MARSEILLE ELIMINE DE LA COUPE DE L’UEFA 0-2 PARLE ZENITH SAINT PETERSBOURG : LE FOOTBALL FRANÇAIS SE PORTE MAL !

 

Tel est le commentaire d’un journaliste sportif particulièrement virulent sur RMC SPORTS, des propos relayés par certains consultants et des auditeurs de la radio…

Quel raccourci facile et inexact et quel amalgame, car le football français ne se limite pas à Lyon et à Marseille… Il ne faut pas mélanger le football professionnel – prisonnier de la mondialisation, où un club comme d’Arsenal ou d’autres en Europe peut être composé parfois d’une dizaine de nationalités et de très peu de joueurs du cru (Arrêt Bossman) – avec le football de l’équipe nationale, qui peut s’enorgueillir depuis dix ans d’un titre de champion du monde en 1998, d’un titre de vice-champion du monde en 2006 et d’un titre de champion d’Europe en 2000, et le football amateur dont la formation est considérée à juste titre comme la meilleure du monde loin devant les autres pays – la preuve on nous prend tous nos jeunes joueurs de talent et il en reste encore et toujours !

 

Lancer de tels anathèmes, c’est ignorer tout le travail fait dans les petits et les grands clubs amateurs, dont les écoles de football labellisée FFF/Adidas forment l’élite du football de demain, mais aussi des joueurs plus modestes pour leur plus grand plaisir en contribuant à leur épanouissement. En effet, le football français fort de ses dizaines de milliers d’éducateurs diplômés et de ses centaines de milliers de bénévoles, se porte bien malgré la violence et l’appât du gain, et progresse pour mieux éduquer trois millions de jeunes auxquels ils inculquent des valeurs de respect, d’effort, de convivialité et de solidarité entre les catégories sociales et culturelles, pour mieux gommer les discriminations.

 

Le mal du football français c’est l’incompétence d’un certain nombre qui veulent mettre la main sur la poule aux œufs d’or, qui veulent s’approprier un sport ultra-médiatisé, pour des desseins (ou destins) personnels, et qui essaient d’instrumentaliser le football à des fins publicitaires, promotionnelles ou partisanes. Le mal du football français est principalement dû au fait que la plupart des protagonistes ne sont pas à leur place, à la bonne place, et ce sont les techniciens du football qui en font les frais. Certains pensent diriger un club sportif comme on dirige une entreprise (aussi importante soit-elle) alors qu’ils ne connaissent rien au football. A l’exemple des présidents qui mélangent les genres – ce qui n’existe pas dans les grands clubs étrangers qui additionnent les coupes d’Europe – en intervenant sur le plan technique, psychologique auprès des joueurs, et en brouillant les cartes et la perception du staff technique. Les présidents et la gouvernance des clubs français sont à l’origine des échecs des clubs français. Chacun doit rester à sa place en fonction de ses compétences et ne pas interférer sur les responsabilités de l’autre, une habitude trop fréquente en France. Par ailleurs, au management ou à la direction administrative des clubs, on retrouve trop souvent toujours les mêmes à un poste ou à un autre, des anciens dirigeants du club, des anciens joueurs professionnels, qui sont plein de bonne volonté, ont la connaissance du football mais n’ont pas les compétences et le savoir-faire pour gérer une grande organisation… c’est un métier, ça ne s’improvise pas, mais très souvent on veut rester entre soi, reclasser les joueurs en fin de carrière ou capitaliser sur l’image de ses anciennes gloires. Certains passent des années sur les bancs des grandes écoles pour obtenir de telles responsabilités…

 

Enfin, le mal français celui de nos clubs s’entend, vient de l’effectif réduit des clubs français comparé à celui pléthorique des clubs étrangers. Si on veut avoir des chances de bien figurer dans le dernier carré des compétitions européennes, il faut disposer de deux équipes ou plus d’égales qualités, ce qui ne peut être le cas des clubs français qui alignent au maximum une équipe et demi avec des joueurs homogènes pour jouer au niveau international. En début de saison, la comparaison est possible, car les infirmeries ne sont pas encore pleines, les joueurs sont encore frais, et le turnover n’oblige pas à piocher dans ses réserves. Mais, dès l’arrivée de l’hiver, les clubs français sont dépourvus (de vrais cigales) face aux armées entières de fournis des légions étrangères. On peut faire illusion sur un match, mais pas sur deux. La différence est donc financière et se situe au niveau du budget. Mais d’où vient l’argent qui alimente les clubs étrangers : de Russie, du pétrole ou des paradis fiscaux. Lorsqu’on connaît l’opacité et le manque de transparence de la City à Londres (la plus grosse place financière après New York), on comprend pourquoi les clubs anglais sont si riches et si bien placés, approvisionnés par les produits dérivés de toutes sortes et de toutes origines. Cela ne serait pas possible en France car avec notre DNCG nous avons certainement le football professionnel le plus transparent et le plus intègre de la planète, et rien ne passe à travers les mailles du filet. S’il existait au niveau de l’Union européenne ou du Conseil de l’Europe une DNCG européenne aussi rigoureuse et professionnelle que la nôtre, nous serions au même niveau que les autres clubs de la vieille Europe et alors on verrait beaucoup de choses changer, dont les résultats. Ce ne serait pas la panacée, mais cette harmonisations « fiscale » nous mettrait à égalité sur la ligne de départ.

 

S’il devait y avoir une conclusion à ces déboires ponctuelles du football français, il faudrait reconnaître malgré tout que nous n’avons pas cette culture de l’effort (le « fighting spirit »), ce goût pour le sport, cette motivation qu’ont les anglo-saxons et les petits pays qui doivent lutter pour s’en sortir, pour réussir dans nos entreprises (dans tous les sens du terme). C’est ce qu’on nous reproche outre-Atlantique et en Europe, et c’est ce qui explique nos échecs… mais nous avons toujours notre système de formation, une pépinière pour les clubs riches, et des idées sans oublier le « French flair », qui devraient un jour porter leurs fruits et nous permettre de nous hisser au niveau des premiers de la classe.