Pour me faire déserter mes bars à zinc et tables en Formica™ (enfin, cela devient une image…), pour un rade d’aspect « djeun », il faut s’y prendre dès avant potron-minet. J’ai mis quelques mois à découvrir, vers le haut de la rue Saint-Martin – soit près de la porte Saint-Martin – le très « californo-parisien » Whispers, genre établissement à cocktails, tapas, de ceux que je fuis d’habitude. Et puis, petit à petit, on les y prend, au Whispers, ses habitudes. Mode chuchotis, confidences sur une bonne adresse.

Bonne nouvelle, près de la métropolitaine station homonyme, le Sully a remis au frais une poire williams.
Certes, elle a pris cinquante centimes de pire au verre, mais elle est fort buvable…
Plus onéreuse, celle du Whispers est aussi incontestablement meilleure, et servie comme elle l’était au Quid (qui rouvre, rue de l’Échiquier, en bar-snack bio ou produits du terroir).
Soit comme il se doit et s’apprend à Lausanne, par exemple… ou en diverses écoles hôtelières (refroidir le verre, jeter les glaçons…).

Le Whispers se situe face à un restau convenable, très nouvelle tendance, que je tenterai peut-être. C’est à quelques pas de la rue Blondel, la très fréquentée perpendiculaire à la rue Saint-Denis, où l’inversement célèbre à sa toute petite surface Aux Filles (le bien-nommé) vient de changer de propriétaire.

Venant du Sully ou des Filles (de joie, faisant relâche), le changement d’ambiance est drastique. Terrasse, mais dans une rue calme fort peu passante le soir, tables hautes à tabourets, long, très long bar, et un choix étonnant, s’étirant derrière, d’apéritifs, digestifs, régionaux, internationaux, reflétant l’éclectisme de la carte des vins (de 3,50 à cinq euros au verre), de provenances françaises, nord et sud-américaines, italiennes et autres.

L’accueil est professionnel et sympathique (et même chaleureux à l’usage). Question restauration, je vous laisserai juge (voir la carte sur le site whispersbar.fr), mais vous conviendrez que la formule déjeuner est fort abordable, et concurrence largement n’importe quelle eaterie ou même rapido-presto-boustifo-dégueu-salutant-ausuivantum du secteur.

Ce qui frappe, c’est que, contrairement à trop de bars d’implantation récente dans le quartier élargi (je pense à deux sur les trois de la rue de Mazagran), le « jeunisme » n’est pas impératif au Whispers. C’est peut-être dû à la fréquentation, tôt en soirée ou pour le café du matin, des commerçants des rues Meslay (où, à mon goût, les chausseurs laissent à présent un peu trop de place aux « sapeurs ») et Notre-Dame-de-Nazareth. Ou plutôt à ce que l’adresse n’est pas déjà envahie par une foule compacte et beaucoup plus hétérogène (en classe d’âge, catégorie CSP, apparences) que la diversité des langues entendues le laisserait présager.

Du dimanche au mardi soir inclus, l’établissement ferme à minuit pile (ou presque), et le lendemain matin à l’heure habituelle des licences V (01 h 50 ou 55, vraiment tapantes, habituellement).

J’apprécie qu’on puisse facilement engager la conversation avec une clientèle sympathique, mais qu’il soit encore possible de s’entendre et converser à l’intérieur sans avoir à hausser la voix ou se compresser entre soi.
Encore que… je n’ai pas tenté le créneau 16-21 heures (celui des happy hours qui mixe aussi snacks, assiettes de charcuterie, desserts, et boissons, ce qui semble une fort bonne initiative, surtout passées 20 heures).

M’ont séduit : accueil, compétence, ambiance, décor, localisation, et surtout choix. À présent, surtout à l’étranger (qu’irais-je faire au bar du Ritz ou du Lutetia si je n’y étais convié à la faveur d’une remise ou de prix ou de je ne sais quel événement ?), même les bars des hôtels quatre-cinq étoiles se contingentent à un choix n’étant étendu que pour des whiskies (scotchs dominant) et des vodkas, ayant même rayé de la carte des spécialités locales. Le Whispers rivalise sans complexe, avec un choix élargi.
Sauf que, pour Paris, les prix restent raisonnables, même en terrasse (surtout pour les tapas, les formules, les bières, auxquelles je ne m’intéresse plus, mais qui m’ont semblé convenables). Une adresse adroite, donc, et même réellement imaginative… mais sans prétentions chichiteuses, juste dans la bonne note.