C’est avec un pincement au cœur et beaucoup de nostalgie que je vous adresse ce courrier fort particulier qui, je l’espère, parviendra à vous par le biais de notre outil de travail commun de l’ère appelé « Internet ».

Que vous dire à  cet instant précis si je ne vous explique pas la raison exacte qui me pousse à vous écrire aujourd’hui ? C’est tout simplement échanger avec vous sur l’avenir de nos enfants, quel que soit leur pays d’origine. Ces derniers, généralement, ne bénéficient plus de l’encadrement de leurs parents, comme ce fut le cas pour nous. Pas la moindre bibliothèque à la maison pourvue de livres de toutes sortes pouvant les aider à s’instruire, à s’occuper sainement, laissant leur éducation à la merci des émissions télévisuelles et de la rue. Dans les cybercafés, c’est eux qui sont à la une. Habillés souvent en jeunes filles, ils essaient d’arnaquer leurs différents correspondants. Ne pensons-nous pas que de la sorte, nous les préparons à la vie de délinquance à la fois dangereuse pour nos familles respectives et pour la société ?

Le niveau scolaire de nos enfants est si bas aujourd’hui que nous nous demandons si la cause réelle vient du système éducatif lui-même ou de la démission des parents ? Et même si certains d’entre nous prennent des répétiteurs pour corriger la base scolaire de leurs enfants, il se trouve que nous n’arrivions pas à honorer l’engagement pris auprès de ces derniers chaque fin du mois. Pourtant si les répétiteurs que nous prenons étaient mis dans les dispositions qu’il fallait, cela pouvait compenser notre manque de disponibilité vis-à-vis de nos enfants, l’avenir de nos pays respectifs. Nous devons nous dire qu’à partir du moment où nous sommes des pères de famille, nous sommes à la fois partagés entre notre femme et nos enfants. Par conséquent, nous devons faire en sorte d’être des modèles pour ces derniers. Nous devons de temps en temps, jeter des coups d’œil dans leurs différents devoirs pour voir leurs carences, échanger avec eux afin de savoir ce qu’ils pensent réellement dans leur for intérieur. Peut-être ont-ils besoin de quelque chose qu’ils ont du mal à nous exprimer ? J’ai souvent surpris des enfants dans les services de traitement de texte en train de falsifier le montant de leur reçu scolaire afin de pouvoir  soutirer d’une manière malveillante de l’argent à leurs parents. Lorsque c’est le cas, j’essaie de leur déconseiller cela, en leur disant que s’ils ont réellement des problèmes financiers, qu’ils leur en parlent au lieu de passer par ces méthodes avilissantes. 

            Certains d’entre nous ne tiennent pas une comptabilité familiale. Mensuellement, nous devons dégager une somme à la fois pour la popote, les imprévus et la banque. Se fier chaque fois au salaire mensuel qui doit forcément tomber et ne pas faire une prévention par rapport à cela, c’est comme si vous recommencez votre vie professionnelle à zéro. Dans les mois à venir, essayez de vous réorganiser et vous verrez que cela ne vous fera que du bien.

            Chères familles africaines, c’était ma préoccupation du moment que j’ai voulu partager avec vous.

        

Constant Ory

Ecrivain.