Je me préserverai bien d ’empiéter trop fort sur le débat nantais au sujet des aéroports Nantes-Atlantique (NTE) et Notre-Dame-des-Landes qui ouvrira ou non en 2017. Je ne sais si la ligne à grande vitesse Rennes-Paris (voire la liaison ferroviaire Angers-Rennes) priverait ou non l ‘aéroport projeté d ‘une partie de sa clientèle prévue sur le papier. Mais voyons plutôt un peu ce qu’il advient de l ‘aéroport voisin, celui d ‘Angers Loire (ANE).

Certes, l’aérodrome d’Avrillé, devenu aéroport jusqu’en 1998, nonagénaire, n’était guère extensible. Certes, un aéroport situé vers Ancenis, à mi-chemin entre Angers et Nantes, aurait concurrencé Nantes-Atlantique…
Mais l’aéroport de Marcé, à 25 km d’Angers, ouvert fin 1998 et rebaptisé pompeusement Angers Loire Aéroport en 2006, ne fait guère recette. Déjà, il faut s’y rendre. Il y a bien, ou il y avait bien, un arrêt de bus à proximité, enfin, à 500 m, ce qui, sous la pluie, encombré de bagages, n’est pas vraiment commode.
Là, si vous consultez le site de l’aéroport, un lien vous renvoie vers le site Destineo pour consulter les horaires.
Lequel site vous annonce que pour se rendre à l’aéroport « aucune solution n’a été trouvée ».
Hélas trop habitué à la fréquentation de l’aéroport Paris-Mauvais (de Beauvais), seul à proposer des
vols directs vers certaines destinations européennes, je veux bien concevoir que la plupart des Angevins, Rennais, Mayennais, disposent d’un véhicule automobile.
Je relève que la seule manière abordable pour un piéton de joindre Paris-Mauvais depuis Paris consiste à consentir 30 euros A-R afin de s’éviter un trajet ferroviaire Paris-Nord-Beauvais pour devoir ensuite, la plupart du temps, prendre un taxi. Il y a bien quelques rares bus municipaux circulant entre la gare de Beauvais et l’aéroport (à tarif cumulé quasiment identique, sauf que les réductions SNCF s’appliquent), mais ils véhiculent surtout des employés pour leur prise et fin de service. Pas question de concurrencer la compagnie privée.

En serait-il de même pour Angers Loire ? La réalité est plutôt que l’offre est tellement limitée que prévoir une liaison par bus ajouterait du déficit au déficit.
Depuis début 2012, il doit bien se trouver des compagnies de charter pour envisager de proposer quelques rares vols couplés à des séjours. Elles tardent à se manifester et les deux seules liaisons hebdomadaires régulières offertes sont à destination de Nice (mardi, jeudi, dimanche) et de Londres City (mardi, jeudi, samedi).
Nul besoin de télécharger (en cette mi-novembre) « le guide horaires printemps-été 2012 », une simple copie d’écran suffit à consulter paisiblement les horaires de British Airways (reprise des vols le 28 mai 2013 vers Londres) et de Danube Wings (vers Nice, à 250 euros A-R, sans compter les multiples taxes et suppléments). Pas de quoi susciter une intense fréquentation de bus.
Adosser à la clientèle de femmes et d’hommes d’affaires une autre, de tourisme de loisirs, ne sera pas une mince affaire. Voici tout juste un an, Angers Mag titrait « Doit-on fermer Angers Loire Aéroport ? ». Le Nantais Patrick Maréchal tonnait : « Angers doit être fermé, son trafic est quasi nul… ». Pas faux (il est utilisé à dix ou 15 % de sa capacité), mais il faudra sans doute fortement subventionner des compagnies aériennes à bas coût pour assurer un semblant de rentabilité à Notre-Dame-des-Landes.

La question  qui se pose  est  de  savoir  s’il  faut  ou  non  renforcer et allonger  la  piste (à 2 400 m) ou  jeter l’éponge. Situé près de Seiches, loin de Sablé ou François Fillon a réussi à faire s’arrêter les TGV de Paris  (et bientôt les  trains  reliant enfin  Angers  à Rennes  sans  passer
par Le Mans ou Nantes), Marcé est  aussi concurrencé par  Tours  (liaisons  avec Londres-Stansted, Manchester, Porto Marseille, Dublin, et le sud de la Corse). Lequel aéroport de Tours  est relié  par municipal à la gare de la ville. Heureusement, celui du Mans n’accueille des vols internationaux que sur demande.
On (enfin, le contribuable angevin et du Maine-&-Loire) ne  sait  trop ce que son aéroport rapporte ou coûte, enfin, réellement (il faudrait vraiment fouiller longuement la Toile pour trouver les chiffres).

Soit c’est trop tard, et l’idée, soutenue par l’ancien maire d’Angers, le « Roi Jean » était mauvaise, soit il est encore temps, et la question des liaisons, commodes et peu onéreuses, se pose (tout autant d’ailleurs pour Notre-Dame-des-Landes). Tiens, c’est un peu dommage : tous ces écolos manifestant près de Nantes qui, armés de pelles et de pioches, auraient pu se mobiliser sur le long terme pour améliorer la desserte de Marcé… et allonger sa piste.

De toute façon, dans un futur plus ou moins proche, Nantais et Angevins risquent davantage de s’envoler depuis… Orly agrandi. Déjà desservi par le RER (plus navette), bientôt par la ligne 7 du tramway.