Pour contrecarrer la contrefaçon (et peut-être donner un coup de pouce aux imprimeurs), la Banque centrale européenne à décidé de lancer de nouveaux billets pour l’euro, à commencer par celui de cinq, le plus usité, le plus susceptible de s’abîmer. Mais pourquoi donc ne pas opter pour des billets en polymère, comme ceux des lei (ou Ron) roumains, ou les nouveaux billets de vingt dollars canadiens ?

Histoire de faire mon intéressant, dans les bars que je fréquente, il m’arrive de sortir des billets roumains, des « lions » (un leu est un lion, des lei sont des lions) et je demande aux gros bras présents de tenter de les déchirer. Aucun n’y est vraiment parvenu (sauf quelques malins se servant de leurs ongles) et pour les brûler, il faut insister.

Le Canada vient aussi d’opter pour un nouveau billet de vingt dollars, le plus usité et le plus contrefait, en polymère, remplaçant son actuel équivalent en papier de coton, moins résistant et plus facile à falsifier.

La nouvelle composition le rendra largement plus durable. Il fait suite aux billets de cent et de 50 et précède ceux de cinq et dix dollars.

Jusqu’à nouvel informé, les nouveaux euros, à commencer par ceux du billet de cinq, se chiffonneront, ne seront guère durables.

Est-ce en raison des capacités des appareils divers (distributeurs, échangeurs de billets contre monnaie) ?
Bah, autant que je sache, les appareils roumains absorbant des billets (comme les machines à sous pour les paris) fonctionnent bien.
Mais il paraît que les billets en polymère seraient presque deux fois plus coûteux à produire. Mais pour une durée de vie presque triple, voire sextuple. Contre un an et demi en moyenne pour un billet classique. Les billets australiens, roumains, mexicains ou koweitis, sont déjà en polymère. Lesquels supportent le passage en lave-linge et sont vraiment très difficiles à déchirer (et même à brûler : feu Gainsbourg aurait dû s’y reprendre à plusieurs fois pour cramer un billet de 500 euros).

Je connais assez bien les problèmes de l’imprimerie fiduciaire (de confiance) ayant longuement fréquenté les spécialistes de l’Imprimerie nationale (devenue, ah, bah, ne revenons pas sur les turpitudes sarkozyennes, et les transactions immobilières).

Lors de la période juin-décembre 2012, ont a retiré de la circulation environ 280 000 billets libellés en euros contrefaits. C’est une augmentation supérieure à dix pour cent, mais une goutte d’eau dans la mer monétaire en euros (près de 15 milliards de billets en circulation). Le nouveau cinq euros, très peu contrefait, apparaîtra vers mai 2013. Ils couvriront pratiquement la distance de la Terre à la Lune s’ils étaient mis bout à bout, nous indique le site nouveaux-billets-euro.com. Ou plus de quatre fois le tour de la Terre.

On nous dit que la durée de vie d’un billet de cinq euros et celui d’une coccinelle, 13 mois, et que le nouveau verra sa durée de vie allongée pour « réduire son empreinte environnementale ». Ah bon ? Allongement de combien, on ne sait.

Les billets de la série Europe seront « imprimées sur du papier à base de fibres de pur coton, ce qui leur donne cette sonorité craquante particulière et une meilleure résistance à l’usure que le papier traditionnel. ». Mais bien moindre que les polymères. Les polymères pueraient-ils du bec ? Sentiraient le pâté ? Ruineraient le producteur de coton breton ? L’imprimeur de Chez Fouchtra (en Auvergne) ?

Qu’en dit la mère Le Pen ? Le ci-devant Montebourg ? Le Mélenchon ? Les Copé-Fillon ? Dupont-Aignant ? Et même Cheminade ?

Pour le moment, c’est passé comme une lettre à La Poste et l’augmentation de l’oblitération. Mais, là, j’aimerais qu’on nous explique : ils ne sont pas soucieux de l’environnement, les Canadiens ?

Ouf, les billets de la première série « conserveront leur valeur sans limite de temps ». Le truc n’est donc pas destiné à contenir l’inflation (les mères-grandes conservant des bas de laine qui ne vaudront plus rien).

En revanche, « deux agences choisies par la BCE à la suite d’un appel d’offres » vont contribuer à une campagne d’information. Pourquoi donc ? Ils ne sont pas capables d’informer par eux-mêmes, à la BCE et à la Commission ? Les journaleux puent aussi du bec, ils sentent le pâté ? Il faut leur fournir autre chose que des spécimens pour répercuter l’information ? Elle l’a d’ailleurs fort bien été, sans que la question du choix du support (papier ou polymère) soit soulevée.

Bon, j’attends la réponse à mes interrogations (pas facile de contacter par courriel la Division presse et information de la BCE, mais je vais téléphoner au 49 69 1344 7455, qui, là, ne répond pas ; je pourrais écrire « contactée, la BCE n’a pas souhaité répondre » : à c’t’heure – très petite heure matinale – ya même pû d’répondeur).

Au lieu de rémunérer des agences de com’, pourquoi ne pas répondre par avance à cette simple question : pourquoi avoir opté pour des billets pur chiffon, moins durables, et plus faciles à contrefaire ? Pas de procès d’intention, mais le fouille-merde aimerait pouvoir se faire une opinion.