Nahid, c’est le chemin de croix que traversent certaines femmes en cas de divorce avec en prime une spécificité  à caractère misogyne. Nahid, (Sareh Bayat) vit dans une petite ville portuaire d’Iran sur les bords de la Caspienne. La promesse faite à son ex de ne plus convoler en échange de la garde de son "diablotin" de fils se trouve mise à mal lorsqu’elle tombe sous le charme de Massoud, un "opulent Don Juan"… La voilà face à un dilemme cornélien ingérable alors qu’elle est vulnérabilisée par la précarité de sa situation financière ! 

Nahid qui n’a pas trouvé meilleure allié que le mensonge face à des situations embarrassantes vit dans la clandestinité son histoire d’amour avec Massoud le directeur d’hôtel, (Pejman Bezeghi). Jusqu’au jour où pour contourner les interdits, elle accepte de s’engager dans un mariage temporaire sans courir le risque de perdre la garde d’Amir Reza, (Milad HasanPour). Une calamité, synonyme "d’outil d’exploitation de la femme", qui plus est très mal vue en Iran et qui a tout d’une prostitution…halalisée. Tout cela forcément à l’insu de la famille de peur des représailles. Mais c’est sans compter sur les cancans, loisir de prédilection des habitants de cette ville. 

Dignité bafouée, le malaise est palpable au sein du couple. Ida Panahandeh le filme tout en retenue avec  juste une plage grisâtre aux effluves anxiogènes, un hôtel équipé d’une caméra de surveillance, symbole des pressions qui pèsent sur Nahed. Ceux des proches, des moins proches et des autres. Un panier de crabes ! 

On assiste à un scénario classique avec  accessoirement quelques variantes autour des déchirements entre époux pour la garde de l’enfant : jouissant du privilège que lui confère son genre, le mâle peut asseoir son autorité au sein de son couple après la rupture pour mieux entourlouper. Pour autant, Ida Panahandeh ne tombe pas dans la caricature en se bornant au manichéisme, mettant en scène un couple composé d’un bourreau, d’une Sainte-nitouche. Loin d’être un Hercule, Ahmed, (Navid Mohammadzadeh) a ses faiblesse tout comme Nahed ; il se bat désespérément contre le démon de la drogue. 

Ida Panahandeh dément ces stéréotypes faisant de certaines femmes des Béni oui oui à la solde de la suprématie masculine. Elle  rend là un bel hommage à cette moitié de l’Humanité sans laquelle tant de choses ne bougeraient pas. Notamment toutes ces choses nées des frictions tradition-modernité qui n’attendent qu’un dépoussiérage. Un bémol  et pas des moindres : c’est l’absence totale d’alchimie entre Nahed et Massoud, le second, (Pejman Bezeghi) avec ses yeux de crapaud mort d’amour joue comme un véritable robot. A moins qu’il ne s’agisse là d’un choix délibéré censé mettre en relief la passion qui le lie à sa dulcinée… 

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