Les français méritent bien qu'on se moque d'eux, ils l'ont suffisamment prouvé. D'ailleurs, ne comprenant que rarement ce qui est bon pour eux, les français ont besoin de chaperons, en la personne de leurs dirigeants : ils ne peuvent se passer d'eux et ne sauraient en changer, ni même tenter de les remplacer!

La preuve : il y eut le référendum sur le traité constitutionnel, à l'occasion duquel les français seraient devenus les moutons noirs de l'Europe par leur "non", avant que le gouvernement ne tranche : l'on avait estimé en haut lieu que les députés étant élus au suffrage universel, les français étaient dignement représentés. La copie du traité, dite "de Lisbonne", sera adoptée, bien au-dessus d'eux. 

Mais s'il n'était pas faux de dire que les français étaient représentés, l'acte était politiquement malhonnête et consistait à s'assoir sur le référendum. Tant pis pour les électeurs, ils l'avaient bien cherché. Ils en avaient redemandé. On avait rapidement conclu qu'ils souhaitaient ce traité car plus rien ne s'y opposait, les points litigieux étant contournés, après une écoute "active" des réclamations du bon peuple. Nous avons une chance folle d'avoir des élus si attentif, qu'ils comprennent aussitôt, à demi-mot, sans nul besoin de nous entendre.

C'est aussi ce que fait aujourd'hui la mairie de Paris, qui n'ignore nullement

que les parisiens ne veulent pas de tours dans leur ville, mais qui souhaite imprimer sa marque sur le paysage parisien. Paris aura ses tours, qu'il le veuille ou non. Mieux encore : il aura ses tours et il le voudra, et s'il n'est pas d'accord, Il le voudra malgré lui, comme naguère les français avec leur traité.

Ne disons bien sûr pas le contraire : la question des tours se pose légitimement. Paris n'est pas extensible et manquera, tôt ou tard de place. Pour solution, la ville peut s'étendre en hauteur, à défaut, il lui faudra prendre du terrain sur la proche banlieue. D'autant que les tours ne concerneront pas le centre-ville. C'est une option, dans une ville qui manque de logements et notamment, de crèches.

Mais voila, les parisiens ne le veulent pas. Pas de tours à Paris. Paris n'est pas une ville en raideur comme New-York… elle veut rester comme elle est.

Aussi la mairie ne recule devant rien. C'est avec un aplomb sans faille qu'elle communique sur le sujet. Paris a déjà des tours nous dit-on. Tenez, la tour Montparnasse n'est pas une tour peut-être? Bien sûr que si c'est une tour et une belle même! Les parisiens la connaissent bien qui y montent volontiers!

Mieux encore : Paris possèdent deux tours sur l'île de la cité, et on vient du monde entier pour les visiter! Les parisiens les aiment aussi ces tours! Mais si! Les tours! Mais voyons! Mais si, vous le savez! Notre-Dame, ça ne vous dit rien? 62 mètres!

Puis comble de mauvaise foi, on annonce désormais aux parisiens, qu'en réalité, leur désir de tours est bien là, présent au fond d'eux-même, sans qu'ils ne le soupçonnent. C'est dans leurs trippes vous dit-on! Oui, suite à un sondage, les parisiens l'ont admis : ils souhaitent plus de logements, plus de social. et qu'est-ce que c'est si ce n'est pas un désir de tour cela, gros comme une maison, haut comme une tour? Ils les veulent vous dit-on!

Eh bien, que les parisiens ne s'inquiètent pas : leurs tours, objet de tous leurs désirs, ils les auront! N'en doutons pas, et tout cela dans les règles les plus strictes de la démocratie… Et ils seront heureux de les avoir, leurs tours… On les sondera pour le dire…