Il fallait y penser à cette idée originale de l’exposition du Musée des Cœurs Brisés, venue tout droit de Zagreb, à l’initiative d’Olinka Vistica et Drazen Grubisic. En effet, nombreux sont celles et ceux qui dans le cadre du festival de la Croatie en France, ont répondu présents à l’appel de collecte anonyme lancé par le Centquatre à Paris, ce qui a permis la concrétisation de cette exposition qui, au-delà de la valeur artistique porte en elle une ambition  thérapeutique, avec comme objectif d’aider les donateurs à "surmonter l‘effondrement émotionnel par un acte créatif". 

De simples objets divers et variés, vestiges d’une foultitude d’histoires d’amour déchu exposés dans un sous-sol sous une lumière diaphane, dans un décor minimaliste, semblent opérer à eux seuls une attraction magique sur les visiteurs de passage dans ce lieu insolite par pur hasard, par curiosité ou par intérêt. 

Devant des souvenirs venus de tous les horizons se déclinant sous toutes les formes, toutes les couleurs, il en est de bien plus amochés que d‘autres, de plus touchants, de plus étranges : une plaque d‘immatriculation, un récipient à larmes, un chapelet, une alliance en argent, un sous vêtement, de vieux volumes de Proust, un bibelot, un téléphone, une peluche, une robe, une paire de chaussures…Parfois une simple boite d’allumettes, un briquet, un chargeur, un pin’s, ou même un emballage de caramel. 

La légende qui vient illustrer ces fragments de vie, retrace le parcours intense de ces miettes de vie venues s’échouer au fond d‘un symbole. Au-dessus de nos têtes pendent comme sur une corde à linge, une multitude de feuilles de papiers portant les traces des mots d’amour. 

Quant aux motivations qui poussent ces anonymes à se défaire des ruines de leur histoire révolue, elles sont variables, entre celui qui aspire à tourner une page douloureuse pour faire son deuil, ou peut-être à gommer définitivement une plaie encombrante. 

A côté de ces donateurs il y a ceux qui, pour rien au monde ne pourraient se séparer d’un brin de vie sacralisé qui se confond avec l‘être aimé en personne et s‘en accaparent religieusement, à l‘abri de tous ces yeux. 

Face à cet espace incongru, on vient à se demander, « objets inanimés avez-vous donc une âme Qui s’attache à la nôtre et la force d’aimer ? »  Parce que même ces rescapés d’un amour brisé, qui ont voulu exposer les leurs de vestiges devant tous ces regards curieux chercheraient quelque part à réanimer leurs lambeaux d’histoire pour les empêcher un beau jour, de les voir se dissiper. 

Ce n’est pas l’exposition des tableaux de Dali, c’est un tout autre genre, une sorte de célébration d’histoires intimes. Au guichet on a été informé que suite à une nouvelle collecte, de nouveaux objets devraient prochainement venir enrichir l’exposition qui se tient  jusqu‘au 20janvier. Si le cœur vous en dit, un petit détour ne fait pas de mal…Et si quelqu’un vous a brisé le cœur et que vous possédez chez vous un objet qui vous rappelle cet épisode douloureux de votre vie, vous pouvez vous en débarrasser en en faisant don au Musée des Cœurs Brisés qui expose au Centquatre.