Ce n`est un secret pour personne que depuis des mois, depuis en fait la publication du livre-pamphlet de Irène Frachon concernant l`utilisation du Médiator, produit issu des laboratoires Servier, ces derniers sont dans la tourmente médiatique.
30 années durant lesquels un produit a été administré avec la bénédiction de médecins, de professeurs et de politiques.
Peu m`importe dans l`instant que le Médiator ait été mal utilisé, ceci est un autre débat et ne relève pas de ma présente plume. Ce qui m`importe c`est le comportement des politiques et systèmes en matière de santé publique. Des décennies durant lesquelles il y a eu collusion dans un système de santé publique et dont les laboratoires, en France, et Servier présentement en particulier ne servent qu`à déresponsabiliser les élus et autres autorités politiques et multiples commissions supposées surveiller et garantir notre santé.
Personne n`a oublié l`affaire du sang contaminé et le fameux « responsable, mais pas coupable ». Qui était coupable, le directeur du Centre de Transfusion ou le ministre d`alors qui n`a pas signé suffisamment tôt l`ordre du chauffage des produits alors qu`il avait été averti ? Personne n`a oublié l`incompétence du ministère lors de la canicule 2003. Les exemples foisonnent.
A chaque occasion, le politique ou les politiques, les directeurs de missions mettent en avant qu`il n`était pas possible de savoir, que les liaisons de communications ne fonctionnent pas, que c`est la faute de tel laboratoire, de tel médecin, de tel….. on se fout de nous !
A-t-on entendu une seule fois ceux que nous avons élus assumer leur fonction, leurs émoluments, leur titre, leur obligation face aux citoyens.
Non, comme toujours on cherche d`abord et surtout un bouc-émissaire, qui lui, même s`il avait commis une erreur et erreur éventuelle de bonne foi, va devoir payer pour que les tenants des pouvoirs en place (quelque soit leur étiquette) ne soient pas inquiétés.
Le politique est-il à ce point dénué de toute conscience que non content de ne pas assumer ses propres erreurs, il va jeter l`alla lie contre des subalternes ou des tiers ?
Que dire du patient toujours plus exigeant sur des produits dont il ne cherche le résultat qu`à court terme sans se soucier de ses éventuelles répercussions à long terme. Qui est responsable, là? Servier qui a créé le Médiator, ou les milliers de patients qui ont exigé ce médicament pour maigrir au lieu de s`astreindre à une nouvelle hygiène de vie ?
En regardant les événements sous cet angle, on est en droit en effet de se demander si Servier peut être coupable ou responsable de quoi que ce soit d`autre que d`avoir créé une molécule. Ce n`est pas Servier qui prescrit le Médiator en signant les ordonnances, ce sont les médecins.
Ce n`est pas Servier qui a contraint les patients à le détourner de son objet, mais les patients eux-mêmes.
Aussi, la presse toujours avide de scoops ne s`est pas privée de sauter sur l`occasion pour s`attaquer à un laboratoire, représentation psychanalytique de la puissance financière, de la réussite et d`un pouvoir (le médicament pouvant par définition avoir droit de vie ou de mort sur l`individu dans sa conception).
Rajoutez au milieu, des médecins en mal de sensationnels, qui viennent larmoyer qu`on ne les écoute pas et vont tenter leur reconversion en librairie et voilà tout le cocktail réuni pour, une fois de plus, éviter de traiter le problème de fond en ne parlant que de la forme. On se demande aussi si certains journalistes ont une réelle déontologie.
Si la Justice devait être impartiale c`est ce qu`elle démontrerait dans son rendu à venir et ceux qui devront payer alors, ne sera pas le laboratoire, mais seront les prescripteurs, les directeurs et les anciens ministres.
A quoi sert l`AMM et l`AFSAP sans cela ? Sans même parler des ministres de la santé.
Eux sont responsables, c`est certain et coupables peut-être aussi.
Véronique Lafitte