Alors que l’hiver se fait plus froid, les associations mettent tout en oeuvre afin d’apporter le soutien nécessaire aux plus démunis. Pour le président de l’association nancéienne ‘‘La Soupe pour les Sans-Abris’’, le combat doit se poursuivre toute l’année.

 

Les thermomètres affichent des températures négatives. La réaction des pouvoirs publics ne se fait pas attendre : lancement du plan grand froid. Le dispositif d’aide aux sans-abris s’organise dans l’hexagone. Ouverture précipitée de salles et de gymnases, publication de marronniers dans les médias, rappel des numéros d’urgence… Le soutien aux personnes en difficulté semble intimement lié aux aléas météorologiques.

En pleine période hivernale, les associations sociales mettent en place leurs services d’aide. A l’image du lancement, fin novembre, de la 24ème campagne des Restos du Coeur. Une campagne qui se prolongera jusqu’au retour des températures plus clémentes.

 

Le collectif des morts de la rue a recensé l’an dernier environ 320 décès de SDF dans toute la France. « Statistiquement il n’y a pas plus de mort l’hiver que pendant les autres mois de l’année » note Christophe Louis, le président du collectif. Ces décès sont le résultat de conditions de vie déplorables. Absence de suivi médical, mauvaise alimentation, alcoolisme ou addiction aux drogues, l’espérance de vie avancée par le collectif serait d’environ 48 ans pour un sans-abris. Le froid vient alourdir cette liste mais ne représente pas la principale cause de mortalité. Afin d’assurer un meilleur suivi des plus démunis, l’aide ne doit pas se limiter à la période hivernale.

De plus en plus jeunes

C’est ce dont s’est rendu compte un Nancéien, André Thiriez, président de ‘‘La soupe pour les sans-abris’’. Alors que les principales associations limitent leur mobilisation, ce retraité d’EDF de 81 ans ne se laisse aucun répit : « On vient ici tous les dimanche. On pourrait ne distribuer des repas chauds qu’en hiver, mais les sans-abris ont faim toute l’année! ».

 

A ses débuts en 1988, l’association apportait une aide alimentaire à seulement huit Nancéiens. Aujourd’hui, ils sont plus de 240. Hommes, femmes, actifs, retraités, travailleurs pauvres, mais surtout « de plus en plus de jeunes » constate André Thiriez. « A l’époque, le plus jeune avait 35 ans. Maintenant on trouve beaucoup de 18-25 ans dans les rues ».
   

Heureusement, le nombre de bénévoles a suivi la hausse des demandeurs. Ils sont maintenant 95 à continuer l’action entreprise par André Thiriet. Leur rendez-vous dominical s’arrête aux pieds des églises de la ville pour aller à la rencontre des SDF. Distribution de repas et de vêtements chauds. Les mobilisés apportent, comme les autres associations, le nécessaire à la survie dans la rue.

Véritable lien social

Mais leur action ne se limite pas là. Les bénévoles rapprochent les sans-abris des services sociaux afin d’évaluer leurs revenus et les orienter vers les dispositifs adaptés à leurs besoins. Un seul objectif : leur permettre de sortir de la galère. « Un jeune qui se retrouve dans la rue et vient directement nous voir a des chances de s’en sortir. Mais s’il trouve des amis et s’installe dans un squat, il aura plus de difficultés à réintégrer une structure d’accueil » explique André Thiriet. La « sensation de liberté » qui les accompagne les rend distants de tout cadre contraignant.

 

‘‘La soupe pour les sans-abris’’ leur apporte tout de même l’aide nécessaire. Et met à la disposition de ses bénéficiaires un numéro de téléphone pour faire part de leurs besoins à n’importe quel moment. André Thiriet et ses acolytes installent ainsi régulièrement des poëles à pétrole dans les squats et leur fournissent des sacs de couchage.
   

Plus qu’un soutien temporaire, c’est un véritable lien social que les membres de l’association entretiennent. « Les gens ici, je les connais tous. On se fait la bise maintenant » raconte son Vice-Président Henri Brugière après 11 ans de loyaux services. Comme un dernier raccord à la société pour les sans-abris.