Il y a des films que vous commencez à regarder sans savoir qu’il s’agira de l’une de vos plus grandes claques cinématographiques. Le film Old boy, de Park Chan-Wook fait partie de cette catégorie. La Corée du sud montre de la plus belle façon sa capacité à produire des chefs d’œuvre qui, plusieurs mois après leur vision, continuent de hanter votre esprit.
L’histoire d’Old boy est aussi terrifiante que passionnante. Oh Dae-Soo, père de famille sans histoire, est enlevé sans raison et séquestré pendant pas moins de quinze années. Durant sa détention, il apprend le meurtre de sa femme dont il est le principal suspect. Au terme de ces années de réclusion, il est alors relâché, toujours sans la moindre explication. Animé par un esprit de vengeance meurtrier, il va tenter de découvrir qui l’a enfermé et surtout pourquoi.
La première chose qui frappe dans ce film est son sans faute sur toute la ligne. Tout ici est parfait, de la réalisation au jeu des acteurs en passant par la musique. On entre dans cette plongée en enfer avec une facilité déconcertante et l’on prend un malin plaisir à voir le héros avancer progressivement dans sa quête de vérité.
Le film est d’une violence rare, non pas tant d’un point de vue visuel mais essentiellement psychologique. Je ne dévoilerai rien de la révélation finale mais elle est à l’image du film : percutante et limite traumatisante. Rarement le thème passionnant de la vengeance n’aura été à ce point aussi bien représenté et magnifié. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Old boy, lors de sa présentation au festival de Cannes en 2004, avait obtenu le prix spécial.
Old boy est le deuxième segment de la trilogie de la vengeance initié par le réalisateur Park Chan-Wook. Les deux autres films sont de véritables réussites également bien qu’en deçà de ce monument du cinéma coréen. Il s’agit de Sympathy for M. Vengeance et Lady vengeance. Deux long-métrages que je vous conseille vivement pour aborder deux autres visions du thème de la vengeance.
Force est de constater que le cinéma asiatique est d’une redoutable créativité et je pense que le cinéma français devrait s’en inspirer grandement. Ce que j’apprécie tout particulièrement dans ce type de cinéma est son aspect politiquement incorrect. Rien ne nous est épargné au motif de choquer éventuellement les âmes sensibles ou de sortir des limites imposées par la morale. Le spectacle n’en est que plus intense et plus jouissif.
Il n’est pas un hasard que le cinéma asiatique inspire également les autres pays. Il n’y a qu’à, pour s’en convaincre, regarder le nombre de remakes qui sont réalisés et qui sont les copies, version occidentale, de certains chefs-d’œuvre des pays d’Asie. Old Boy fait actuellement l’objet d’un remake dont le réalisateur Spike Lee s’est attelé. Infiltrés, le polar nerveux de Martin Scorsese et interprété par Leonardo Dicaprio et Matt Damon est l’adaptation américaine du très réussi Infernal affair.
Voilà qui confirme de belle façon la qualité d’un type de cinéma qui n’est pas cantonné, contrairement aux pensées populaires, aux films de kung-fu.
Old boy constitue l’une des plus belles illustrations de ce que l’Asie peut apporter de meilleur au septième art.