Pas un Zidane ou un Henry. Non, Olivier Thomert, âgé de 26 ans, n’est pas une star. Il ne possède qu’une Coupe Intertoto à son palmarès. Pourtant, le rennais est un joueur reconnu et incontournable de notre championnat. Retour sur un parcours atypique, des Yvelines à la Bretagne, où un jeune banlieusard avait fait un rêve, celui de devenir footballeur professionnel.

Né le 28 mars 1980 à Versailles dans les Yvelines, Olivier Thomert sait déjà ce qu’il veut faire. Il vit dans un milieu modeste qui l’oblige à bouger beaucoup dans la région parisienne. Mais, le jeune gaucher sait déjà ce qu’il veut faire, il sera footballeur. Il commence son parcours, à l’âge de six ans, à Vitry-sur-Seine (94) puis passe par Romainville (94), Levallois (92), Colombes(92) et Montreuil (93)…


Trop chétif, personne ne lui donne sa chance…

 

Malgré un talent reconnu et de nombreuses sélections en équipes régionales, il est jugé trop frêle et ne reçoit aucune proposition du club de ses rêves, le PSG. « C’est dommage que le PSG ne puise pas assez en Ile de France » regrette-t-il encore aujourd’hui. Loin d’abandonner son rêve, Olivier Thomert continue de s’entraîner plus que les autres, de se rajouter des séances et de rêver à un avenir professionnel. A 14 ans, il tente sa chance et tape aux portes de plusieurs centres de formation. Beaucoup le trouvent trop frêle pour le haut niveau notamment son club actuel, le Stade Rennais (qui vient de débourser 4,5 millions € pour s’attacher ses services). Et quand certains clubs lui ouvrent leurs portes, le malheureux Olivier se voit contraint de renoncer face au veto familial. Ses parents n’ont aucune envie de voire leur « petit » s’envoler de ses propres ailes dans le monde si dur du professionnalisme. Thomert accepte cette décision sans pour autant se résigner. Il n’a alors que 14 ans et ne va pas s’arrêter là. Il continuera à progresser dans des petits clubs de banlieue parisienne et l’incertitude planant sur sa carrière l’oblige à ne pas négliger ses études. Il ira jusqu’au Bac.


A 19 ans, Le Mans vient le chercher

 

En 1999, le tournant qu’il attendait tant arrive enfin. A 19 ans, il évolue alors en CFA 2 à Levallois. C’est là que Le Mans (en ligue 2 à l’époque) vient le chercher, « Mes parents m’ont laissé partir cette fois (sourires), Le Mans-Paris, ce n’est pas trop loin », se souvient-il aujourd’hui. Place alors à la Ligue 2, le haut niveau, les entraînements quotidiens, la compétition, les sacrifices, les blessures… Aucun problème pour Olivier, joueur motivé et combattif, qui a toujours su qu’il arriverait là. Après une année d’acclimatation très correcte (9ème), l’ailier gauche à la puissance de feu prend une place prépondérante dans l’équipe les deux saisons suivantes. Ses bonnes prestations dans la Sarthe ne laissent aucun doute, sa carrière est lancée. C’est le Racing Club de Lens qui lui offre alors une place de choix dans l’élite. Intégrer les Sang et Or permet à Thomert de jouer les premières places au classement ainsi que la prestigieuse Champions League (il y inscrira 1 but en 4 matchs), le plus haut niveau européen. Le jeune banlieusard foule alors les plus belles pelouses européennes, côtoie les plus grands joueurs. Loin de se terrer dans l’ombre pour ne pas déranger, le néo-lensois va saisir sa chance et se faire une place définitive dans l’élite.

Son pied gauche magique et ses puissants déboulés sont aujourd’hui sa marque de fabrique. Echangé contre Olivier Monterrubio au mercato d’hiver cette année, Thomert fait maintenant les beaux jours du Stade Rennais. Il compte aujourd’hui 141 matchs en Ligue 1 pour 19 buts.

Olivier se souvient encore aujourd’hui de ses années « galères » lors de son adolescence. Il sait aujourd’hui qu’il lui fallait passer par là pour devenir qui il est, pour savourer son plaisir actuel et pour vouloir encore se dépasser chaque jour. Son trajet n’a pas été rectiligne mais lors de son voyage de Versailles à Rennes, Thomert a gagné son pari. Il est aujourd’hui un joueur sûr de lui, un formidable compétiteur, un professionnel apprécié et surtout un homme généreux et ambitieux.

Antoine Ginekis