Orhan Pamuk est l’un de ces écrivains qui ont la malchance de vivre dans un pays qui marche contre les principes de la démocratie. Ce fait est un grand générateur de douleur et de chagrin, surtout pour une nature aussi sensible comme sont les natures artistiques. Quoique jousqu’ici se gardant avec précaution ou hésitation de se prononcer vis-à-vis des actes autocratiques du président turq Erdogan, ce dimanche (11.09.2016) l’auteur notoire du roman Le musée de l’innocence, le premier représentant de sa nation recevant le Nobel en 2006, a véhément critiqué  l’arrestation récente des frères Ahmet et Mehmet Altan, des opposés au régime.Le premier ayant écrit un article dans lequel il mentionne l’apport indéniable des architectes arméniens à la construction de l’ensemble des bâtiments les plus importants de l’Istanbul avant le 1915, le deuxième en faisant connaître aux gens les atrocités commises par les autorités turques envers les arméniens résidant sur leur territoire pendant l’histoire, ils ont éveillé la susceptibilité du gouvernement et se sont fait mettre en prison, après avoir participé, la veille du jour de 16 juillet, à une émission télévisée durant laquelle, conformement aux interprêtations officielles, ils ont parlé d’une manière qui pourrait inciter le peuple à commettre des actes subversifs.
« Je suis très en colère, j’exprime ma critique la plus virulente contre l’arrestation de l’écrivain Ahmet Altan, une des signatures les plus importantes du journalisme turc, et de son frère Mehmet Altan, universitaire et économiste de renom. », a clamé Orhan Pamuk lors de son communiqué à la presse turque. Il a manifesté aussi son mécontentement visant le trajet de plus en plus perverti que prend l’évolution du régime politique en Turquie pendant la mandat d’Erdogan, notamment après le putsch du 16 juillet, qui a généré une vague d’oppression effroyable contre la population soupçonnée et, en particulier, contre les intellectuels.
Voici une situation vraiment déplorable. Cet aspect douloureux est ressenti pleinement par Orhan Pamuk, ainsi que par les autres patriotes de Turquie. Que pourrait-il faire? Probablement, il ne lui reste qu’à tenter d’alarmer ses compatriotes sur la dangereuse politique interne qui émerge comme la peste dans son pays, où il faut bien craindre que, comme il le clame indigné:
« Désormais, la liberté de la pensée n’existe plus. Nous sommes en train de nous éloigner à toute vitesse d’un Etat de droit vers un régime de terreur. »