Suite de : Alerte orange et rouge dans les villages proches du volcan Tungurahua.
et de : Volcan Tungurahua, Equateur : sismicité en augmentation et explosion du bouchon sommital.
Suite à la violente explosion, de 06 h 51, le 14 Juillet, expulsant le bouchon obturateur et générant une colonne de vapeur d’eau, de gaz, de cendres et de roches atteignant une altitude oscillant entre 5,1 et 8,3 kilomètres au-dessus du cratère sommital, l’activité du Tangurahua, principalement caractérisée par des séismes de longue période, est restée élevée. Les événements les plus marquants sont un épisode de tremor, d’une durée d’environ 8 heures ponctué par des « beuglements » et des « rugissements », accompagné d’exhalaisons modérées à fortes, d’une part, et, d’autre part, la chute de cendres fines et humides, du petit matin jusqu’en milieu d’après-midi du 16 Juillet, sur le village de El Manzano.
Le système de surveillance du volcan a enregistré, au cours des journées des 15 et 16 Juillet 2013, 118 aléas sismiques de longue période, – « LPs » –, 2 tremblements de terre hybrides et 59 épisodes de tremor spasmodique dont le plus significatif, associé à un panache dense de vapeur d’eau, de gaz et de cendres dont il n’a pu être apprécié ni la hauteur ni la direction à cause d’une forte nébulosité, s’est produit entre 04 h 10 et 12 h 50, heure locale, le 16 Juillet.
Depuis le début d’après-midi du 15 Juillet, des pluies modérées à fortes sont tombées sur la partie supérieure de l’édifice volcanique et les capteurs de lahars ont détecté la présence d’une augmentation de débit dans les ruisseaux de Juive, Achupashal et Bilbao, correspondant, probablement, à des afflux d’eaux boueuses.
Bien que «La situation du volcan paraisse relativement calme, ne se manifestant qu’au travers d’explosions modérées et un panache de gaz, de cendres et de vapeur d’eau assez peu consistant, le processus éruptif étant en cours », il est important d’instaurer une période d’attente prudente, durant plusieurs jours, car une nouvelle extrusion de magma, un débordement de lave en surface et une augmentation de l’activité volcanique ne sont nullement à exclure. Du reste, les mesures préventives, avec activation des plans d’urgence, affectent les provinces de Tungurahua et de Chimborazo qui ont le colosse en limite provinciale. Et des unités de santé sont en faction permanente à Quero, dans les hôpitaux de Pelileo et de Baños, à Ambato et à Quisapincha.
Bref historique du Volcan Tangurahua
Le Tungurahua, un des volcans les plus actifs d’Équateur, est un empilement de trois édifices volcaniques :
– Le Tungurahua I, un stratovolcan andésitique de 14 kilomètres de diamètre, a connu au moins un effondrement sectoriel suivi par l’extrusion d’une série de laves dacitiques.
– Le Tungurahua II, composé principalement de coulées de laves andésitiques acides, d’âge plus jeune, environ 14.000 ans BP, a été partiellement détruit par un effondrement gravitionnel, vers 2.995 ± 90 ans BP, qui s’est soldé par la formation d’une grande caldeira en forme, d’amphithéâtre et qui s’est traduit par un dépôt d’avalanche d’un volume de 8 kilomètres cubes environ. L’avalanche est d’abord entrée en collision avec les cônes volcaniques adjacents, immédiatement sur son Ouest, à l’édifice volcanique tangurahuien, avant de continuer à dévaler, en direction du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, sur au moins 15 kilomètres de distance. Cet événement se caractérise par une coulée de débris majeur et un lahar, d’une part, et, d’autre part, par la formation, sur la branche Sud-Ouest, d’un barrage, dans la vallée du Rio Chambo, générant un lac de 10 kilomètres de long entrainant, lors de sa rupture, une coulée de débris, de boues et d’inondations catastrophiques. En outre, l’extrusion avalancheuse a été complétée par des déversements de laves dacitiques.
L’activité éruptive de l’actuel édifice volcanique, le Tungurahua III, dont la reconstruction du cône, inférieur d’environ 50% de sa taille antérieure à l’effondrement sectoriel, est la résultante de l’extrusion de 3 kilomètres cubes de produits volcaniques. Deux périodes de construction sont attestées, la première, entre 2.300 et 1.400 ans BP, avec un magma essentiellement essentiellement andésico-basiques, générant des coulées importantes de lave et de conséquents flux pyroclastiques ; et la seconde recouvrant les derniers 1.300 ans et se caractérisant par la répétition d’épisodes éruptifs centennaux débutant par des retombées de lapillis et une activité pyroclastique de composition hétérogène, andésitiques et dacitiques et s’achevant par des coulées de lave ou des dômes de lave obstruant le cratère, de composition plus fondamentale. Ce schéma cyclique est observé dans le cadre des trois plus grandes éruptions historiques survenus en 1773, en 1886 et de 1916 à 1918. Compte tenu de la bonne maîtrise des âges et des considérations volumétriques, le Tungurahua III a un taux de croissance estimé, pour 2.300 dernières années, à environ 1,5 * 106 mètres cubes par an.
A suivre : Une chambre magmatique à l’intérieur de son cône : risque aggravé d’effondrement du Tangurahua…
17 Juillet 2013 © Raymond Matabosch
merci pour cet article. Et les populations environnantes ? sont elles évacuées ou bien attendent-elles ?
[b][quote]Madalen a dit : merci pour cet article. Et les populations environnantes ? sont elles évacuées ou bien attendent-elles ? [/quote][/b]
Pour l’instant, et je l’ai signalé dans un précédent article, il y a 200 évacuations, ce sont des paysans qui vivent sur la portion de route entre Baños-Penipe-Riobamba, au lieu-dit Los Pájaros, une zone dangereuse à cause des lahars qui dévalent dans les barrancas…
Il leur est permis, sous la surveillance de l’armée, de venir travailler leurs terres dans la journée mais ils doivent quitter la zone avant la tombée de la nuit…
merci beaucoup et….. désolée de n’avoir pas lu tous les articles précédents. Là, j’ai davantage de temps, étant en vacances 😉