir tous la même chose…

FIN