Dur de ne pas se laisser tenter par Mustang, ce film turc, encensé sans discontinuer sur toutes nos ondes. Usé pourtant jusqu’à la corde, le thème des dérives de l’autorité parentale semble susciter un éternel engouement. Il faut dire que la tâche qui incombe aux parents n’est pas toujours de tout repos surtout quand les outils prévus à cet effet n’ont pas été remis au goût du jour. La grand-mère et l’oncle qui ont à charge l’éducation des quatre soeurs orphelines ne manquent pas de bonne volonté pour mettre ces dernières à l’abri des menaces extérieures. Pour un résultat désolant, l’enfer étant décidément pavé de bonnes intentions ! 

Dernier jour de classe. Les enfants font une farandole et la maîtresse est toute émue. Adieu monsieur le professeur, on ne vous oubliera jamais ! Et puis s’en vont. Sur le chemin paradisiaque du retour, au bord de la mer Noire, les adolescentes en uniforme vont croiser des copains et profiter des plaisirs insouciants d’une baignade. Sauf que la posture d’une fille à cheval sur les épaules d’un garçon ne passe pas inaperçue dans cette contrée reculée, peu propice à la légèreté des enfantillages. C’est aussitôt l’activation du téléphone "turc" et la nouvelle parvient illico aux oreilles de la grand-mère ! 

C’est que la rapporteuse de voisine a eu le malheur de prendre ses fantasmes pour la réalité voyant le mal dans l’innocence. Face à un tel "déshonneur", les parents vont user de grands moyens pour recadrer "ces vicieuses". Le plus tôt sera le mieux de peur qu’elles ne se dévergondent davantage et c’est parti pour la chasse aux prétendants ! Les soeurs presque siamoises, battantes dans l’âme, devront se séparer avant l’heure. 

Malgré quelques rebondissements, tout le film va alterner entre cette série de mesures coercitives  prises par les bourreaux d’éducateurs et les subterfuges inventés par des jeunes en péril ! La dimension esthétique étant manifestement le domaine de prédilection de Deniz Gamze Ergüven, le casting et le choix des lieux répondent expressément  à cette exigence sans jamais y faillir. Il en résulte une sorte de redondance qui peut lasser le spectateur désireux  d’autre chose que ce braquage  de caméra incessant sur des visages, aussi beaux soient-ils. 

D’après les confidences faites lors de son passage à l’émission de Ruquier, Deniz Gamze Ergüven donne le sentiment de dénoncer sans dénoncer se cachant derrière le paravent de conte.  Comme une manière de se dédouaner pour n’avoir rien fait d’autre dans son film que de jeter en pâtures des gens à travers son regard inquisiteur sans nous donner les moyens de mieux comprendre ces sociétés . Nombre de ces traditions sont tombées en désuétude dans la Turquie d’aujourd’hui comme chez  quelques uns de ses voisins laissant leur exclusivité aux plus précaires, malheureusement. Il y a comme un parfum d’anachronisme dans le déballage de tous ces clichés.

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