"Lorsque le président Obama fait un voyage en Afrique, il ne visite que trois pays. Ce n’est pas ainsi que l’on peut s’intéresser à un continent." Ce constat de Richard Attias, cofondateur du New York Forum Africa est partagé par de nombreux analystes: Barack Obama ne s’intéresserait pas à l’Afrique et ne verrait le continent qu’à travers les enjeux politiques et sécuritaires. Le sommet Etats-Unis/Afrique prévu en août prochain va-t-il changer la donne?

 Face à la percée de la Chine sur le continent africain, Barack Obama se décide enfin à réagir et veut faire les choses en grand: 47 dirigeants africains sont ainsi invités à se rendre à Washington les 5 et 6 août prochains pour un sommet. Toute l’Afrique n’est pas conviée, manquent à l’appel le Zimbabwe, le Soudan, la Guinée-Bissau, mais aussi l’Égypte et Madagascar.

{mosimage}

Un tel sommet est une première et il semblerait que le président américain se soit mis à écouter ses conseillers qui l’exhortent très souvent à s’impliquer davantage diplomatiquement et économiquement sur ce continent où plusieurs pays émergents semblent tirer leur épingle du jeu sans que cela n’offusque Barack Obama, en tout cas jusque-là: "Il y a un marché mondial et, si les pays qui sont en train de devenir des pays à revenus moyens considèrent qu’il y a des opportunités pour eux en Afrique, cela peut potentiellement aider l’Afrique." déclarait-il en juin dernier.

 

Changement de discours? Le sommet Etats-Unis/Afrique aura pour but de faire "progresser les objectifs de l’administration en matière de commerce et d’investissement en Afrique [et] mettre en évidence l’engagement des États-Unis envers la sécurité de l’Afrique, le développement de la démocratie et de ses habitants." Signe que l’administration Obama commence à réaliser le potentiel économique important du continent africain.

Lors de son premier mandat, Barack Obama n’a pas semblé s’intéresser à l’Afrique, ne visitant l’Afrique subsaharienne qu’en coup de vent, avec un arrêt au Ghana. "Dans les équipes du président, très peu connaissent bien l’Afrique. Le continent est d’abord perçu à travers un point de vue politique." explique ainsi Richard Attias qui tempère cependant son propos en sentant un changement de mentalité: "Il y a une prise de conscience, d’où l’organisation d’un grand sommet Afrique/Etats-Unis. Les Américains préparent la bonne équation pour être les égaux des Chinois ou des Européens."

 

Les Etats-Unis voient donc à présent l’Afrique à travers ses aspects économiques et commerciaux mais ne négligent pas les enjeux sécuritaires pour autant où la tribune publiée par le président américain et François Hollande dans le Monde il y a quelques semaines a témoigné d’une totale convergence de vues entre les deux chefs d’Etat. "Les Etats-Unis se sont rendu compte qu’ils trouvaient leur intérêt à nous aider. Ils ont autorisé la France à acheter deux drones de surveillance Reaper après avoir longtemps tergiversé", remarque Vincent Desportes, professeur associé à Sciences-po, ancien directeur de l’Ecole de guerre.

 

Après le "pivot stratégique vers le Pacifique" théorisé lors de son premier mandat, Obama s’apprêterait-il à opérer un nouveau pivot, cette fois ci vers l’Afrique?