La semaine passée, Tom Ammiano, député démocrate de Californie, a proposé la légalisation du cannabis, une légalisation assortie d'une taxation de ce psychotrope. Selon le député, ce marché porteur pourrait rapporter un milliard de dollars de taxe par an à la Californie, un État dont les finances sont constamment déficitaires.

En effet, d'après les estimations de la presse américaine, il semblerait que la culture de marijuana en Californie drainerait 14 milliards de dollars chaque année, soit trois fois plus que l'industrie des légumes (5.7 milliards de dollars par an), et sept fois plus que celle du vin (2.6 milliards). Selon la méthode de taxation proposée par Tom Ammiano, l'État pourrait ainsi en tirer de substantiels bénéfices chaque année.

Cette proposition a déchaîné les passions, et c'est l'une des principales questions que le public souhaitait poser à son nouveau président lors de la toute première expérience de démocratie participative organisée via le site web de la Maison Blanche.

Car, aussi étonnant que cela puisse paraître, le vote des internautes concernant la légalisation en avait fait un des thèmes prioritaires, devançant largement les débats concernant les bonus des grands patrons, la stabilité financière ou même la création des emplois dits "écologiques ".

Si personne ne croyait sérieusement qu'Obama allait se prononcer en faveur de la légalisation, ce qui la cantonnerait à la Californie si cette loi y était adoptée, les internautes furent cependant déçus par l'attitude de Barack Obama qui non seulement rejetait la proposition : « La réponse est non, je ne pense pas que ce soit une bonne stratégie pour faire croître notre économie », mais se moquait également de la question en soulignant que si elle avait reçu le plus grand nombre de votes de la part du public, c'était surtout révélateur des personnes participants à ce débat.

Humour ? On peut surtout se demander à quoi sert d'organiser une grande opération de démocratie participative si par la suite on se gausse du thème le plus populaire auprès des participants ? Ce genre d'attitude me semble surtout révélateur du fossé qui sépare les classes dirigeantes des masses populaires, et que ce qui intéresse les foules fait sourire les élites.