Des chercheurs n’hésitent plus «à faire du sentiment» avec nos «frères inférieurs» qu’ils observent. L’éthologie, une science parfois décriée, mais qui gagne ses galons.
«Je crois avoir trouvé le lien manquant entre le chimpanzé et l’homme civilisé : c’est nous !», déclarait avec ironie Konrad Lorenz, un scientifique autrichien qui a révolutionné la manière de voir nos amies les bêtes. Et si la joie, la jalousie et la dépression n’étaient pas réservées aux humains ? L’éthologie, pour faire (très) simple, étudie le comportement animal. C’est une science transversale qui chevauche des disciplines comme la biologie, la sociologie, la psychologie…
Nombre d’esprits trop cartésiens refusent d’attribuer des sentiments, des états d’âme ou des humeurs aux animaux. Descartes pensait que l’animal était une machine dépourvue d’émotions. Pavlov faisait saliver des chiens aux réflexes conditionnés en déclenchant une sonnerie. Pourtant, depuis Konrad Lorenz (fondateur de l’éthologie moderne avec Niko Tinbergen, prix Nobel en physiologie et médecine en 1973), les; éthologistes fontremarquer que tous les mammifères possèdent dans leur cerveau un centre des émotions, appelé système limbique, très proche du nôtre.Tout a vraiment commencé vers les années 1930… Encore jeune zoologiste, Konrad Lorenz étudie une ribambelle de petites oies et balaie de la main le principe selon lequel l’animal n’est qu’un automate. Lorenz livre alors de passionnantes réflexions sur l’inné et l’acquis chez les animaux, sur leurs rites et leurs langages. Il met en lumière que l’oie sauvage peut tomber en dépression si on modifie une seule de ses habitudes, si elle est privée de cérémonial amoureux, par exemple. Quelques années plus tard, il trouvera en Martina, une petite oie cendrée, beaucoup de tendresse.Konrad Lorenz a été un des pionniers de l’éthologie. Et à des niveaux divers, il a ouvert la voie à toute une génération de penseurs. C’est le cas de Vinciane Despret, philosophe et psychologue liégeoise, qui a sorti un livre intitulé «Hans, le cheval qui savait compter».
Dans cet ouvrage, elle retrace les premiers moments de la psychologie expérimentale à travers le cas de Hans, un cheval qui a suscité une grande controverse en Allemagne, en 1904. Hans était notamment capable de résoudre des problèmes mathématiques ou de désigner une personne d’après une photo, probablement à partir de signaux envoyés inconsciemment par les humains. Cela signifierait que les animaux renferment, à des degrés divers selon les espèces, des potentialités inexploitées à l’état naturel. En prendre conscience, c’est certainement modifier les rapports entre l’homme et l’animal. Et à observer les bêtes de cette façon, c’est aussi explorer une part de notre humanité.C’est également jeter sur le monde moderne un regard novateur et… «bestial». Un peu comme l’a fait Alain Resnais dans son film «Mon oncle d’Amérique». Il a mis en scène l’idée selon laquelle nous nous comportons comme des rats de laboratoire : le stress nous rend agressifs pour des raisons physiques. Cette œuvre de 1980 exploite les concordances entre la vie psychique de ces rongeurs et celle des humains.
Un article qui me fait vraiment plaisir !
Oui j’en ai marre d’entendre dire que les animaux n’ont aucun esprit et ne se rendent pas compte de la vie qui passe ect …
C’est simplement nous qui les rabaissons!
Merci, merci et encore merci 🙂 (non je n’ai pas acheté de Citroën 😀 )
Enfin on parle des animaux comme de véritables être vivants donc avec des émotions. Il faut en être totalement dépourvu pour ne pas s’en être aperçu !!
Oui je suis totalement d’accord! Je ne comprends pas les gens qui pensent ça ! Encore plus ceux qui vivent a leurs cotés chaque jour!
Entièrement d’accord aussi.
Je dirai même que certains animaux sont capables, a un certain niveau, de ressentir les émotions humaines.
Tres bon article!