Les considérations racistes, ou plutôt raciales, s'installent dans le débat à la présidence des Etats-Unis! C'est du moins ce que déclarait en substance Barack Obama, candidat à l'élection présidentielle, ce samedi. Fils d'une femme du kansas et d'un kenyan, le candidat métis déplore des attaques touchant à la couleur de sa peau.
"J'ai remarqué ces dernières semaines que les forces de la division avaient recommencé à dresser leur sale tête. Et je ne suis pas ici pour jeter le blâme ou montrer du doigt car tout le monde sent cette inflexion (…) Nous avons un passé tragique en ce qui concerne le racisme dans ce pays. Nous avons beaucoup de colère refoulée, d'amertume et d'incompréhension (…) Ce pays veut dépasser ce genre de choses".

Le candidat le déplore d'autant que selon lui cela empêche les vrais questions de surgir, concernant notamment la santé, le terrorisme, l'économie ou la prise en charge des ancien combattants. Son adversaire démocrate, Hillary Clinton  , en campagne en Pennsylvanie, s'est refusée à commenter cette déclaration.
Selon CNN, le sénateur noir aurait récolté au Mississippi (sud), sur son nom, une très large majorité des votes noirs (91%), tandis que les personnes blanches auraient plus volontiers voté pour Hillary Clinton. Un autre sondage révèle que les partisans d'Hilary Clinton ne seraient pas satisfaits à 72% d'avoir à se reporter sur les voix de Barack Obama, là où le contraire ne concerne que 55% de leurs adversaires.
Geraldine Ferraro, de l'équipe de campagne de Mme Clinton avait récemment démissionnée pour ne pas nuire à son candidat, suite à une déclaration qui avait soulevé l'indignation :  "Si Obama était un homme blanc, il ne serait pas là où il est maintenant (..) et s'il était une femme (quelle que soit sa race) il ne serait pas là où il est, il se trouve qu'il a beaucoup de chance d'être qui il est". Ses commentaires, pour Barack Obama, n'ont pas "leur place en politique ni dans le parti démocrate".
Indignation légitime, mais qui toutefois ne traduit pas la réalité : la couleur de peau du candidat Obama serait un réel avantage dans la presse, une presse qui maltraite en revanche la candidate Clinton, et c'est une étude réalisée, selon le journal Libération , "par le département de journalisme de l'Université de Harvard auprès de 48 médias différents" qui le révèle.
Conter l'ascension d'une personne de couleur à la présidence est une histoire plus belle à raconter que celle d'une femme ou d'un ancien combattant, âgé qui plus est."Le vrai parti pris des journalistes réside dans le fait qu'ils veulent raconter une belle histoire, et l'élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis serait une superbe histoire" commente un journaliste. En conséquence les papiers qui lui sont consacrés sont plus élogieux que pour son adversaire.
En France, la presse n'est pas en reste de ces préjugés favorables. Un lecteur distrait aurait pu croire que seuls Hillary Clinton et Barack Obama étaient en lice, tandis qu'en face, John Mc Cain se plaçait fort bien dans son propre camp. Les députés français eux-même, interrogés par une équipe de journalistes, se déclaraient favorable à Obama. En somme, entre une femme et un "noir", qui l"emportera?
Cette attirance médiatique pour le seul noir à briguer le poste présidentiel pourrait pourtant desservir le candidat et installer un doute quant à ses réelles capacités à gouverner et à rassembler. Il avait d'ailleurs dû, un jour de commémoration pour Marthin Luther King, se déclarer  non raciste, à cause de déclarations du pasteur de son église, estimant que les noirs d'Amérique devraient dire "Que Dieu maudisse l'Amérique" suite aux traitements dont il font l'objet (selon lui).
Entre autres propos "homophobes" (suivant le terme consacré) il avait aussi désigné les blancs comme des "diables aux yeux bleus" et qualifié les Juifs de "sangsues", comparé Israel à l'Afrique du sud au temps de l'Apartheid, obligeant Barack Obama, qui avait emprunté le titre de son livre, "The Audacity of Hope" à l'un de ses sermons,à intervenir pour condamner ses propos.
Pourtant ces questions, dont se servent à la fois Barack Obama et Hillary Clinton ne devraient pas avoir droit de cité. Le plus important est ailleurs, aussi bien pour les Etats-Unis que pour le reste du monde. Que le futur président soit noir, femme ou âgé n'a qu'une importance tout à fait relative et ne devrait pas influer dans les décisions politiques futures, où seule l'habileté de l'élu comptera.