Depuis le temps qu’on attendait ça, on ne va pas gâter son plaisir. L’alternance permet à une moitié de Français d’être heureux de temps à autre. L’élection de 2002 a laissé une trace indélébile qui a sans doute compté en 2012. 

C’est au tour des partisans de l’UMP d’être amers, même si beaucoup ont du mal à admettre leur défaite comme par exemple Maryse Joissains, députée d’Aix en Provence qui considère que « François Hollande est un président "illégitime" et "ridicule", un "danger pour la République" entouré d’une  bande de "rigolos" ». Un bel exemple de tolérance pour une élue de la République. Elle se présente comme l’Astérix qui fait de la résistance dans son village gaulois. Mieux vaut en rire. Cette dame ne respecte le suffrage universel que quand ça l’arrange. Heureusement que Sarkozy a montré un peu plus de dignité.

La gauche est heureuse mais elle ne pavoise pas, elle sait que le chemin sera semé d’embuches. Dans le résultat même, il y a des sources d’inquiétudes. Le nombre très élevé de bulletins blancs montre que les idées FN progressent dans l’opinion. Beaucoup d’électeurs ont suivi les consignes de Marine, le nier serait stupide. On peut affirmer que la droitisation de la campagne de Sarkozy était la bonne tactique qui lui a permis d’obtenir un score non négligeable quoiqu’en disent quelques modérés de l’UMP. Et il faudra en tenir compte. Tout cela a un petit goût de 1936 avec une crise très grave, une extrême-droite très forte sur fond, à l’époque d’antisémitisme, et une victoire ric-rac de la gauche. 

François Hollande n’a pas le choix, il devra réussir sinon c’est bien le Front National qui tirera les marrons du feu. Il a été élu en grande partie grâce au rejet du président sortant et non sur une adhésion à son projet que peu d’électeurs connaissent en définitive. Il lui faudra convaincre car le scepticisme est grand. Mais on voit bien déjà que dans sa manière d’être, il est à mille lieux du président battu et c’est déjà beaucoup.