Mettons un nom sur un visage

Les Anonymous, ces cybers protestataires du net qui s’insurgent face aux injustices du monde moderne. Leur force de frappe est considérable, des hackers de génie qui savent mettre à mal les sites internet des plus grandes institutions. Le FBI, Sony Pictures, Mastercard, etc. tous ont subi la vengeance des internautes masqués. Tel Parker Lewis, ils synchronisent leur montre pour planter massivement les pages web de leur cible. Une organisation minutieusement préparée à travers le monde.

Leur point commun, malgré une vie qui se transforme en calvaire car traqués par les forces de l’ordre, c’est ce fameux masque, un teint blanc sur lequel ressort une fine moustache noire et des pommettes rosées. Un symbole bien choisi qui suscite un je-ne-sais-quoi de mystérieux. Mais les Anonymous savent ils seulement qui était ce personnage ? Son histoire ? Sa vie, son œuvre ?

Tous d’abord mettons un nom sur ce visage, Guy Fawkes, telle était sa signature. Il était aussi connu son le pseudonyme de John Johnson, une appellation aussi banale que Jean Dupont. Le petit Guy naquit à York, d’un père nommé Edward et d’une mère prénommée Edith. La profession du paternel est assez flou, il se dit qu’il a été avocat à la cour ecclésiastique du comté, quant à sa mère, elle est issue d’une grande famille commerçante de la région.

Le jeune Guy est élevé dans la confession protestante à l’église royale Saint Peter. Durant ses cours de rhétorique, de dialectique et de grammaire, il y fait la rencontre d’hommes qui vont marquer son destin, les frères John et Peter Wright et le futur évêque de Durham, Thomas Morton.

A l’adolescence, on sait tous que le corps est en plein changement, le corps physique comme spirituel, sous la pression de ses tuteurs, Guy bifurque et se convertit au catholicisme. Son père, protestant et n’étant pas rancunier, lui céda ses biens. Des lègues que Guy se débarrassa pour suivre sa voie en Espagne où il s’enrôla comme soldat.

Il partit sur les fronts des Provinces Unies pour lutter contre les protestants, maniant les armes pour le roi espagnol Philippe. Il hispanise son prénom et le transforme en Guido. Durant les nombreuses guerres et sur les champs de batailles, il se spécialise dans les explosifs, un savoir-faire qui va lui être utile pour la suite de sa vie. De nombreuses histoires courent  à son sujet notamment sur le fait qu’il était sans le sou et vivait comme un indigent se battant pour de l’argent. Tuer pour survivre.

Dans la boue des Flandres, lors d’une opération remportées par les forces hispaniques, Guy fait la rencontre de Sir Stanley, un commandant des forces anglaise aux sympathies catholiques qui n’eut pas de mal à se rendre. Une entrevue qui allait sceller son futur.

La Conspiration des poudres, un énorme complot visant à éliminer le roi d’Angleterre, Jacques Ier et les députés des Chambres des Lords et des Communes, pour manifester contre la politique intolérante envers le protestantisme. Un projet suicide orchestré comme une ultime bafouille après que le royaume ibérique, criblé de dettes, ait coupé les subventions aux catholiques anglais. Un coup dur doublé par la conférence de Hampton Court en 1604 où Jacques Ier condamne les protestants.

L’attentat est à l’initiative de Robert Catesby qui rencontra Guy par le biais de Sir Stanley. Fawkes fut recruté pour son art des poudres. Les rebelles parviennent à louer une cave sous la Chambre des Lords où ils stockent 670 kilos d’explosifs. L’opération se tisse petit à petit et une lettre de menace est envoyée au Baron Montgeale, une énorme erreur qui mit la puce à l’oreille du noble, de ce fait il fit inspecter tous les recoins autour du Parlement. Il y a des jours comme ça où on devrait mieux ne pas se réveiller, c’est ce qui a dû trotter dans la tête de Guy ce 5 novembre 1605 quand il fut découvert juste au moment où il allait allumer la mèche. L’homme est emmené de force, torturé, et Dieu seul sait comment les humains sont ingénieux pour faire souffrir leur prochain,  sa langue se délie. Les noms tombent et parmi eux, les frères Wright. Les conspirateurs reçoivent tous la même sentence, la corde pour crime de lèse-majesté et de haute trahison.  Cependant Guy à la dent dure, la pendaison n’a pas raison de son insubordination, il se brise lui-même la nuque. Tous les ans, le 5 novembre, on célèbre sa mort, ce jour est communément appelé Guy Fawkes’s Day, les enfants font du porte à porte avec son effigie en disant « A penny for a Guy » et le soir tombée, dans le ciel étoilé, des feux d’artifice explosent répandant une odeur de soufre.

Voilà, nous en savons un peu plus sur cette étrange figure devenue un panache pour tous les révolutionnaires et les indignés de notre époque. Animés par un esprit de justice et de liberté, les Anonymous sont devenus une véritable force prête à mettre feu aux poudres. 

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