Les médias se sentiraient-ils investis du rôle de vacciner en masse la population innocente contre l’épidémie de protection et de droit disséminée par les « poulets » français ?

A voir les journaux télévisés, la presse écrite, les dépêches tombées tout au long de l’année 2009, il semble que les patrons de presse, picorant des grains de caviar dans d’autres basse-« cour », aient dressé  leurs coqs  à attaquer sans discernement ni esprit de responsabilité les fondamentaux de la profession des gardiens de la paix, qu’ils soient fonctionnaires de police ou militaires de la gendarmerie.

Ainsi, « l’horreur » (citation d’un policier) du 27 décembre, dont a été victime en service le policier du commissariat de Chessy, écrasé contre un mur, le bassin et les jambes broyés par le 4*4 utilisé par les cambrioleurs pour s’enfuir, a fait l’objet d’une annonce ultra-minimaliste assortie du sourire « après tout en s’en fiche » de la journaliste du JT de 13h sur la une.
Patrice intervenait sur un cambriolage en flagrance, sur appel de témoins, pour protéger les biens et les personnes. Ce Major de 53 ans, un homme qui n’avait jamais voulu quitter le terrain, est décédé des suites de ses blessures le 30 décembre. A nouveau, annonce indécente en 15 secondes et deux phrases du journal télévisé de TF1, qui ne mentionne même pas le déplacement du ministre monsieur Hortefeux au commissariat de Chessy, ne recueille pas les impressions des représentants de la police, pas plus que celles de la population. Flagrance de défaut d’information.

Un homme meurt au service de la nation, au service direct de citoyens : les médias, hormis quelques rares exceptions, n’ont pas adopté, une fois de plus, l’attitude minimale de respect et de dignité qui sied à la circonstance.
Ils façonnent et formatent l’esprit du lectorat, la culture sociale et citoyenne du public, malheureusement beaucoup plus souvent sous une forme polémique stérile que dans l’état d’esprit d’une démarche constructive orientée solutions, dans l’intérêt commun.

« Les médias sur-médiatisent le décès de jeunes gens  accidentés sur une moto volée, les gens font une marche silencieuse… » : lorsque les policiers en parlent, ils pensent à adresser leurs condoléances à la famille, et sont eux-mêmes consternés, car pour eux, la mort d’un jeune ou d’un être humain restera toujours un drame autant qu’un échec. Mais un homme de loi décède en protégeant le citoyen contre des voleurs : aucun commentaire des médias. Ces mêmes voleurs qui n’hésitent pas, souvent, à saccager votre appartement, l’incendier, tabasser les personnes âgées résidentes, ou violer la locataire au passage, comme cela vient de se produire. Si le major ou ses collègues avaient fait usage de leur arme au moment du danger pour tirer sur le conducteur, où en serait-on ? Si vous-même étiez victime un jour, seul face à des monstres ? Voulez-vous vous trouver vous-même un jour devant le sentiment d’anéantissement total et de terreur inspiré par la violence d’êtres humains comme vous, mais dont vous n’imaginiez pas qu’ils puissent cacher des monstres capables de vous faire endurer gratuitement des souffrances dont plus jamais vous ne vous remettrez, qui hanteront votre mémoire, votre corps et vos nuits jusqu’à votre mort ? Les policiers et les gendarmes connaissent ça, ils le vivent au quotidien. Chaque intervention, chaque interpellation, est aussi une exposition à ce risque.
 
La police comme la gendarmerie ont droit à la présomption d’innocence, à une information équitable les concernant, pas seulement à charge, comme on le constate souvent, et au respect dû aux institutions, particulièrement lorsque des hommes ou des femmes meurent, victimes du devoir et bien souvent de criminels, perdant la vie pour défendre les biens, les citoyens, nos libertés individuelles, la démocratie, notions qui n’existent déjà plus dans certaines zones de «non droit ».
Doit-on considérer aujourd’hui qu’un fonctionnaire de police, un militaire de la gendarmerie, un sapeur-pompier, ont signé pour se faire tuer comme de la chair à canon, sans même une reconnaissance de la nation, des citoyens qu’ils protègent, pendant qu’on donne des permis de tuer aux brigands, criminels ou inconscients de touts poils, en allant jusqu’à les excuser ou s’apitoyer sur eux, ou même les valoriser, voire en faire des victimes dans les médias ?

Le 31 décembre, les écussons et les véhicules de la police se sont barrés de noir. Comment ne pas être insensible à la discrétion, la dignité, dont font preuve les policiers dans un moment de douleur et de désarroi si intenses ?

Pour avoir passé le 30 et 31 décembre aux côtés de nombre d’entre eux, a essayer de mesurer le malaise, entendre leur parole et tenter de les comprendre, j’ai pu mesurer l’ampleur de la souffrance policière d’un côté, et les dangers concernant les rapports faussés à la population d’autre part.
Les policiers disent avoir bien conscience que la chasse systématique à l’automobiliste pendant que les violences volontaires s’aggravent change la donne.

Dans leur majorité, les policiers, eux-mêmes désabusés, comprennent « le ressenti d’une population pressurisée à qui on envoie les forces de l’ordre aussitôt qu’elle dépasse la vitesse autorisée de quelques kilomètres heures ou qu’elle manifeste sa détresse parce les rois du capital ont décidé de délocaliser pour toujours plus de profit, et dans le même temps, on abandonne les cités dans lesquelles plus personne en haut lieu n’a le courage de faire respecter les lois de la République. »

Ils sont révoltés:  « Le silence est parfois et même souvent plus dur que les mots… Le soutien aux forces de l’ordre ne peut pas se manifester par le silence, car c’est-ce même silence qui, depuis trop longtemps, nous tue à petit feu ».  

Les obsèques et le dernier hommage au Major se dérouleront le 6 janvier. Vous pouvez témoigner votre sympathie et votre soutien à la famille et à la Police Nationale sur http://www.facebook.com/home.php?ref=home#/group.php?gid=224061614124

Pendant que policiers, gendarmes et population souffrent en silence, les médias renvoient l’attention collective du public sur des querelles de clochers franco-français, divisant le pays, les institutions qui devraient unir leurs forces et se compléter, brisant le lien de confiance entre les français et les représentants de la loi, dans une période cruciale au cours de laquelle la nation devra pourtant faire appel à ses forces vives, organisées, unies dans un même objectif : la stabilité du pays.

PS : dans vos commentaires sous cet article, je vous demande expressement de bien vouloir observer des règles minimum de respect de la douleur de la famille et du recueillement, ainsi que de ne diffuser aucun élément concernant l’enquête, de façon à ne pas l’entraver. Toute information doit être transmise directement et uniquement aux services en charge de l’enquête.