Otages, faut-il négocier, est-ce la meilleure solution,

est-ce toujours possible si non, que faire ?

 

 

Les récents évènements nous mettent devant ce dilemme qui n’a pas de solution satisfaisante. La prise d’otages contemporaine s’exprime par un acte d’agression contre un ou plusieurs pays, par un moyen de pression, chantage, afin d’obtenir de l’argent pour financer l’activité de groupuscules terroristes, ou la libération de prisonniers, voire même un ultimatum politique, contre l’emprisonnement de longue durée, ou la vie des otages. Ces chantages ont toujours existés, même au Vème siècle A.J. après la bataille de Sphacterie pendant la guerre du Péloponnèse qui voit une victoire Athénienne sur Sparte. Les Spartiates faits prisonniers furent utilisés comme otages dans le but de priver Sparte de sa supériorité militaire, Wikipédia.

 

C’est donc dans la nature des choses que d’imposer par la contrainte, c’est l’arme des faibles qui peut s’avérer redoutable.

 

Plus récemment la prise d’otages célèbre fut pendant les Jeux olympiques de Munich au cours de l’été 1972. Le 5 septembre, des membres de l’équipe olympique d’Israël furent pris en otage et assassinés par des terroristes membres de l’organisation palestinienne Septembre noir.

 

Puis, lors de la crise Iranienne, marquant le début de la république Islamique d’Iran. Le 4 novembre 1979, 400 étudiants prirent d’assaut l’Ambassade des États-Unis et firent 56 otages pour la libération du Shah d’Iran. 13 des 56 otages furent libérés deux semaines après, les autres restèrent 444 jours prisonniers. Ce n’est que le 20 janvier 1981 à l’investiture du président Reagan qu’ils furent libérés.

 

Puis l’enlèvement à Beyrouth de Jean-Paul Koffmann avec Michel Seurat le 22 mai 1985. Il fut libéré le 4 mai 1988 avec d’autres otages, Michel Seurat étant mort en détention. Le 7 mars 2006 son corps fut rapatrié en France.

 

On ne compte plus les prises d’otages dans le monde dont certaines furent sanglantes.

 

En 2002 une cinquantaine de rebelles Tchétchènes pénétrèrent au théâtre de Moscou remplit de 850 spectateurs, ils exigèrent le retrait des forces Russes de Tchétchénie et la fin de la seconde guerre. Le 26 octobre, trois détonations à l’arme automatique engagèrent les forces spéciales Russes dans l’assaut au théâtre. 36 preneurs d’otages furent tués, 67 otages morts, 750 spectateurs furent libérés. En 2004 la prise d’otages de Beslan le 1er septembre, des centaines d’enfants et d’adultes furent pris par des séparatistes Tchétchènes dans une école lors de la seconde guerre de Tchéchénie. Une explosion dans l’école d’origine non élucidée provoqua un mouvement de panique des enfants, sur lesquels les preneurs d’otages tirèrent et avec une intervention à brûle-pourpoint des forces spéciales Russes 344 civils furent tués, dont 186 enfants.

 

Les récentes prises d’otages Français en Somalie et en Algérie, nous mettent devant des responsabilités qui rendent nos gouvernants désarmés. Que faire, la première action est bien sûr d’entrer en contact avec les ravisseurs afin de connaître leurs exigences, le souci étant de préserver autant que faire se peu la vie des otages. Des contacts secrets sont menés au moyen d’intermédiaires connaissant la région et ayant des possibilités d’approche des ravisseurs. Ceux-ci ont tout intérêt à favoriser une liaison dans le but d’obtenir la rançon de leur méfait. En général, ce n’est qu’après de longs mois que la situation s’éclaircit, il leur faut laisser murir la situation afin que l’opinion publique s’émeuve, ce qui pour eux est le moyen d’obtenir le maximum d’exigences. Finalement au terme de plusieurs mois ou d’années les otages sont libérés au moyen du paiement d’une rançon bien que ce fait fut toujours démenti. On ne peut comprendre autrement.

 

Cette logistique est en général bien comprise et donne des résultats dans la mesure où le but des ravisseurs n’est que de l’argent, bien que cela pose le problème du financement du terrorisme, mais c’est un risque limité eu égard à la vie des otages.

 

Ou la situation se complique, c’est lorsque les ravisseurs sont des fanatiques religieux dont le but est d’imposer leur doctrine dans un but de domination, c’est ce qui c’est passé en Somalie par le groupe islamiste somalien Al Shabbaab issu de la fraction la plus dure de l’Union des tribunaux islamiques, qui milite pour l’instauration de la charia. On n’en connait maintenant un peu plus sur l’opération menée par le commando Français en Somalie. Il était composé d’une cinquantaine d’hommes avec cinq hélicoptères pour une action en pleine nuit. Le but était la libération de l’otage de la DGSE Denis Allex détenu depuis le 14 juillet 2009. On sait que l’opération fut un échec, les Shebab furent prévenus par la population, ce qui permit qu’ils s’arment. Les Français s’étaient posés à trois kilomètres de la localité ou était maintenu Denis Allex, les Shebab, environ une centaine, qui étaient prêts à se défendre les attendaient selon un commandant local Islamiste, Cheikh Mohamed Ibrahim. Des combats acharnés durèrent environ 45 minutes, jusqu’au retrait de nos soldats. Selon le Huffington Post, l’otage Denis Allex serait mort exécuté à Bulomarer, localité du sud de la Somalie, raconta un responsable à l’AFP, qui s’exprimait au téléphone sous couvert d’anonymat.

 

On ne connait pas les tractations qui eurent lieu entre ces Islamistes et le gouvernement Français pour libérer notre soldat. Ce que l’on peut penser, c’est si elles eurent lieu, qu’elles n’ont pas abouti, ce qui justifierait l’opération. Elle avait été bien préparée, et des conditions métrologiques favorables permirent qu’elle eu lieu.

 

Quant à la prise d’otages au site gazier d’IN AMËNAS, qui fait l’objet de tous les commentaires au point d’éclipser l’intervention au Mali, on sait que les Algériens ne négocient pas, ils appliquent la logistique Russe, l’attaque. Les raisons sont liées à leur combat contre les terroristes qui ont fait de milliers de victimes dans la lutte contre les Groupes Islamiques Armés, GIA, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, GSPC, et Al-Qaida au Maghreb islamique, Aqmi, la fermeté est la politique anti-terroriste d’Alger. Il est en outre évident, que la prise du site stratégique gazier, constitue une agression mettant en cause la production de gaz qui est une des importantes ressources commerciales Algériennes.

 

On peut critiquer les autorités Algériennes comme le firent les Japonais les Anglais, les Américains, facile dans un bureau, par ce qu’il y aurait des morts. Mais comment résoudre cette prise d’otages lorsque les ravisseurs réclament l’arrêt de l’intervention Française au Mali, et la libération d’une centaine de militants Islamistes détenus par l’Algérie ? Le gouvernement Algérien a donc agit seul, sans prévenir les gouvernements des otages concernés, montrant ainsi sa souveraineté et qu’il n’avait nul besoin des autres puissances pour résoudre cette prise d’otages.

 

Il est évident que l’on ne peut négocier ces conditions, et dans ce cas, que reste-t-il comme possibilité ? Laisser pourrir la situation semble encore pire que l’attaque, puisqu’elle permettrait aux ravisseurs de s’implanter plus efficacement, et laisserait les otages blessés dans une situation intenable avec une ceinture d’explosifs. Parfois l’hypocrisie de certains gouvernements vous coupe le souffle.

 

Les terroristes étaient, semble-t-il, de plusieurs nationalités, Égyptienne, Tunisienne, Algérienne et un homme noir, probablement Nigérien ou Malien. Impossible de savoir combien ils étaient en tout. L’un d’entre eux parlait l’anglais avec un accent parfait. Ils étaient très bien préparés, connaissaient le site, la base de vie et le complexe gazier. Pour Le Figaro.fr l’opération fut préparée de longue date, le mode opératoire ne montre aucune improvisation. Les terroristes ont coupé la production de gaz immédiatement après avoir pris le contrôle de l’usine.

 

2Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe Islamiste «les signataires par le sang», auteur de la prise d’otages, document l’Humanité.fr.

L’argumentation consistant à déclarer que cette prise d’otages au site d’IN AMËNAS, était la riposte du groupe terroriste du chef Islamiste Mokhtar Belmokhtar au survol de l’Algérie par les avions Mirage français ne tiens pas, mais elle en fut probablement le déclencheur. Selon le quotidien Algérien Liberté du jeudi 17 janvier «Alger paie pour son implication dans la gestion de la crise Malienne». Même son de cloches pour le quotidien d’Oran, «In Amenas reçoit de plein fouet l’effet de la guerre malienne. Plus rapidement qu’on ne l’attendait». Vendredi 18 janvier les troupes Algériennes encerclaient encore le site gazier, sans plus de renseignement.

 

Le mouvement du site démocratique arabe Assawra, indique 18 janvier que 639 otages dont plus de 66 étrangers furent libérés. Près de 650 otages, dont plus de la moitié des 132 otages étrangers, a rapporté l’APS, Algérie Presse Service, alors que les forces spéciales Algériennes cernent toujours le site de l’usine d’IN AMËNAS. L’APS précise, citant la même source, que le bilan exhaustif n’est pas encore établi car certains employés étrangers du site gazier s’étaient abrités dans divers points du site. Il s’agit d’un premier bilan de source Algérienne sur les otages.

 

Le 19 janvier l’épilogue sanglant prit fin après l’assaut final au terme de quatre jours de suspense. «C’est fini maintenant, l’assaut est terminé, les militaires sont à l’intérieur de l’usine et sont en train d’enlever les mines posées par les islamistes», selon une source informée. Le ministre de la défense Britannique, Philip Hammond déclara, «les pertes en vie humaines sont épouvantables et il faut dire clairement que ce sont les terroristes qui en portent l’entière responsabilité», le discours a donc changé. L’APS annonça que sept otages étrangers périrent par représailles, et que onze ravisseurs furent tués. Depuis le début des affrontements, entre 25 et 27 otages étrangers furent tués. Selon le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, il n’y avait plus samedi matin d’otage Français détenu à Tiguentourine.

 

Selon un bilan officiel provisoire du ministère de l’intérieur Algérien, cité par l’agence APS, 23 otages seraient morts depuis mercredi, ainsi que 32 ravisseurs. Les forces Algériennes ont pu libérer «685 employés Algériens et 107 étrangers, selon le ministère de l’intérieur. Le groupe terroriste, qui a accédé au territoire national à partir de pays limitrophes, à bord de plusieurs véhicules tout terrain, était constitué de 32 criminels, dont trois Algériens, avec des spécialistes en explosifs», précise la même source, ajoutant que «les autres criminels sont de différentes nationalités».

 

Mais les dernières informations font part de la découverte par les autorités Algériennes de 25 corps d’otages à l’intérieur du site gazier. Cela porterait à 48 otages tués…….Le site El Watan.com informe qu’une trentaine d’autres corps sont découverts sur le site gazier. Il s’agirait d’Algériens et de soldats de l’ANP, Armée Nationale Populaire.

 

Pour François Hollande, l’Algérie a eu les réponses adaptées, les négociations n’étaient pas possibles. «Nous n’avons pas encore tous les éléments mais quand il y a une prise d’otages avec autant de personnes concernées, et des terroristes aussi froidement déterminés, prêts à assassiner, ce qu’ils ont fait, leurs otages, un pays comme l’Algérie a les réponses qui me paraissent, à mes yeux, les plus adaptées car il ne pouvait pas y avoir de négociation».

 

Quelle conclusion tirer de cette prise d’otages, le gouvernement Algérien a-t-il bien fait de donner l’assaut, ou aurait-il fallu négocier ? Le débat est ouvert.