Bien que le parti socialiste français le condamne, Laurent Gbagbo garde au sein de certains cercles du PS un certain crédit et quelques soutiens. Car jamais l’intransigeance de secrétariat national vis-à-vis du président ivoirien ne fut totalement incontestable dans les rangs du parti.

Toujours très en difficulté quant à la question de son homogénéité idéologique interne ou au moins de sa discipline apparente vis-à-vis de l’extérieur le PS pourrait bien trouver avec le cas ivoirien un énième point de discorde.

Historiquement la Cote d’Ivoire a toujours été un sujet délicat au sein du parti. Mais les évènements récents enveniment un peu plus le débat. Même si officiellement la direction du parti a depuis longtemps fait preuve de courage vis-à-vis de Laurent Gbagbo il n’est pas sure que tous les historiques de la rue de Solferino soient près à se montrer si sévère vis-à-vis de l’ancien historien de tradition marxiste.

En effet rappelons que François Hollande avait dès 2004, soit un an avant les accords de Marcoussis, jugé Gbagbo « infréquentable ». Encore récemment Martine Aubry l’appelait à « respecter le choix de son peuple » qui venait de choisir Alassane Ouattara.  Encore aujourd’hui le site du parti inscrit dès son portail un lien conduisant vers une vidéo dans laquelle David Assouline,  secrétaire national à la communication et à la mobilisation, invite le président sortant à céder le pouvoir.

Là est le discours officiel, mais ce dernier n’interdit pas l’existence de divergences entre les membres du parti. Le camarade Gbagbo et son parti le FPI (Front Populaire Ivoirien) continuent de bénéficier  d’une véritable empathie de la part de certains responsables. Fait de déni de réalité obsessif et d’amitié sincère cette posture trouve, bien évidemment, en Guy Labertit l’un de ses plus illustres représentants. Responsable au sein du parti de la politique africaine treize ans durant ; démissionnaire de ce poste en 2006, officiellement pour des raisons autres que le cas ivoirien, Labertit est celui qui accueillit Gbagbo dans un HLM du Val de Marne lorsque ce dernier, encore jeune opposant démocratique inflexible d’Houphouët-Boigny, vint s’exiler en France au début des années 1980.

Autre soutient notable du « président » ivoirien Henri Emmanuelli que Gbagbo surnomme son « jumeau blanc », en référence à leur date de naissance (31 mai 1945) commune.  Bien qu’aujourd’hui le blog du député des Landes reste étonnement silencieux sur le cas ivoirien n’oublions pas que récemment encore ce dernier dénonçait au sujet de ceux condamnant Gbagbo des « donneurs de leçons ». A l’origine, selon lui, d’une « campagne de suspicion et de dénigrement » à l’encontre de Gbagbo et du FPI.

Enfin impossible visiblement de dénoncer certaines des incohérences du PS sans en passer par la case Jack Lang. De tous le plus opportuniste ou ambivalent, c’est au choix de ses antipathies.  Début novembre l’élu du Pas-de-Calais se rendait en Cote d’Ivoire pour y prononcer un discours tout en exagération stylistique et élogieuse. Il y parlait de « son cher Laurent » qu’il remerciait pour son « engagement pour la démocratie ».

Six semaines plus tard, le 5 décembre, c’est encore lui qui, dans une lettre, priait son ami de se « retirer ».