Nous, les petits, les Sans-Grades

Finalement, je me faisais cette réflexion à la lecture de divers articles politiques : quelle est réellement la part dévolue au politique dans les idées qu’ils proposent au public, dans les discours qu’ils prononcent…

Non pas que je doute de leur capacité, ils sont probablement tous très intelligents (ou, en tout cas, ils ont la tête bien remplie). Ailleurs, je ne sais pas, mais en France pour entrer dans un gouvernement il faut passer par un parcours Grandes Ecoles ou Etudes Sup. En tout cas, ça n’est pas encore maintenant qu’on élira un président sidérurgiste ou maçon. Sans parler de l’assemblée nationale ou du Sénat, du reste….

Mais ça m’étonnerait fort que les déclarations qu’ils nous allongent en public, l’air solennel, soit issu de leur profonde et immense réflexion personnelle. Et aujourd’hui moins qu’avant, alors que les choses s’accélèrent, que la visibilité de l’action à long terme (voire moyen terme) devient impossible. Mais, à leur décharge, bien malin qui est capable de savoir de quoi demain sera fait.

Cependant, jusqu’à quel point ont-ils la capacité et la connaissance nécessaire pour trancher sur tel ou tel sujet ? Certes, on les voit sauter allégrement d’un maroquin ministériel à l’autre, mais ça m’étonnerait qu’ils aient la science infuse sur tous les sujets…

Je me faisais la réflexion en pensant à la succession de  déclarations volontaires dont nous a abreuvé notre président lors de la crise de l’Euro.

Question : qui est derrière, qui lui formate ses discours, qui lui résume les éléments nécessaires. Certainement, une armée de petites mains issues du corps des Hauts-Fonctionnaires.

Les médias ne cessent jamais, en raccourci, de placer le focus sur un personnage. Ça ne date pas d’aujourd’hui, La guerre des Gaules, c’est César (et un peu ses légions quand même) et Napoléon sans la Grande Armée aurait eu un peu moins de succès. Mais c’est ainsi : l’histoire résume.

Sarko a dit, Merkel refuse… Secouons-nous la tête et rappelons-nous cette évidence : ils ne sont pas seuls.

J’ai appris récemment que la plupart des hommes politiques qui passaient par le passage obligé qu’est l’écriture d’un livre, s’adressait à un « nègre » (désolé pour le terme). Ce qui est amusant, selon justement certains de ses nègres, c’est que ces politiques s’approprient très facilement le travail de ceux-ci au point de parler sans états d’âmes de « leur livre » aux médias. Livres (entre parenthèses) qui  ne sont pas toujours de grands succès en librairie.

Quel intervieweur s’aventurerait à mentionner le nom de la personne qui a écrit le livre pour l’homme politique qu’il interroge ? Aucun ? Normal, peut-être, me direz-vous…  Pas tant que ça.

Et voilà comment, incidemment, le mythe de l’homme puissant et des masses anonymes prend corps. En parlant de l’acteur, on oublie trop souvent de mentionner les scénaristes qui écrivent les textes, les réalisateurs qui tournent les plans des scènes et les machinistes qui plantent le décor.

L’homme providentiel n’existe pas.