Lors du dernier discours de Georges W. Bush, alors que tous les analystes se demandaient ce que l'hôte de la Maison-Blanche allait retenir des recommandations du groupe d’étude sur l'Irak, le président des États-Unis a surpris en proposant exactement le contraire de ce qu'on lui conseillait.

 

Au retrait graduel des troupes d’Irak, il répondait par l'envoi de 20 000 hommes supplémentaires. À la proposition d'intégrer l'Iran et la Syrie à un processus de stabilisation de l'Irak, Bush répliquait en proférant de graves accusations contre les dirigeants de ces pays, affirmant que ces derniers étaient responsables de la situation actuelle en Irak et en promettant d'utiliser tous les moyens pour faire cesser les attaques contre les forces américaines.

En visite à Bruxelles, le nouveau secrétaire américain à la défense, Robert Gates, a réitéré la mise en garde de son gouvernement en accusant l'Iran de semer le chaos en Irak et en annonçant le déploiement de missiles patriotes dans le Golfe ainsi que celui d'un porte-avions supplémentaire.

 

Dans le même temps, une unité des forces spéciales américaines, en violation de toutes les règles diplomatiques, faisait arrêter des diplomates iraniens sur le sol irakien sous prétexte que ces derniers étaient des militaires déguisés venus armer la rébellion ; ce que démentent les populations kurdes locales, pourtant alliées traditionnelles des États-Unis.

 

Apparemment, la nouvelle politique de la Maison-Blanche serait de multiplier les menaces et les incursions dans les différents bureaux ou consulats iraniens en Irak, afin de faire monter la pression et de pousser le gouvernement iranien à la faute… ce qui permettrait à l'Administration Bush d'obtenir le soutien du Congrès américain pour déclarer la guerre à l'Iran.

 

Comment l'Iran peut-il échapper aux pièges tendus par Washington ? Les Iraniens pourront-ils rester longtemps impassibles face aux provocations américaines ? Les spécialistes en politique internationale en doutent. La seule solution pour Téhéran semble être la réouverture de pourparlers avec l'Europe qui, seule, n'a pas encore totalement fermé la porte aux négociations. De plus, l'Europe serait forcément fragilisée par un conflit en Iran et par une déstabilisation complète du Moyen-Orient. La mainmise des États-Unis sur toute cette partie du globe, et surtout sur les réserves de pétrole qu'elle abrite, n'est sûrement pas une chose que les dirigeants européens souhaitent.

 

Mais l'Europe a-t-elle la capacité de freiner les rêves belliqueux que semble nourrir Washington ? Les spécialistes rappellent simplement avec quelle aisance les États-Unis ont brisé "l'union" européenne lors de la guerre en Irak, et comment tous les pays occidentaux, sous prétexte de lutte contre le changement climatique, se sont lancés dans une course folle au développement de nouvelles sources d'énergie, alors que tous ces projets étaient en attente depuis près d'un demi-siècle. On semble s'inquiéter d'une nouvelle crise du pétrole, mais quelle en sera la cause ? 

 

 Dernière minute : ce vendredi 19 janvier, des observateurs kurdes annoncent que l'Iran est en train de rassembler des troupes d'élite le long de sa frontière avec l'Irak.