A 80 ans, l’ancien premier ministre nous livre ses confidences sous le titre « Si ça vous amuse », allusion à une réflexion de François Mitterrand à son endroit. Cette phrase montre à quel point Mitterrand méprisait Rocard dont il a sans doute ruiné la carrière politique.

Contrairement à Mitterrand, Michel Rocard a toujours été animé par des convictions sincères d’homme de gauche.

Il est un acteur de la vie politique depuis plus de 60 ans et s’il n’a pas réussi à devenir Président de la République, il le doit évidemment à François Mitterrand. Il a pourtant été correct puisqu’après avoir déclaré son intention de briguer l’investiture suprême, il s’est effacé en militant discipliné.

Il s’est fait connaître en 1969, secrétaire général du PSU au moment de l’élection présidentielle. On se souviendra surtout de lui comme d’un premier ministre de Mitterrand qui eut bien du mérite à imposer ses vues malgré un président qui ne l’a pas épargné.

Selon lui, « son activité à Matignon fut un "long combat pour imposer les réformes à ses yeux indispensables ». Parmi ses réformes, on se souvient surtout du revenu minimum d’insertion et de la CSG.

Il n’aurait sûrement pas pu rester aussi longtemps à Matignon (un peu plus de trois ans), s’il n’y avait pas eu la guerre du Golfe. « Je vais le nommer puisque les Français semblent en vouloir. Mais vous verrez, au bout de 18 mois, on verra au travers » disait Mitterrand qui pensait mieux le détruire en le nommant premier ministre.

Beaucoup le critiquent parce qu’il a accepté des missions que lui confiait Nicolas Sarkozy. Il se défend de pactiser avec la droite : « Je suis dans l’opposition et j’y reste", mais "je suis citoyen français, depuis toujours serviteur de mon pays »

Il a abandonné son dernier mandat public de député européen l’an dernier. Finalement, Michel Rocard n’a pas à rougir de son parcours politique. Cet homme honnête et sincère peut s’enorgueillir de n’avoir aucune casserole et s’il a fait des erreurs, il a toujours été guidé par ses convictions. Mais c’est peut-être pour cela qu’il est un peu un homme politique « à part ».