En ce dimanche 9 juin, pluvieux et triste, les sorties semblent tuées dans l’oeuf. Les dernières journées ensoleillées nous avaient leurrés, et l’on s’était imaginé une fin de semaine allongés dans l’herbe à écouter les oiseaux chanter et à regarder les papillons blancs butiner les pollens. 

 

Force est de constater que la sieste estivale , et le farniente sont à proscrire. Aujourd’hui, nous resterons à l’intérieur , à faire du rangement , du ménage ou à se laisser aller à l’oisiveté devant le poste de télévision.

 

C’est le moment idéal pour rattraper son retard cinématographique. Pour les afficionados des films noirs  qui mettent en avant les déboires du cerveau humain, je vous conseil le programme suivant:

Installez vous confortablement dans votre canapé , et regardez la fameuse trilogie "Millenium", adaptation du roman éponyme de Stieg Larsson. 

 

Si au départ, certaines scènes glauques vous feront douter sur votre propension à supporter les 6 épisodes qui constituent l’oeuvre, attendez un peu et laissez vous prendre au jeu.

 

L’adaptation que j’eus le plaisir de découvrir est celle de 2009. Réalisée par Niels Arden Opley, elle révèle tout le talent de Michael Nyqvist (dans le rôle de Michael Bromqvist), et de Noomi Rapace (dans le rôle de la révoltée et déchirée  Lisbeth Salander).

 

Noire à souhait l’histoire imaginée par feu Stieg Larsson raconte dans son premier volet la rencontre entre un journaliste mis au ban par ses confrères pour diffamation et une jeune femme atypique , brillante et sauvage. Dotée d’une mémoire photographique et d’un sens de l’investigation hors pair, elle aidera le journaliste déchu à résoudre une affaire de meurtre datant de plusieurs années , celui de Harriet Vanger , nièce d’un richissime homme d’affaires.

 

Au fil des épisodes , les liens tissés entre les deux protagonistes se feront de plus en plus étroits. Lisbeth deviendra alors une héroïne à part entière , avec une personnalité étonnante ,une pugnacité exemplaire, une volonté et une force à la hauteur de ses violences et de ses démons.

 

L’oeuvre cinématographique est, à mes yeux , unique en son genre. L’horreur et l’angoisse sont palpables, la mise en scène, les dialogues et le jeu des acteurs poussent le spectateur dans ses derniers retranchements, le violentant psychologiquement via des scènes à la limite du supportable. 

 

Noomi Rapace explose dans ce rôle . Grimmée pour l’occasion en punk, avec des tatouages mystérieux, de nombreux piercings , maquillée en noir et portant des chaines en guise de bijoux,ainsi que des  clous et des chaussures plate-forme, elle interprète avec brio le destin d’une fille perdue, internée de force à l’âge de treize ans pour avoir brûlé vif son père qui maltraitait sa mère. Si le personnage de Lisbeth Salander effraie un peu dans le premier épisode , il devient bien vite une référence psychologique.

 

Abusée sexuellement pendant plus de un an par son médecin, violée par son  tuteur pour récupérer un argent qui lui était pourtant du, laissée pour morte par son propre père, meurtrier et proxénète, lapidée par la presse pour ses préférences sexuelles, la petite brune au coup de poing ravageur ne va jamais lâcher prise , allant jusqu’à exposer aux juges lors de son procès (dernière partie) la vidéo de son viol par son tuteur. Vêtue de noir et portant la crête qui caractérise sa révolte , elle ne se défilera pas devant les questions qui l’accusent de meurtres. 

 

Je n’en dirais pas plus sur le synopsis. Certains arguent que la version américaine est bien meilleure et colle plus à l’oeuvre littéraire. Je n’ai pas lu la trilogie (je vais me rattraper) , mais je suis certaine d’une chose: le minois de Noomi révèle à merveille les douleurs de son personnage, et l’intrigue est terriblement bien rendue, jusqu’au générique même qui reprend pêle mêle et un à un les symbols et moments forts de chacun des épisodes.

 

Je reste conquise et troublée par la version suèdoise qui ose mettre en avant ce qui dérange sans en faire des tonnes sur les effets spéciaux. Elle va à l’essentiel, efficace , directe, opérante.

Millénium est décidément une saga qui ne laisse pas indifférent!!!