L’empire médiatique du milliardaire Rupert Murdoch voit l’une de ses pépites disparaitre aujourd’hui. Et pourtant, cette mort programmée a été décidée par M Murdoch lui – même. Retour sur une condamnation sans appel.

Ce week end paraîtra le dernier numéro du désormais célèbre tabloïd anglais : News Of the World (NOTW).

Créé en 1843, le journal avait été racheté par le père du magnat de la presse, Rupert Murdoch, en 1968. Spécialisé dans la dénonciation de  scandales, mettant en cause les personnalités de tout type –Hommes politiques, sportifs, Célébrités,…-, News Of The World s’était notamment attaché à dénoncer les scandales sexuels.

Au nom de la liberté d’informer –et même du devoir du journaliste -, le tabloïd évoquait, chaque semaine, les ébats et les conduites déviantes  des personnalités les plus en vue. Cette recherche « à tout prix » de scoops nécessitait –et c’est ridicule d’affirmer, que l’on ne savait pas – le recours à des méthodes peu recommandables. Le piratage de messageries téléphoniques avait déjà, en 2007, entrainé l’arrestation d’un des détectives privés du journal, Glenn Mulcaire. Néanmoins, ce coup de semonce n’empêcha pas l’hebdomadaire de poursuivre sur sa lancée, même si de nombreuses procédures  judiciaires éclataient au fil du temps. Méprisé par les personnes mises en cause – rappelons, ces personnalités figurent parmi les plus influentes -, condamné par les journaux traditionnels, News Of the World avait néanmoins réussi son pari : intéresser ses lecteurs. Plus fort tirage de la presse britannique –avec un tirage moyen de 2.8 millions d’exemplaires –  , NOTW attirait à lui bon nombre d’annonceurs, qui, inéluctablement, délaissait la presse plus traditionnelle. Cette réussite populaire n’empécha pas l’ensemble de la presse britannique à dénoncer les méthodes d’investigation, mais aussi la nature des scandales dévoilés par le tabloïd. Les quolibets – surnommé « News of the Screws », nouvelles de la baise – accentuèrent encore ce mépris. Les journaux traditionnels, y compris les journaux français, qualifièrent ce type de publication de « presse de caniveau », « presse poubelle », …Ainsi, évoquant l’affaire, Le Monde daté du 09/07/2011 s’oppose à l’hebdomadaire britannique, qui n’appartient pas à la « presse de qualité ». On peut légitimement s’interroger sur ce type d’arguments , dans la mesure où le tirage de News Of the World peut rendre certains directeurs de publication de cette « presse de qualité » jaloux. Lorsqu’éclate un scandale de violations de messageries électroniques, NOTW n’imagine pas un instant, que cette nouvelle tempête sera la dernière de son existence.  Mais, lorsque l’opinion publique découvre, que parmi les 4000 messageries violées figurent des messageries d’anonymes, dont le seul « intérêt » est d’avoir connu la guerre (Irak, Afghanistan,…), le deuil (Attentats de Londres de juillet 2005,…), la réaction est sans appel, puisque l’émotion suscitée est vite remplacée par une colère populaire.  Le seul soutien de NOTW – les lecteurs – vient de disparaitre, entrainant immédiatement la réaction des annonceurs, qui retirent la confiance en cette publication.  Crise de crédibilité, crise économique, et enjeu financier.En effet, l’empire médiatique de Rupert Murdoch ambitionne, depuis des années, d’acquérir le bouquet satellite – et très rentable – BskyB. Dès l’annonce du scandale de ce piratage, certains demandent au gouvernement britannique d’arrêter les négociations avec le groupe de M MURDOCH en ce sens.  Pour couper court à toute spirale infernale, le milliardaire décide (précipitamment) la suppression du titre, qui publie donc ce week end son dernier numéro.  L’histoire détaillée de ce scandale annoncé sera très probablement décortiqué dans les prochaines éditions de The Times, The Sunday Times, The Sun…Car, l’empire de M Murdoch regorge aussi de « cette presse de qualité », même si la place vacante laissée par News Of The World suscitera des ambitions pour les prétendants à sa succession. Les premières rumeurs font déjà état d’un projet d’édition dominicale pour The Sun..Et, surtout, ne doutons pas que cette nouvelle expansion pour The Sun n’aura à répondre qu’à un but : attirer des lecteurs, en leur proposant ce dont ils ont envie : des scandales sexuels…