En ce lendemain d’élection, le Canada tout entier est secoué, surpris et quelque peu déstabilisé par l’issue du scrutin de la soirée électorale du 2 mai 2011. D’une part, le parti conservateur, dirigé par Stephen Harper, reprend sa place en tant que gouvernement, plus fier et plus confiant que jamais avec, en main, cette nouvelle majorité tant convoitée. Toutefois, le Québec pourra, sans contredit, s’attribuer le mérite d’avoir ébranlé le Canada tout entier par l’adoption du orange à travers l’ensemble de ses régions. Alors que le parti conservateur a obtenu 167 sièges à la Chambre des Communes, le NPD en a gagné 102, dont plus de la moitié grâce aux votes des Québécois.  Le Parti libéral, quant à lui, n’aura que 34 députés à Ottawa et le Bloc québécois, désormais en chute libre, ne se contente que de 4 sièges. Elizabeth May, chef du Parti vert, seul et unique membre de son parti à avoir été élu, pourra maintenant espérer avoir son laissez-passer pour le prochain débat des chefs.

 

Alors que la majorité orange choisie par les Québécois suscite bien des débats et des contestations, je ne peux m’empêcher de ressentir un certain sentiment de fierté par rapport à ce surprenant résultat.

Le Québec n’avait jamais élu un même parti à 42,87% lors d’élections fédérales. Le Bloc québécois, qui se qualifie de fervent défenseur du peuple québécois, n’a lui-même jamais eu droit à ce traitement de faveur. Je sens un Québec plus uni, plus fort et plus certain de ce qu’il attend de ses représentants. Peut-être avons-nous compris qu’il ne s’agit plus de s’isoler dans un parti qui prétend nous défendre tout en prenant bien soin de souligner à quel point nous sommes différents et incompatibles avec les Canadiens anglais? Peut-être était-il temps de choisir une voix qui, même si elle n’a pas la même langue maternelle que nous, s’apparente à nos idéaux, nous respecte et aurait la capacité d’amener nos choix et nos besoins au même niveau de priorité que ceux des autres provinces? Le Québec a profité de l’occasion pour définir le Canada qu’il souhaite avoir, et non pour se plaindre de celui qu’il ne veut plus. Peut-être qu’en cessant de jouer à la victime et en cessant de prendre pour acquis que les chefs anglophones sont nos ennemis, nous saurons trouver notre place au Canada. Si ce n’est pas le cas, il sera encore temps de se prononcer lors des prochaines élections provinciales. Les Québécois ont fait passer leur message; ils ne veulent plus d’un gouvernement conservateur et sont prêts à faire des sacrifices et à s’unir pour s’opposer à lui. Maintenant qu’il est majoritaire, la population ne pourra plus se déresponsabiliser comme dans le cas d’un gouvernement minoritaire. Harper possède une majorité de sièges, il n’aura donc plus besoin de l’accord de l’opposition pour aller au bout de ses projets. C’est ici que la population intervient, car un gouvernement, minoritaire ou non, ne peut aller à l’encontre des désirs du peuple qu’il représente. Il n’en tient qu’à lui de s’exprimer et de se mobiliser.  

Là où ma fierté fait place à la honte, c’est lorsque l’on mentionne le taux de participation issu de ces élections fédérales. Seulement 61,4% de l’électorat se serait prononcé lors du scrutin. Si on fait le calcul, Harper aurait obtenu 54,2% des votes, sur un taux de participation de 61,4%. Ainsi, le gouvernement élu n’aura eu besoin que de 33,3% de l’électorat pour être majoritaire. On dit que l’on a le gouvernement que l’on mérite. Si près de 40% de la population canadienne ne s’est même donnée la peine d’exercer son droit de vote, je peux comprendre pourquoi nous nous sommes mérité un gouvernement conservateur, avec une majorité en prime.

 

Sources CARON, Olivier, Brancez-vous!,  [En ligne], http://www.branchez-vous.com/info/actualite/2011/05/elections_federales_un_taux_de.html (Page consultée le 3 mai 2011) Radio-Canada,  [En ligne], http://elections.radio-canada.ca/elections/federales2011/les_resultats/index.shtml (Page consultée le 3 mai 2011)